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photo Opus 111 - Tous droits réservés
Joseph Haydn

L'Isola Disabitata

Azione teatrale in due parte. 1779. XXVIII :9. Libretto di Pietro Metastasio.

Avec Katharina Kammerloher (Costanza), 
Anke Herrmann (Silvia), 
Robert Lee (Gernando), 
Furio Zanasi (Enrico)

Academia Montis Regalis
Alessandro de Marchi, direction

2 CD Opus 111 OP 30319. TT : 81'30

Enregistré en mai 2000 à l'Istituto di Musica Antica Academia Montis Regalis, Mondovì.

Texte d'accompagnement instructif. Livret original en italien 
avec traductionsallemande, anglaise et française.



Une île où accoster






Le thème de l'île déserte fut de tout temps un sujet populaire auprès des librettistes - et Métastase ne fit pas exception à la règle, en y situant son Isola Disabitata, qui à l'instar de son Titus inspira nombre de compositeurs, parmi lesquels Jommelli, Traetta, Spontini, Paisiello... et Joseph Haydn, qui le mit en musique en 1779 pour Esterhaza.

L'argument ? Costanza et sa jeune soeur Silvia sont les uniques habitantes d'une petite île où elles avaient accosté, treize ans avant que ne débute l'action, avec Gernando, époux de la première, mystérieusement disparu depuis... Persuadée d'avoir été abandonnée là par un mari ingrat, Costanza a élevé sa soeur dans la haine et la défiance des hommes. Arrivent Gernando, enfin sorti de l'esclavage - car s'il avait laissé Costanza et Silvia sur cette île, ce n'était point par abandon, mais tout simplement... parce qu'il avait été enlevé par des pirates, comme vous l'aviez bien sûr deviné! -, escorté de son compagnon d'infortune Enrico, à la recherche de Costanza et de Silvia... On vous passe les détails, tout sera bien qui finira bien, Costanza retrouvera son cher époux et Silvia apprendra à connaître - et à apprécier - les hommes en tombant dans les bras d'Enrico, et tout ce beau monde quittera l'île sur un charmant quatuor final.

Sur ce sujet à la fois bien mince et pas piqué des hannetons, Haydn composa une oeuvre courte (pas même une heure et demie de musique) et pour le moins déroutante, s'écartant autant que possible de l'opera seria, et où le recitativo secco et l'aria da capo (tripartite et virtuose) se trouvent supplantés par le recitativo accompagnato (bien plus dramatique) et des arias bipartites (la seconde partie étant une reprise variée de la première) dans l'ensemble fort expressives mais peu brillantes. Le résultat n'en est pas moins agréable, les lamentations et émois des différents personnages sachant toujours trouver, avec une grande simplicité, un chemin jusqu'à notre sensibilité.

Mais cela aurait pu être affreusement ennuyeux, si cette île déserte n'avait été habitée par l'Academia Montis Regalis d'Alessandro de Marchi. Disciple, si l'on en croit sa notice biographique, de René Jacobs, il semble avoir hérité de son auguste mentor un sens du rythme et de la respiration dramatique, faisant de son orchestre le décor de cette "action théâtrale" et accompagnant élégammant ses solistes, le tout avec une belle énergie.

Côté chanteurs, ce n'est pas tant les prestations individuelles que les qualités de l'ensemble que l'on retiendra  - la distribution ici réunie a l'atout de se montrer parfaitement équilibrée, chacun composant un personnage sympathique et assez touchant.

Une bien jolie île donc que cette Isola Disabitata, à arpenter avec curiosité et plaisir - et en ce qui me concerne, j'attends à présent le capitaine de Marchi au tournant d'équipées plus épiques...
 
  


Mathilde Bouhon

 




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