Hommage à Domenico Cimarosa
(17-12-1749 - 11-01-1801)

Yonel Buldrini

En commémoration du bicentenaire de sa disparition

« Cimarosa met toujours sa statue sur la scène et le piédestal dans l’orchestre,
alors que Mozart place la statue dans l’orchestre et le piédestal sur la scène. »
(Réponse de Grétry à Napoléon,
lui demandant la différence
entre les deux compositeurs).

 

 

VI. Finale ultimo : Cimarosa, l'Homme, et son style.

...D’ailleurs, de lui-même on a peu de renseignements et les portraits de Cimarosa qui nous sont parvenus révèlent un homme plutôt fort, avec un visage aux traits plutôt empâtés mais à l’expression avenante et sympathique. Son caractère correspondait en tout point avec sa musique si joyeuse mais fine, malicieuse mais élégante et pondérée. Tel était Domenico, alliant, de plus, à l’humour, la rare qualité de s’avoir s’arrêter avant d’aller trop loin et de blesser son interlocuteur. Un homme idéalement modéré, donc !

...et qui nous regarde du haut de ses soixante-trois opéras : quinze sérieux seulement, pour quarante-huit d’esprit comique ! Cet héritage ne nous explique pas seulement la moitié du XVIIIème siècle et l’école napolitaine, il nous donne un maillon de plus dans cette merveilleuse chaîne liant le siècle baroque au siècle romantique. On présente souvent Rossini comme celui qui a fait table rase du XVIIIe pour fonder l’opéra italien dans son dernier âge d’or, conduisant du romantisme à la « Giovane Scuola italiana », (également désignée sous la commode étiquette de « Vérisme »), mais ce fut également le résultat d’une évolution dont on commence à prendre conscience, depuis que l’on rejoue ces opéras tombés dans l’oubli. Leurs auteurs se nomment Spontini et Cherubini (même si ces derniers furent également « charnières » de l’opéra français !), Nicola Manfroce, prématurément disparu, après avoir à peine dit ce qu’il avait à dire avec sa saisissante Ecuba , Giovanni Paisiello, donnant avec Nina, pazza per amore l’aïeule des héroïnes devenant folles, Giovanni Simone Mayr, avec Medea in Corinto, La Rosa bianca e la rosa rossa... et Domenico Cimarosa dont Gli Orazi e i Curiazi servent parfois de pré-écho à Rossini !

Le glorieux Teatro di San Carlo de Naples vient de reprendre Il Marito disperato mais d’autres théâtres vont-ils également fêter dignement le grand compositeur napolitain ? dont Stendhal disait, en citant deux passages de Il Matrimonio segreto : « Ces chants sont les plus beaux qu’il ait été donné à l’âme humaine de concevoir ».

 

 

Quant aux « passionnés curieux », ils peuvent regarder (ou « écouter » !) sourire Domenico Cimarosa, dans le miroir de la quinzaine d’opéras disponibles en enregistrements.... et dont la liste termine ce long article !

 

En guise de repères, rappelons que le premier opéra de Cimarosa remonte à l’année 1772 et son dernier à 1799. Cela a son intérêt car l’évolution frappant déjà Stendhal peut sensibiliser un auditeur moderne. Dans Rome, Naples et Florence, il commente ainsi le style de Cimarosa : « il fut au plus haut point de sa gloire vers 1780 ; depuis, il change de nature, la symphonie empiète et le chant diminue ». Cette évolution n’est évidemment pas brutale et pourtant, on peut sentir une différence entre Le Trame deluse (1786) et Il Fanatico burlato (1787). Alors que la première oeuvre est toute fraîcheur d’invention mélodique, la seconde penche déjà vers un symphonisme plus « bavard », principal reproche fait à l’orchestration des opéras de cette fin du XVIIIe siècle.

On sent vers lequel des deux genres vont les sympathies de Stendhal qui, dans sa Vie de Rossini , cite également le trait d’humour d’un mystérieux « cavaliere M. », non sans rappeler que le chevalier énonce ces paroles « avec cette mesure parfaite qui le caractérise ». Voici la savoureuse métaphore filée du chevalier : « Gli accompagnamenti tedeschi non sono guardie d’onore pel canto, ma gendarmi. » (les accompagnements allemands ne sont pas des gardes d’honneur pour le chant, mais des gendarmes). La traduction se passe de commentaire.

 

 

I Tre Amanti (1777) : CD Bongiovanni.

Armida immaginaria (1777) : CD Dynamic

L’Italiana in Londra (1779) : CD Bongiovanni.

Le Donne rivali (1780) : CD Bongiovanni.

Il Pittor parigino (1781) : CD Hungaroton

Giannina e Bernardone (1781) : Melodram, collec. «Capolavori del Settecento»

I Due Baroni di Roccazzurra (1783) : CD Bongiovanni.

Chi dell’altrui si veste, presto si spoglia (1783) : Nuova Era, coll. «Rediscovered Opera»

Il Marito disperato (1785) : Enregistrement privé RAI radiotelevisione italiana

Le Trame deluse (1786) : L.P. Voce

L’Impresario in angustie (1786) : L.P. Voce

Il Fanatico burlato (1787) : CD Agorà Musica

Il Matrimonio segreto (1792) : CD Cetra, Emi, DGG......

Amor rende sagace (1793) : CD Bongiovanni.

Le Astuzie femminili (1794) : CD Fonit-Cetra, coll. «Italia»

Gli Orazi e i Curiazi (1796) : CD Memories ; Bongiovanni.

Il Maestro di cappella (?1786-1793) : CD Scena musicale svizzera et différents L.P.

 

 

Un espoir, en guise de salutation finale au Maestro Domenico Cimarosa... ce sera le souhait que d’autres enregistrements existent, augmentant passionnément cette modeste liste !