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        Straniera ou le délire d'une reine... et d'un public ! " La "filosofia" di Bellini "
 ou
 Comment la nouveauté de sa musique dérouta critiques et 
        théoriciens
 de l'opéra de son époque
 
 
 C'est 
        alors qu'un choix crucial s'offre à Bellini, auquel l'impresario 
        Barbaja propose un contrat alternatif, pour ainsi dire. Composer pour 
        le San Carlo et donc pour Rubini, la Tosi, Lablache ou Tamburini ; ou 
        alors pour la Scala, qui s'était assurée la Méric-Lalande, 
        Lablache ou Tamburini, et le ténor Winter. Milan représentait 
        le risque de proposer une nouveauté à un public non revenu 
        du septième ciel où l'avait élevé Il Pirata 
        !... d'autre part, le ténor Winter déplaisait fortement 
        aux Milanais et se trouvait ouvertement partisan du clan Pacini. Écrire 
        pour Naples était autrement délicat, car le même clan 
        favorable à Giovanni Pacini avait tenté d'y faire tomber 
        Il Pirata ! A Naples vivait le fidèle Francesco Florimo 
        qui devait être bien placé pour conjurer son Vincenzo de 
        n'accepter à aucun prix de composer pour cette ville... Bellini 
        opte donc pour Milan et le " cane ", comme il appelle Winter 
        (ou " chien ", terme italien réservé aux mauvais 
        chanteurs) et cela pourrait expliquer pourquoi l'opéra ne comporte 
        pas d'air pour le ténor. En fait, Bellini put s'assurer le concours 
        d'un autre ténor, Domenico Rejna, mais le rôle d'Arturo n'en 
        fut pas pour autant doté d'un air ! La distribution sera complétée 
        par Carolina Ungher, créatrice de la partie de soprano dans la 
        Neuvième Symphonie de Beethoven et destinée à 
        être une importante cantatrice de l'opéra romantique italien. 
        Le librettiste est à nouveau Felice Romani mais voici que ce dernier 
        tombe malade, ce sera l'occasion pour Bellini d'écrire à 
        quel point il tenait à son travail, concluant fermement : " 
        Romani pour moi est nécessaire. ".Conclusion édifiante mais n'impliquant pas forcément la 
        facilité de création : alors que Bellini et Romani travaillaient 
        ensemble à la conclusion de l'opéra, une Cabaletta finale 
        d'effet, voici que le compositeur s'arrête, non satisfait du texte. 
        Felice Romani en rédige un autre, laissant Bellini tout aussi insatisfait 
        ; Romani s'exécute à nouveau mais ce troisième texte 
        ne convient toujours pas... et le quatrième non plus ! Cette fois, 
        Romani piqué au vif, avoue ne pas comprendre ce que Bellini désire.... 
        " Ce que je veux ? s'exclame Bellini, mais je veux quelque chose 
        qui soit une prière et une imprécation, une résignation 
        et une protestation ; je veux quelque chose qui soit une menace et une 
        lamentation, un délire et une agonie ! " et voilà que 
        Bellini, tout à coup inspiré, s'élance vers le piano 
        et crée son air (!) sous le regard stupéfait de Romani... 
        qui se met rapidement à écrire !
 " Voilà ce que je veux ! dit Bellini ; as-tu compris à 
        présent ?
 - et en voici les paroles, répond un Romani rayonnant : crois-tu 
        que j'aie bien interprété ton idée ? " C'est 
        la superbe Cabaletta finale : "Or sei pago, o ciel tremendo" 
        : Bellini embrasse son "poeta" avec émotion : l'un était 
        digne de l'autre. Ce récit d'un certain Raffaele Colucci semble 
        aussi romantique que la manière de créer de Bellini, mais 
        il est bien possible que le compositeur ait un type de musique, de mélodie 
        dans la tête, dicté par la situation, et manque d'un texte 
        adéquat permettant de traduire la riche ambiguité de son 
        idée musicale, étant à la fois " une prière 
        et une imprécation, une résignation et une protestation 
        (...) une menace et une lamentation, un délire et une agonie ".
 Le tour de force de Romani est aussi louable, puisqu'il permet une extraordinaire 
        complémentarité : quelle meilleure adhésion obtenir, 
        que celle où les paroles sont écrites en fonction de la 
        musique !
 La musique, précisément : quelles sont les petites particularités 
        de ce nouvel opéra ? Eh bien, on a avec la partie de Valdeburgo, 
        l'une des premières écritures distinguant ce qui sera le 
        baryton moderne, de la basse plus légère à laquelle 
        il était assimilé. Autre nouveauté, le ténor, 
        couvrant pourtant un rôle de premier plan, n'a pas d'air ! Malgré 
        cela, le personnage est bien caractérisé, c'est dire l'efficacité 
        bellinienne, capable de faire ressortir les facettes d'un personnages 
        grâce à des Duetti ou simplement des Scene (récitatifs 
        plus expressifs). Le cas de personnages importants n'ayant pas de morceau 
        soliste existera encore chez Bellini, pour le ténor Orombello di 
        Ventimiglia dans Beatrice di Tenda , même si le personnage 
        résulte un peu fâlot. En revanche, fortement caractérisés 
        par Donizetti par exemple, seront le roi Enrico Ottavo dans Anna Bolena. 
        et le rôle titre de Belisario, bien qu'ils ne possèdent 
        pas d' "air".
 Il faut également remarquer une chose complètement inhabituelle 
        dans La Straniera naissante : non content d'observer la grande 
        vogue de l'Aria finale pour le personnage protagoniste, voilà que 
        Bellini termine son premier acte également par un air final ! Peut-être 
        fut-il poussé, conditionné par l'action qui fait culminer 
        à cet endroit le désespoir, jusqu'alors contenu, de l'héroïne 
        ?... Et ceci au nom de la doctrine bellinienne de composer une musique 
        adhérant le plus possible au texte ?..
 A ce propos, il faut parler des récitatifs qui, comme parfois la 
        musique, déroutèrent les critiques, embarrassés pour 
        les qualifier, au point d'hésiter, comme le journal milanais L'Eco, 
        entre les deux expressions : "déclamation chantée" 
        ou "chant déclamé" ! ! L'article mérite 
        la citation : " Le Signor Bellini cherche la nouveauté, et 
        en cela il mérite des louanges. Il a utilisé une méthode 
        dont nous ne savons pas bien s'il faut la nommer déclamation chantée 
        ou chant déclamé. Le but de cette méthode semble 
        être d'unir la force de la déclamation à la noblesse 
        du chant ; son danger pourrait être celui de confondre déclamation 
        et chant, et de produire de la monotonie, de la lenteur, une cassure et 
        une incertitude dans la cantilène et le manque de motifs qui charment 
        et demeurent dans l'oreille. ".
 Fort intéressante est la clairvoyance de cet article, véritablement 
        visionnaire de ce que sera l'opéra -et pas seulement l'opéra 
        italien- lorsque règnera la mélodie continue à la 
        Wagner... qui, si elle est valide chez le grand Tudesque, peut tomber 
        et vraiment engendrer " monotonie et lenteur " chez des compositeurs 
        décadents ou qui se cherchent... sans se trouver !
 La Gazzetta privilegiata di Milano trouve que Bellini conserve 
        " dans le chant la vérité des sentiments " au 
        point de de conclure que " Bellini a restauré la musique scénique, 
        et désormais, il en était temps. " Autrement dit, Bellini 
        jette un pont jusqu'à Monteverdi qui avec son fabuleux " recitar 
        cantando " (jouer, dire son texte en chantant) était plus 
        dramatique que ses successeurs scindant l'unité de l'opéra 
        en airs -si beaux soient-ils- et fastidieux récitatifs.
 La nouveauté 
        déroutante du style de Bellini peut encore se ressentir dans l'emploi, 
        inattendu aujourd'hui, du mot "philosophie", par le critique 
        de I Teatri : " cette philosophie constante chez Bellini dans 
        le fait de toujours suivre avec sa musique les phrases poétiques 
        et les situations. ". Friedrich Lippmann justifie efficacement cet 
        emploi du mot "filosofia" : " Pendant beaucoup de temps, 
        les Italiens honorèrent en Bellini quelque chose de plus que le 
        grand mélodiste. A leurs yeux, l'étroite cognition de mélos 
        et de texte, la consécutive identification entre musique et drame, 
        interprétaient les sentiments humains d'une façon totalement 
        nouvelle. Pour eux, l'adjectif "philosophique" ne fut pas trop 
        élevé. "L'importance de Rossini n'était pas en cause mais on ne pouvait 
        que constater et louer la tentative des jeunes compositeurs de se détacher 
        de l'ombre du grand prédécesseur au " canto fiorito 
        " (chant "fleuri" ou orné). Rossini avait déjà 
        fait un pas en rendant la virtuosité expressive, exacerbant les 
        sentiments des personnages, Bellini et Donizetti continueront dans cette 
        voie mais en diminuant de beaucoup les vocalises et ornementations et 
        faisant en sorte que la musique traduise plus immédiatement 
        les sentiments, tour à tour exprimés par les personnages.
 Un abonné du journal L'Eco écrivait ceci : " 
        Au nombre de deux sont aujourd'hui les opinions exagérées 
        sur les drames en musique. Pour certains, l'opéra n'est considéré 
        que comme une sorte de concert costumé dans lequel on prête 
        attention aux morceaux qui se distinguent le plus par les belles mélodies, 
        tandis que l'on prend des sorbets et que l'ont s'adonne au bavardage [...]. 
        D'autres ne s'occupent pas autant de la mélodie, il leur suffit 
        que l'auteur exprime servilement les sentiments du " poeta " 
        (le librettiste) et se conforme avec exactitude aux règles de l'harmonie 
        pour jouir, plutôt que de s'ennuyer avec une semblable production. 
        "
 Il poursuit en rappelant avec une pointe d'esprit, l'hésitation 
        de la critique entre les termes de déclamation chantée 
        ou de chant déclamé, et il choisit de l'appeler musica 
        drammatica (musique dramatique, au sens étymologique de " 
        drama " : déroulement d'une action) " qui ne serait rien 
        d'autre que l'expression vraie des vers et des situations donnés 
        par le poeta, lequel, cessant d'être l'homme de peine , serviteur 
        et fidèle du maestro (le compositeur), deviendrait son émule... 
        ". C'est un discours moderne ! Celui que Richard Strauss laissera 
        en suspens au bout des trois heures de son ultime opéra, Capriccio, 
        ne pouvant ou ne voulant opter pour la suprématie de l'une (la 
        musique) ou l'autre (le texte) !
 
 En fait de " sorbetti " et de bavardages, le soir de création 
        de La Straniera, le théâtre resta à ce point 
        silencieux que les journaux en furent frappés ! Sans atteindre 
        " l'anarchie " de l'époque baroque où Dieu sait 
        ce que faisaient les spectateurs pendant les " Arie di sorbetto ", 
        précisément ! (c'est-à-dire les airs des personnages 
        secondaires), un petit brouhaha continu emplissait toujours les théâtres 
        durant les représentations. Bellini et sa " modernità 
        " surent captiver les trois mille spectateurs du teatro alla Scala 
        !
 C'est d'ailleurs LE triomphe qui attend La Straniera, au détour 
        de ce 14 février 1829... et pour vingt-six représentations.
 Vincenzo est complètement dépassé par l'accueil des 
        Milanais, au point d'écrire à son parent : " Mon cher 
        Oncle, ma Straniera fut représentée samedi 14 courant, 
        et je ne trouve pas de termes pour vous décrire l'accueil, lequel 
        ne peut s'appeler fureur, s'élever aux étoiles, fanatisme, 
        enthousiasme, etc., non : je vous assure qu'aucun de ces termes ne 
        suffit pour exprimer le plaisir que provoqua toute la musique, laquelle 
        a fait crier tout le public comme un fou. Tous ont été stupéfaits 
        car ils croyaient que je ne pouvais pas faire un autre Pirata , 
        et d'avoir trouvé cette uvre bien supérieure les a 
        tous abasourdis de telle manière qu'ils m'ont fait sortir [devant 
        le rideau] deux fois au premier acte et cinq dans le second, chose jamais 
        vue au Teatro alla Scala... malgré tout, je n'abandonnerai pas 
        mon étude afin de ne pas reculer ; et si Dieu m'aide, j'espère 
        faire époque avec mon nom, lequel me semble bien s'affirmer dans 
        la carrière, où, par sa bonté, le public m'estime 
        comme un génie novateur et non plagiaire du génie dominateur 
        de Rossini. "
 Les biographes ne concordent pas sur le lieu de composition de La Straniera, 
        les Turina possédant plusieurs villas, dans la campagne lombarde 
        et sur l'une des rives amènes de l'enchanteur "Lago di Como" 
        (lac de Côme)... On n'en considère pas moins Giuditta Turina 
        comme la Muse inspiratrice de cette divine musique !... Qu'importe alors 
        que plusieurs plaques commémorent jalousement la naissance... simultanée 
        (!) de l'opéra !....
 Non épargnée par le phénomène d'évolution 
        du goût du public, La Straniera cessa d'être représentée, 
        pour ressurgir à notre époque moderne en 1935 (22 avril), 
        probablement pour fêter le centenaire de la disparition de son auteur. 
        Le Teatro alla Scala avait en l'occurrence fait appel à des grands 
        noms du moment : Gigna Cigna, Gianna Pederzini, Francesco Merli, Mario 
        Basiola et le Maestro Gino Marinuzzi. L'éclatante reprise du Teatro 
        Massimo de Palerme en 1968 fut portée à Venise, Rome, puis 
        au Festival d'Edimbourg et depuis, La Straniera connut une sorte 
        de relance, comme en témoignent les nombreux enregistrements sur 
        le vifs figurant dans la liste.
   Intrigue 
        et musique de La Straniera Felice Romani s'est 
        inspiré du roman L'Étrangère de Charles Prévost, 
        vicomte d'Arlincourt (1825). Ce dernier connut un beau succès avec 
        ses romans historiques à la manière de Walter Scott, comme 
        Le Solitaire, ayant inspiré bon nombre d'opéras italiens 
        de l'époque et considéré un instant par Bellini, 
        avant L'Étrangère, précisément.Comme dans le cas de Il Pirata, Romani a placé en tête 
        de son livret un " Avvertimento " plutôt utile à 
        la compréhension d'une histoire si mystérieuse. C'est précisément 
        pour des raisons de suspense (si on peut employer ce mot à propos 
        de l'action d'un opéra !) que de l' " Avvertimento " 
        nous ne dévoilerons rien... ou plutôt : presque rien, si 
        ce n'est un éclaircissement quant au lieu. Sachant que l'action 
        se déroule en Bretagne vers 1300, l'auditeur attentif ne peut qu'être 
        étonné de découvrir un nom résonnant aussi 
        peu breton que : " il castello di Montolino " ! L'explication 
        nous est donnée par Romani qui dans son avertissement cite le nom 
        original du lieu : le château de Karency.
 
 Acte 
        premier [1h.26mn.] Premier tableau 
        : L'atrium du château de Montolino, donnant sur un lac et 
        l'on aperçoit sur la rive opposée le village illuminé. 
        On célèbre une double fête au château, l'anniversaire 
        de la restitution de la Bretagne par les Anglais à "Filippo 
        Augusto" (!) et le prochain mariage de la fille du "Signore 
        di Montolino". Le lac est parsemé d'esquifs décorés 
        et illuminés.Preludio ed Introduzione. Pas d'ouverture pour cet opéra, 
        Bellini préfère la solution plus rapide et plus romantique 
        du prélude qui donne plus vite un ton, une atmosphère, et 
        plonge donc le spectateur d'amblée dans l'oeuvre. Des accords sombres 
        conduisent rapidement à une sorte de crescendo annonçant 
        quelque chose... [Coro] C'est le thème de la charmante barcarolle 
        que vont reprendre les ténors du choeur puis les soprani, puis 
        les basses. On est dès le début captivé par la simplicité, 
        et cette gentillesse : à la fois tendre et naïve, typiques 
        du style de Bellini. Les paroles célèbrent la douceur et 
        la sérénité du soir, propices à l'amour symbolisé 
        par l'imminent mariage de la fille du seigneur du lieu.
 Scena . Le baron di Valdeburgo (baryton) trouve Isoletta (mezzo-sop.) 
        triste alors que son mariage est pour le lendemain ! Puisqu'il est l'ami 
        de son promis, Arturo, elle peut lui dire la vérité : Arturo 
        a changé, il aime ailleurs ! Lorsqu'elle nomme " La Straniera 
        ", le baron s'écrie " Que dis-tu ? Cette inconnue / errante 
        et que tous fuient ".
 Duetto Isoletta-Valdeburgo. L'affirmation de Isoletta " Je 
        la vis " déclenche un Arioso accompagnant la description de 
        la mystérieuse femme lui apparaissant telle une image plus divine 
        que mortelle... Alors que son esquif s'évanouissait sur le lac, 
        une lamentation se répandit dans laquelle était prononcé 
        le nom de Arturo ! Le baron est ému [Cantabile -Da Capo coupé 
        à Palerme] de voir Isoletta si jeune dans la souffrance et il tente 
        de limiter l'éventuelle culpabilité d'Arturo. Isoletta ne 
        peut penser à autre chose qu'à la lamentation de la Straniera 
        : " Tout espoir t'est ravi / O toi qui es confiant en l'amour 
        ". Le choeur s'écrie brusquement : " La Straniera 
        ! " un crescendo à l'orchestre souligne la stupeur effrayée 
        de tous car la Straniera passe en effet, couverte d'un voile, sur sa barque 
        sombre... Le signor de Montolino (basse) accouru avec Osburgo (ténor), 
        confident de Arturo, et quelques gentilshommes, ne comprend pas la terreur 
        de sa fille. Celle-ci prend le baron à part [Stretta Duetto e Introduzione 
        -Da Capo coupé à Palerme] : lui, qui connaît sa douleur, 
        qu'il lui ramène " l'ingrat " ou qu'il l'aide alors à 
        supporter le poids de la douleur ! Il lui répond de cacher ses 
        larmes, espérant revenir avec des nouvelles positives ; sinon, 
        elle trouvera toujours en lui un coeur compatissant à sa douleur.
 Scena [Coupée à Palerme]. Le Signor di Montolino se révèle 
        moins confiant que Osburgo car Arturo semble mépriser à 
        la fois la fille et le père. Osburgo tente de le rassurer en lui 
        rappelant quel coeur agité et inquiet est Arturo ; mais il est 
        aussi le dernier descendant des princes bretons et ce mariage DOIT se 
        faire. Se révélant également intéressé, 
        Montolino dit se moquer de l'avenir si ce mariage a lieu : il lui donnera 
        la puissance et à Osburgo, la richesse. Ce dernier lui répète 
        d'avoir confiance : Arturo est dans ses filets.
 Deuxième 
        tableau : L'intérieur de la cabane habitée par la 
        Straniera.Preludio e Scena Arturo. Encore de sombres accords... puis la flûte 
        fait entendre sa plainte dans une mélodie délicate mais 
        un peu inquiète et d'ailleurs soutenue par des cordes tourmentées. 
        Arturo conte di Ravenstel (ténor) s'avance, se demandant s'il doit 
        rester ou partir... mais un cercle magique semble le faire prisonnier... 
        ah ! l'air qu'elle respire !.... s'il pouvait découvrir qui elle 
        est ! Il aperçoit un portrait : elle a sur les épaules un 
        riche manteau, une couronne de pierreries !... elle fut donc heureuse.... 
        - L'air que l'on pourrait attendre ne vient pas ! seul un passage cantabile, 
        soutenu par les halètements déjà verdiens de l'orchestre. 
        - Plus heureuse encore, elle serait si elle se confiait à l'amour 
        d'Arturo !... On entend au loin des accords de luth... (la harpe à 
        l'orchestre) puis une triste vocalise... Arturo s'écrie, extatique 
        : " C'est elle... Alaìde, o accents chéris ! ".
 Romanza Alaìde (" La Straniera "). Cette superbe 
        Romance en trois strophes (dont on coupe souvent la deuxième, comme 
        à Palerme !) présente le personnage principal, dans un saisissant 
        effet de rapprochement progressif, à chaque strophe. La triste 
        romance reprend le thème qui avait glacé Isoletta : malheureux 
        est celui qui croit en l'amour, la grandeur est une chimère, la 
        beauté est une fleur qui tombe, seules les larmes durent !
 La romance ne finit pas mais s'interrompt dramatiquement lorsque Alaìde 
        aperçoit Arturo.
 Scena e Duetto Arturo-Alaìde. La Scena devient vite Cantabile, 
        selon la nouvelle méthode d'accentuation dramatique de la musique 
        voulue par Bellini. Arturo, éperdu d'amour pourAlaìde, est 
        prêt à partager sa douleur, car un pouvoir secret le pousse 
        vers elle ! Alaìde se laisse aller à remarquer : " 
        Tenero cor! " (tendre coeur) mais elle se ressaisit : " Le ciel 
        a posé entre nous / une insurmontable barrière. " Elle 
        déclare ensuite être coupable... et Arturo lui demande alors 
        si elle est vraiment proscrite, errante... Elle le supplie de cesser de 
        l'outrager par ces paroles accusatrices...
 Arioso passionné : Arturo la prie de garder ses secrets 
        qu'il promet de respecter, mais lui interdire de l'aimer est vain : " 
        Tu es l'air que je respire, / tu es la lumière, le soleil que je 
        contemple... ". Ces sublimes paroles font mal à la malheureuse 
        Alaìde qui déclare son amour condamné sur la terre. 
        Elle ne peut l'associer à son destin hostile, il doit suivre le 
        sien... Ah! si elle pouvait elle-même l'effacer de son coeur ! Entendant 
        ces mots, Arturo est au comble du bonheur car il comprend qu'elle l'aime 
        ! Elle le supplie de partir mais il veut absolument faire son bonheur 
        : descendant de régnants, il peut lui proposer une couronne... 
        A ces mots, elle s'écrie : " Hélas, funeste, ah ! triste 
        poids ! / je veux mourir seule, ici. ".
 Largo. Arturo propose de l'accompagner, même dans un désert, 
        si elle veut fuir le monde !... Désolée, elle lui demande 
        de ne pas se leurrer, elle doit rester seule, souffrir seule !... Admirable 
        passage, mesuré, haletant, traduisant la souffrance contenue mais 
        intense, désespérée... la souffrance de celui qui 
        aime et se trouve prêt à tout... de celle qui ne peut se 
        laisser aimer... les deux voix s'unissent puisque les coeurs ne le peuvent 
        !... et là, c'est merveilleux, sublime : on sort de l'opéra, 
        de la vie même : Bellini a eu sa main guidée par la perfection 
        divine...
  On entend la musique 
        d'une chasse lointaine... et Alaìde rappelle à Arturo qu'on 
        fête le jour de ses noces ! Comme il ne veut pas partir elle se 
        désespère : " Et toujours à faire des malheureux 
        / serai-je damnée, ô ciel ? ". Stretta [Pas de da capo à P.]. Sur un rythme plus serré, 
        Alaìde donne son adieu à Arturo, un adieu désespéré, 
        déchirant mais définitif :
 " 
        Un ultime adieu,reçois, malheureux ;
 je ne peux pas plus;
 et à plus, tu n'as pas le droit :
 cache-moi ces larmes
 qui voilent tes yeux...
 tu dois prier,
 et non pleurer, pour moi. "
 La réponse de Arturo est tout aussi passionnée et déchirée 
        :
 " Pour celui qui t'a vue,
 pour celui qui t'a perdue,
 un poids est la vie,
 qu'on ne peut supporter "
 Il ne peut que répéter sa noble proposition de partager 
        son destin...
 " mon sort est le tien
 à la vie et à la mort,
 Ou submergé avec toi,
 ou sauvé avec toi. "
 Le rideau tombe sur 
        l'un des sommets de la partition. Troisième tableau : La forêt, à proximité 
        du château de Montolino ; on aperçoit un peu plus loin la 
        cabane de Alaìde.
 Scena e Coro. 
        On entend les traditionnelles sonneries de chasse. Osburgo et les chasseurs 
        entrent, à la poursuite d'un cerf. Lorsque nombre d'entre-eux s'est 
        dispersé, Osburgo prend à part les autres et constate que 
        ce lieu abrite la Straniera. Le moment de la punir et proche mais pour 
        le moment, il leur rappelle leur promesse. Ce sont des espions qui vont 
        tenter de découvrir avec quels artifices " elle " retient 
        Arturo. (Ils se dispersent). Il est amusant de constater le caractère 
        fonctionnel ou illustratif de la musique de ces " choeurs furtifs 
        " gentiment naïfs et typiques de l'opéra romantique italien, 
        de Bellini à Donizetti et Verdi !Scena. Les deux amis se rencontrent et le comte Arturo prie le baron di 
        Valdeburgo de l'aider : il apprécie les qualités de Isoletta... 
        mais il ne l'aime pas ! Le baron n'y croit pas, pour lui, Arturo aimait 
        vraiment Isoletta avant d'être subjugué par " une femme 
        indigne de [lui], proscrite, obscure / et infâme peut-être 
        ". Arturo lui demande de la voir avant de la juger... et puis s'il 
        estime qu'Arturo doit la fuir, il lui promet de le faire.
 Scena e Terzetto. La flûte et l'orchestre reprennent le thème 
        de sa Romance d'entrée... Alaìde pousse un cri en apercevant 
        le baron et tronque le nom qui allait lui sortir de la bouche : " 
        Agn.... ". Elle tombe avec émotion dans ses bras et Arturo 
        en conçoit un soupçon... Valdeburgo explique qu'ils ont 
        grandi ensemble ! Arturo en déduit qu'Alaìde est digne de 
        lui, puisqu'elle est proche de son noble ami.
 Au contraire, il doit plus que jamais la fuir, réplique le baron 
        ! Arturo est éperdu : a-t-elle commis une faute ? est-elle l'épouse 
        d'un autre ? qu'est-ce qui peut donc s'opposer à leur union ?? 
        le pauvre Arturo ne comprend plus ! Alaìde supplie Valdeburgo de 
        ne rien dire. Le soupçon renaît en Arturo : Valdeburgo.... 
        non, Alaìde confirme, il n'est pas son rival. Le baron entame le 
        bel andante très bellinien dans lequel il lui confirme son amitié 
        mais aussi la " Necessità fatale " lui interdisant d'aimer 
        Alaìde ! Arturo, ensuite, sur la même musique, exprime sa 
        douce mais douloureuse incompréhension. Alaìde chante à 
        son tour ce bel andante pour confirmer à Arturo qu'il n'a 
        pas de rival et pour le conjurer de s'éloigner : " Pour moi, 
        un désastre extrême / est ton funeste amour. " Arturo 
        tire l'épée mais Alaìde compte tellement pour lui 
        qu'il fond en l'entendant dire : " Ta vie, Arturo, m'appartient. 
        ". Il est disposé à tout, à tout, hormis la 
        quitter ! L'élégante Stretta voit Arturo qui cède 
        et demande même, le malheureux en est touchant, si sa frénésie 
        et si le tumulte de son coeur n'ont pas offensé Alaìde ! 
        Elle le rassure et promet de le revoir mais il doit se retirer à 
        présent... tandis que le baron adresse d'amers reproches à 
        son ami.
 Quatrième 
        tableau : Un lieu retiré où se trouve la cabane de 
        la Straniera, ombragée par quelques arbres. De face, des rochers 
        dominent le lac. Le ciel s'obscurcit peu à peu, sous la tempête 
        qui finira par éclater dans la dernière scène. Le 
        comte Arturo est plongé dans ses pensées.Scena e Coro. Après un prelude lourd, menaçant, avec 
        en dernier un thème plus léger mais mystérieux, à 
        la flûte, laisse la place au " doute atroce " qui ronge 
        le choeur de Arturo : il ne peut le chasser... là encore, on attendrait 
        un air du ténor mais l'économie bellinienne (ou son insatisfaction 
        du ténor prévu pour créer le rôle) nous le 
        refuse. La musique reprend le thème mystérieux (sur les 
        paroles : " Mauvais présage ! le ciel s'obscurcit ") 
        qui parcourt l'opéra et que l'on réentendra dans le finale, 
        tout proche. Osburgo et les chasseurs entrent et augmentent à dessein, 
        les soupçons du malheureux homme, en révélant l'imminente 
        fuite de Alaìde et de Valdeburgo. Ce très intéressant 
        passage est construit en chant serré, staccato, presque 
        haché par le choeur qui chuchote son venin, augmentant peu à 
        peu en intensité. Dans un fort beau contrepoint, on entend les 
        touchantes exclamations de Arturo, partagé entre le déchirement 
        produit par ses révélations et un faible désir de 
        punir les coupables... Peu de chefs réussissent ce passage, le 
        dirigeant linéairement et uniformément (Eve Queler), ou 
        pire, à toute allure, comme le pauvre Maurizio Arena. Exemplaire 
        est le résultat obtenu par Nino Sanzogno dans la version de référence, 
        du Teatro Massimo de Palerme.
 Finale Primo. a) Scena-Duettino Alaìde-Valdeburgo. Le thème 
        mystérieux se fait entendre à nouveau, alors que Alaìde 
        tente de retenir près d'elle le baron di Valdeburgo... leur paroles 
        prêtent évidemment à double sens et c'est ainsi que 
        les recueille Arturo, caché un peu plus loin. Il faut dire que 
        Romani a forcé le trait : de véritables amants ne se seraient 
        pas exprimés autrement ! et Bellini compose, en plus, de tendres 
        adieux... Enfin, l'orchestre suggère discrètement le thème 
        du choeur de la calomnie... b) Scena. Lorsque Valdeburgo a raccompagné 
        Alaìde à sa cabane, Arturo se montre, l'appelle " Leopoldo 
        ", comme il a entendu Alaìde le nommer... et le provoque ! 
        Le baron doit se défendre... il recule... Arturo le blesse, Valdeburgo 
        s'effondre et tombe dans le lac ! Alaìde sort avec une torche, 
        Arturo se vante avec ironie d'avoir tué son " trésor 
        " mais lorsque Alaìde s'écrie " Ah! mon frère... 
        ", Arturo, éperdu, s'écrie : " Qu'il te soit rendu 
        ou je mourrai aussi. " puis il s'élance vers la rive du lac 
        et s'y précipite ! Alaìde reste désemparée, 
        et tombe à genoux, pétrifiée, à l'endroit 
        où son frère vient d'être blessé.
 On entend des cris demandant de l'aide pour un homme tombé dans 
        le lac, les habitants des rives surviennent, ainsi que Osburgo et des 
        hommes en armes. Il relève Alaìde... mais tous ne voient 
        que "la Straniera" et le sang !... Osburgo se fait fort de recueillir 
        l'épée tachée de sang et la montre à Alaìde 
        qui la reconnaît et ne veut pas la voir !
 Alaide est hors d'elle et son désespoir l'accuse :
 " 
        Mon amour lui fut fatal...je l'ai tué, je l'ai perdu...
 le ciel n'a pas de peine pour moi. "
 et le choeur réplique :
 - Toi homicide !... ah! oui, tu l'es...
 La hache te punira. "
 Le tonnerre, les éclairs 
        et le vent lugubre se déchaînent ; Alaìde est délirante...Bellini renonce génialement à l'habituel ensemble concertant 
        final (la situation l'y poussant, faute de personnages solistes) au profit 
        d'un air de désespoir comme ceux qui finissaient les opéras 
        de cette époque.
 La didascalie note 
        : " Alaìde est délirante " !Plainte de la flûte - Silence.
 c) Aria finale. " Un grido io sento " (j'entends un cri). 
        Cette géniale Cabaletta alterne moderato assai et allegro 
        : la partie lente, posée, marque l'hallucination horrifiée 
        de Alaìde qui croit entendre le cri étouffé de celui 
        qui meurt et lui reproche un amour coupable... le rythme s'accélère 
        un peu (allegro) : que les vents s'unissent à ses lamentations, 
        qu'éclate le tonnerre accusateur !
 Retour au moderato déchiré : " Je l'ai perdu.../ 
        je l'ai voulu... il n'y a pas de pardon / à une telle faute. "
 Le choeur menace la pauvre Alaìde qui reprend Da capo, son 
        air. Puis à la fin, le choeur a une impressionnante phrase ascendante 
        surmontée par les cris de Alaìde et son suraigu qu'osent 
        parfois les grandes Alaìdes !
 On ne peut mieux conclure ce passage intense qu'en redonnant fidèlement 
        la didascalie originale : (La tempête est à son comble. 
        Osburgo et les soldats l'entourent et l'emmènent avec eux. Le rideau 
        tombe).
   Acte 
        second [1h.08mn.] Premier tableau 
        : La grande salle où se réunit le Tribunal des Hospitaliers 
        dont la juridiction comprend la province ; de face, une porte. Les juges 
        sont assis dans leurs tribunes et sur un siège plus élevé, 
        préside le Prieur. Sur un côté, face aux juges, se 
        trouvent Osburgo et les habitants du lieu, achetés par lui afin 
        de déposer contre la Straniera. Des gardes sont placés tout 
        autour de la salle. Scena. Deux accords des cordes puis un trémolo (économie 
        voulue par Bellini? négligence? le fait est curieux, d'autant que 
        l'intérieur de l'opéra ne manque pas de petits préludes 
        !) introduisent la déclaration du Prieur (basse). Il demande à 
        Osburgo s'il soutiendra devant elle, les accusations qu'il vient de formuler 
        ici. Osburgo est sûr de lui et de ce qu'il a vu et qui a été 
        vu par tous les présents. Le prieur fait appeler l'accusée 
        tandis que Osburgo, à part, se conforte : Arturo ne pourra rien 
        démentir car il est prisonnier de ceux qui, également achetés 
        par Osburgo, l'ont tiré du lac ! Alaìde fait son entrée, 
        couverte d'un grand voile et avec un maintien à la fois noble et 
        modeste. Le prieur l'observe, comme frappé de quelque souvenir... 
        A la question " Qui es-tu ? ", elle répond évidemment 
        : " La Straniera. ", précisant que c'est le nom que lui 
        a donné le malheur, effaçant à jamais celui qu'elle 
        portait aux jours heureux. Le prieur est frappé par la voix et 
        les paroles d'Alaìde mais il lui montre que son état hagard, 
        ses paroles mêmes et le mystère dans lequel elle se drape, 
        sont autant de circonstances contre elle. Elle se dit innocente et n'a 
        rien vu du meurtre du baron di Valdeburgo. Elle refuse d'expliquer pourquoi 
        elle clamait avoir été funeste à celui qu'elle aimait, 
        c'est son secret !...
 Le choeur lui demande si elle ne peut rien produire pour sa défense... 
        car la mort est suspendue sur sa tête !
 " La mort tombera sur la mienne. " s'écrie le comte Arturo, 
        éperdu, en faisant irruption dans la salle ! Il se déclare 
        coupable et fait taire le traître Osburgo qui tente encore de faire 
        croire qu'il délire ! Le comte explique qu'il croyait voir un rival 
        en Valdeburgo et le prieur interroge alors la Straniera qui reste muette... 
        il annonce finalement qu'elle n'est pas disculpée pour autant et 
        le choeur ajoute que la hache peut les frapper tous les deux !
 A la surprise générale, un homme pâle se présente, 
        enveloppé dans un manteau blanc... il Barone di Valdeburgo ! !
 Cantabile Valdeburgo. Il demande la libération des deux 
        autres car il est tombé en combat singulier avec le comte. Tous 
        croient à un prodige : un fontôme ! Valdeburgo est obligé 
        d'expliquer : - crescendo à l'orchestre - " Je respire l'air 
        vital : / au milieu des du lac / un Dieu m'a secouru ". (On n'en 
        sait pas tellement plus après cette explication laconique mais 
        il faut nous en contenter!). Alaìde se jette dans ses bras et Arturo 
        s'avance, mais Valdeburgo l'arrête de ces mots teribles : " 
        A me straniero or sei. " (tu es à présent pour moi, 
        un étranger). Ni reproche ni vengeance, mais une délicieuse 
        Cabaletta à la déjà irrésistible et 
        charmante introduction à la flûte. Oh thème plaintif 
        si bellinien !... on en oublie les paroles !... Elles sont d'ailleurs 
        toutes consacrées à la malheureuse Alaìde, qu'il 
        va guider en un lieu où elle pourra cacher ses larmes. Avant la 
        répétition ou Da Capo, le choeur objecte qu'elle 
        ne peut partir " incognita "... elle soulève alors son 
        voile et se montre au seul prieur qui pousse une exclamation mais Alaìde 
        lui dit de se taire. Le prieur déclare qu'elle peut partir... et 
        lui demande de leur pardonner ! Le choeur remarque la confusion et l'émotion 
        du prieur. On entend à nouveau avec délices la miraculeuse 
        flûte répèter une partie de l'introduction pour suggérer 
        le Da Capo de la Cabaletta de Valdeburgo. Dans les cadences finales, 
        il ajoute qu'elle pardonne et leur donne un ultime adieu. Arturo ne peut 
        rien faire, les autres se demandent qui elle peut bien être. Le 
        choeur qui avait entouré Valdeburgo et Alaìde s'écarte 
        respectueusement.
 La charge orchestrale qui termine la Cabaletta demande toute une explication. 
        Elle appartient à ce genre de morceaux "guillerets" qu'affectionnait 
        le romantisme, les utilisant même dans une situation dramatique. 
        Un bon exemple existe en l'ouverture de I Capuleti e I Montecchi 
        du même Bellini, ou dans les belles ouvertures de Fausta 
        ou de Belisario, de Donizetti, ou encore dans la Saffo de 
        Giovanni Pacini... L'auditeur moderne jugeant ces morceaux enjoués, 
        déplacés dans de telles situations, doit mieux comprendre 
        l'esthétique romantique n'opposant pas drame et un certain 
        panache. C'est ainsi que bien des Cabalette "d'adieu du ténor" 
        sont dotées d'une sorte d'allant désespéré 
        mais élégant !
 Scena. Les représentations coupent souvent ce passage, préférant 
        faire tomber le rideau sur l'émouvante Cabaletta de Valdeburgo, 
        concluant un tableau riche en coups de théâtre. Le prieur 
        s'adresse avec sévérité à Osburgo : s'il doit 
        laisser impuni son délit à cause d'une " puissante 
        raison ", il ne le pardonne pas pour autant ! Loin de se laisser 
        démonter, Osburgo déclare que s'il est coupable de quelque 
        chose, c'est d'un excès de zèle ! Le prieur repousse ses 
        excuses et l'avertit que ses pas sont surveillés. Osburgo part 
        avec les gens du peuple. La musique conduit peu à peu au prélude 
        du tableau suivant .
 (Le texte continue dans le livret, probablement délaissé 
        par Bellini. Le prieur déclare aux juges et aux nobles qu'il ne 
        leur dira rien concernant le mystère mais que la Straniera est 
        lavée de tout soupçon et qu'il n'est pas sur terre, une 
        femme aussi exempte de faute).
 Deuxième 
        tableau : La forêt de Montolino, où l'on aperçoit 
        la cabane de la Straniera (comme au troisième tableau du premier 
        acte).Scena e Duetto Arturo-Valdeburgo. L'orchestre fait entendre le 
        thème sombre et mystérieux qui parcourait le Finale I, puis 
        entame une musique d'attente anxieuse, tourmentée... malgré 
        l'adjonction de la flûte... et en effet, le comte Arturo entre, 
        fort préoccupé... La Straniera et Valdeburgo sont encore 
        là... mais comment avoir le front de se présenter devant 
        l'ami qu'il a blessé ?!... Eh bien, il le laissera se venger à 
        sa guise, du moment qu'il voie ses larmes ! (ô romantisme!). Valdeburgo 
        est stupéfait : qu'est-ce qui peut conduire Arturo à lui 
        ?! Celui-ci répond avec encore tant de romantisme, qu'on ne peut 
        que citer ses paroles passionnées, et sans même le besoin 
        de les traduire : " "Dolor, rimorso / vergogna, amor," 
        tous les sentiments / qui déchirent le plus un coeur. " Valdeburgo 
        le repousse car du sang les sépare... Arturo lui demande alors 
        de le tuer !... Le baron s'enquiert tout de même de ce que désire 
        Arturo : son pardon, celui d'Alaìde ! Valdeburgo donne le sien 
        mais celui d'Alaìde ne lui sera accordé que... au ciel ! 
        Arturo veut l'implorer mais Valdeburgo s'y oppose, Arturo demande qui 
        pourrait bien le lui interdire... Valdeburgo explique l'état de 
        faiblesse d'Alaìde qui gît, presque privée de sens... 
        à ces mots, Arturo ne se contient plus : " laisse-moi passer...je 
        suis furieux, insensé... ". a) Arioso (Allegro giusto). 
        Valdeburgo lui dit de reprendre l'épée, puisqu'il connaît 
        le chemin jusqu'à sa poitrine ! Arturo ne le veut pas, bien sûr, 
        son amour le rend fou, désespéré ! Il supplie Valdeburgo 
        qui finit par dire que paraître devant elle, c'est la tuer ! Le 
        supplice d'Arturo est à son comble. b) Andante mosso. 
        Grave, Valdeburgo lui rappelle qu'il a ravi le repos à une malheureuse, 
        trompé une innocente, transpercé un ami... Le pauvre Arturo 
        est hors de lui : " Ah! tu ne connais pas, d'un coeur ardent / le 
        délire torturant... / mon esprit est obsurci, / pour moi le ciel 
        est ténébreux... / je ne vois d'autre lumière / que 
        Alaìde devant moi. / Ah! mourir, je désire mourir / si elle 
        n'est plus mon guide. " (Reprise Arioso [coupée à Palerme]) 
        Valdeburgo finit par révéler le souhait d'Alaìde, 
        ce qui lui redonnera la tranquillité, la consolation : Arturo doit 
        retourner à Isoletta ! il accepte : " Mon coeur s'immolera. 
        ", puisque cela va faire vivre Alaìde... mais au moins, qu'un 
        regard d'elle vienne l'encourager !...
 S'il promet de lui obéir, elle viendra le voir, ajoute Valdeburgo.
 c) Stretta finale (Pas de Da Capo à Palerme) Allegro 
        moderato. Valdeburgo lance une Stretta plutôt "standard", 
        se voulant réconfortante pour le malheureux Arturo. Qu'il sèche 
        ses larmes et mérite le pardon et la paix en allant chercher devant 
        l'autel, le courage qu'il n'a pas ! Son coeur régénéré 
        accueillera de nouveaux sentiments et " Le souvenir du passé 
        / disparaîtra comme un rêve. " Arturo répond sur 
        le même ton mais le sens est opposé : " le souvenir 
        du passé / ne pourra mourir qu'avec moi. "
 Il est fort dommage de couper le Da Capo car au lieu d'effectuer 
        une banale reprise, Bellini s'attarde, avant celle-ci, sur la répétition 
        des deux vers opposés et mis en valeur par l'accompagnement léger 
        mais amer... et ce vers d'Arturo va sceller son destin.
 Troisième 
        tableau : Une petite pièce dans les appartements de Isoletta. 
        Elle est vêtue modestement et semble profondément affligée 
        . Preludio. Un 
        charmant prélude avec " flauto obbligato " nous donne 
        le thème de la mélancolique Cavatina que Isoletta chantera 
        après la Scena.Scena ed Aria Isoletta. Ne voyant personne revenir, Isoletta est 
        en proie à une " cruelle, / douloureuse incertitude ". 
        Une réalité s'impose pourtant à elle : Arturo l'a 
        abandonnée... et c'est le jour de ses noces ! Elle regarde le portrait 
        donné par lui, qu'elle porte sur sa poitrine et la flûte 
        plaintive fait écho à ses soupirs. [Cavatina] elle 
        le contemple avec une triste tendresse : " Ah ! si non m'ami più 
        " : " Si tu ne m'aimes plus, / pourquoi ton sourire / si doux 
        encore / semble me parler d'amour? ". La seconde strophe de la Cavatina 
        comporte une intéressante particularité, la flûte 
        tissant parallèlement au chant, un lumineux et fort gracieux contrepoint 
        : " rends-moi au moins mon coeur, / mon coeur que tu ravis / de ma 
        poitrine ". Elle se ressaisit : à qui parle-t-elle ? Arturo 
        est loin !... [Scena e Cabaletta] ses suivantes entrent avec animation, 
        accompagnées par une phrase montante de l'orchestre et annoncent 
        le retour d'un Arturo repentant et désireux de la conduire à 
        l'autel ! Isoletta exulte, reconnaissant sa douleur fortunée si 
        en voilà le prix : " A mes yeux, un voile rose / revêt 
        le ciel / la terre se couvre de fleurs ; / l'amour colore toute chose 
        / de la joie de mon coeur ". Les suivantes l'invitent joyeusement 
        à orner sa chevelure et sa poitrine de joyaux avant d'aller vers 
        l'autel où l'attend l'amour.
 Le rideau tombe.
 Quatrième 
        tableau : L'atrium de l'église des Hospitaliers, occupé 
        par le cortège nuptial.Coro generale. Le caractère solennel du morceau, noté 
        Allegro maestoso, transparaît clairement dans cette marche 
        à la fois grave et un peu naïve comme le veut le romantisme. 
        Dames et gentilshommes alternent puis unissent leurs voeux en faveur d'Isoletta 
        di Montolino et du comte Arturo di Ravenstel. Scena. Celui-ci cherche 
        Valdeburgo du regard et le baron sort de la foule pour lui dire : " 
        (Courage : elle te voit.) " et en effet, une femme toute voilée 
        se dissimule derrière les statues de l'atrium. Isoletta reproche 
        à Arturo de ne pas faire attention à elle... et d'ailleurs, 
        lorsque le prieur se présente à la grande porte pour chercher 
        les fiancés, Arturo prétexte de vouloir entrer, avec Isoletta, 
        les derniers, quand tout sera prêt... Le signor di Montolino consent 
        et se retire dans l'église. La scène qui suit est intense 
        car c'est le moment le plus douloureux pour Arturo qui doit se sacrifier 
        et Bellini fait juste souligner par l'orchestre, les exclamations dictées 
        par l'esprit torturé du personnage.
 Isoletta s'en rend compte et d'ailleurs Arturo ne dissimule pas : " 
        ...tel un homme dément, / je ne me connais plus moi-même... 
        Ah! ce que je souffre, / l'esprit humain ne peut l'imaginer. ". Il 
        donne pourtant sa main à sa fiancée : " Serre-la désormais... 
        hâte-toi avant qu'elle ne te soit enlevée " mais Isoletta 
        : " Elle est froide.../ froide comme ton coeur... ". Valdeburgo 
        la soutient mais elle comprend qu'elle ne fut jamais aimée et le 
        reproche à Arturo : il pouvait être franc, ne pas simuler 
        et l'entretenir dans l'illusion. La conclusion de Isoletta : " non 
        sono amata ! " lance le quatuor suivant.
 Quartetto. On cherchera en vain cet efficace et même intéressant 
        Quatuor dans la version de Palerme qui coupe cette cristallisation concertante 
        des douleurs de chacun. En effet, si Valdeburgo rappelle ses serments 
        à Arturo, les trois autres modulent et varient autours des vers 
        éloquents : " Quelle sera la douleur qui tue, / si je résiste 
        à ma douleur ! ". Après un début a cappella, 
        et très en contrepoint, les voix s'unissent et atteignent à 
        cette hauteur bellinienne bien connue et que l'on retrouvera notamment 
        dans I Capuleti e i Montecchi.
 Isoletta ne résiste plus et dans un bref Arioso désespéré 
        elle dit ne pas vouloir le malheur de son fiancé : " A ma 
        souffrance je mesure la tienne... tu es libre... " ce disant, elle 
        arrache ses ornements nuptiaux !... mais quelqu'un s'avance et les recueille 
        !... Isoletta demande qui se préoccupe ainsi d'elle et l'autre 
        laisse tomber son voile, déclarant : " La Straniera ! ".
 Isoletta est attérée...
 Sans laisser Isoletta ni Arturo réaliser, Alaìde les prend 
        par la main et les entraîne dans l'église... (le baron les 
        suit).
 Scena ed Aria finale Alaìde. a) Scena. L'orchestre vrombit... 
        se calme... silence... Alaìde revient, " tremblante, agitée 
        et presque hors d'elle-même. " note la didascalie ! Le 
        sentiment de l'accompli, du définitif doit à présent 
        être assumé par la malheureuse Alaìde. Quatre vers 
        suffisent à Bellini et à Romani pour transmettre le désespoir 
        du personnage !
 " Ils sont à l'autel... Un terrible barrière
 surgit entre nous... et moi-même je l'élevai !
 Je ne vois plus... je suis brûlante et glacée tour à 
        tour...
 Ce n'est pas l'amour mais l'espoir que j'abandonne. "
 Elle s'agenouille 
        et étend ses mains vers le ciel, tandis que la flûte commence 
        sa sublime prière : [b) Preghiera] " "Ciel pietoso", 
        ciel compatissant, en un si cruel moment, pardonne une plainte... " 
        et cette plainte ravit le spectateur à un point qu'on ne saurait 
        dire, donnant raison à Verdi qui disait des airs de Bellini : " 
        una melodia lunga, lunga, lunga " ! Une lithographie célèbre a immortalisé Enrichetta 
        Méric-Lalande, agenouillée près d'une fontaine gothique, 
        les bras étendus tandis qu'elle élève cette prière 
        vers le ciel auquel elle demande de considérer son sacrifice.
 c) Scena. L'auditeur peut alors descendre (à peine !) sur terre, 
        et entendre l'hymne nuptial qui vient de l'église... Alaìde 
        se relève, désemparée : c'en est trop ! Elle suit 
        anxieusement les étapes de la perte d'Arturo !
 Le silence qui survient alors est terrible ; c'est l'instant du serment 
        :
 " Il giuramento... è proferito... io moro ! ".
 On entend un tumulte 
        depuis l'église... Arturo en surgit, hors de lui et saisissant 
        le bras d'Alaìde, il veut l'entraîner mais elle résiste 
        désespérément...Tous accourent, lorsque le prieur des Hospitalier s'exclame : " Qui 
        vois-je ? La Reine ! ". Arturo ne comprend pas et le prieur explique 
        enfin le mystère : une lettre du roi Filippo Augusto annonce le 
        décès de Isemberga, la reine Agnese -et non plus Alaìde- 
        peut remonter sur le trône . Arturo se précipite vers la 
        reine et s'exclame : " Sur mon corps mort, qu'elle retourne au trône 
        ", avant de se transpercer ! -Horreur générale-.
 La reine Agnese veut courir vers lui mais Valdeburgo la retient, elle 
        n'en donne pas moins libre court à son désespoir :
 " 
        Il meurt ! ! D'Agnese il est la victime,de mon funeste amour... "
 d) Cabaletta finale 
        : " Or sei pago o ciel tremendo... ".Pour une fois chez Bellini, la Cabaletta suit le rythme si typique qui 
        fit la célébrité du morceau et dont le jeune Verdi 
        abusera allègrement. Il faut dire que le morceau doit frapper le 
        public en tant que morceau final, bien sûr, mais également 
        car il cristallise le désespoir animant les personnages depuis 
        le début de l'opéra : c'est l'heure de la conclusion de 
        la catastrophe, du défoulement extrême, la didascalie note 
        d'ailleurs, pour Agnese, comment elle doit chanter le texte suivant : 
        " nell'estrema disperazione " (dans l'extrême désespoir).
 " 
        A présent tu es satisfait, ô ciel terrible...à présent est frappé le coup extrême...
 Je ne pleure plus - je ne crains plus
 Tout entière je défie ta fureur.
 je demande la mort, j'attends la mort ;
 qu'attend-elle au lieu de me frapper ?...
 seul le froid glacé de la tombe
 peut éteindre un tel amour ! "
 Les autres personnages, 
        consternés, s'écrient : " Ah! l'esprit l'abandonne... 
        / Ciel, pardonne - une telle erreur. ". La didascalie finale précise 
        : " (Alaìde s'abandonne dans les bras du Choeur).  R i d e a u f i n a l
 
 * *
 *
 
 Discographie 
        et enregistrements divers
 La 
        Straniera Alaide, "la Straniera" 
        [Agnese di Merania regina di Francia] : Renata ScottoIl Conte Arturo di Ravenstel : Renato Cioni
 Isoletta di Montolino : Elena Zilio
 Il Barone di Valdeburgo : Domenico Trimarchi
 Il Priore degli Spedalieri : Maurizio Mazzieri
 Orchestra e Coro del Teatro Massimo di Palermo
 Maestro Concertatore e Direttore : NINO SANZOGNO
 Palermo [Palerme], Teatro Massimo, 10 décembre 1968.
 CD Hunt 566 2 (et bien d'autres firmes éditrices de CD !).
 Alaide : Montserrat 
        CaballéIl Conte Arturo di Ravenstel : Amedeo Zambon
 Isoletta di Montolino : Biancamaria Casoni
 Il Barone di Valdeburgo : Vincente Sardinero
 Il Priore degli Spedalieri : Alan Ord
 Orchestre : de l'American Opera Society ?
 Choeur : ? ?
 Maestro Concertatore e Direttore : Anton Guadagno
 New York, Carnegie Hall, 26 mars 1969.
 CD Legato LCD 134-2 (et d'autres firmes éditrices de CD).
 Alaide : Elena SuliotisIl Conte Arturo di Ravenstel : Veriano Luchetti
 Isoletta di Montolino : Elena Zilio
 Il Barone di Valdeburgo : Ugo Savarese
 Il Priore degli Spedalieri : Antonio Zerbini
 Orchestra e Coro del Teatro Bellini di Catania
 Maestro Concertatore e Direttore : OLIVIERO DE FABRITIIS
 Catania [Catane], Teatro Bellini, Janv. ? / Fév.? 1971.
 (bande privée, repr. différente de celle des CD Giuseppe 
        Di Stefano)
 Alaide : Olivia StappIl Conte Arturo di Ravenstel : Salvatore Fisichella
 Isoletta di Montolino : S. Mazzieri
 Il Barone di Valdeburgo : G. Floresta
 Il Priore degli Spedalieri : F. Pugliese
 Orchestra e Coro del Teatro Bellini di Catania
 Maestro Concertatore e Direttore : MAURIZIO ARENA
 Catania [Catane], Teatro Bellini, 05-03-1980
 Alaide : Wakoh ShimadaIl Conte Arturo di Ravenstel : Piero Visconti
 Isoletta di Montolino : Petra Malakova
 Il Barone di Valdeburgo : Luigi De Corato
 Il Priore degli Spedalieri : Ambrogio Riva
 Orchestra Filarmonica di Satu Mare
 Coro : New Cambridge Chorus
 Maestro Concertatore e Direttore : TIZIANO SEVERINI
 Martina Franca, Cortile di Palazzo Ducale, 30-07-1983
 (Festival della Valle d'Itria)
 Alaide : Jolanta OmilianIl Conte Arturo di Ravenstel : Vincenzo Bello
 Isoletta di Montolino : Adriana Cigogna
 Il Barone di Valdeburgo : Franco Sioli
 Il Priore degli Spedalieri : Renzo Stevanato
 Orchestra Filarmonica Veneta
 Coro dell'Autunno Musicale Trevigiano
 Maestro Concertatore e Direttore : Franco Ferraris
 Treviso [Trévise], Teatro Comunale, 17, 20, 22 Ottobre 1985
 Alaide : Renata DaltinIl Conte Arturo di Ravenstel : Ingus Peterson
 Isoletta di Montolino : Cynthia Clarey
 Il Barone di Valdeburgo : Jake Gardner
 Il Priore degli Spedalieri : Giancarlo Tosi
 Orchestre du Festival de Wexford ? / de la RTE Radio irlandaise ?
 Choeur du Festival de Wexford ?
 Direction : JAN LATHAM-KÖNIG
 Wexford, Royal Theater, 24-10-1987
 Alaide : Lucia AlibertiIl Conte Arturo di Ravenstel : Salvatore Fisichella
 Isoletta di Montolino : Elena Zilio
 Il Barone di Valdeburgo : Franco Sioli
 Il Priore degli Spedalieri : ?
 Orchestra e Coro del Teatro Bellini di Catania
 Maestro Concertatore e Direttore : Spiro Argiris
 Catania [Catane], Teatro Bellini, 10-01-1988
 Alaide : Lucia AlibertiIl Conte Arturo di Ravenstel : Vincenzo Bello
 Isoletta di Montolino : Sara Mingardo
 Il Barone di Valdeburgo : Roberto Frontali
 Il Priore degli Spedalieri : Carlo Striuli
 Orchestra Filarmonica Triestina
 Coro del Teatro Verdi di Trieste
 Maestro Concertatore e Direttore : Gianfranco Masini
 Trieste, Teatro Verdi, 06-12-1990
 (Soirée diffusée par la RAI mais un coffret CD Nuova Era 
        -d'autres représentations ?- existe)
 Alaide : Valeria EspositoIl Conte Arturo di Ravenstel : Ernesto [Gon?]sales
 Isoletta di Montolino : Stefania Kaluzz
 Il Barone di Valdeburgo : Marc Barrard
 Il Priore degli Spedalieri : S. Kalabakos [Kalapagos?]
 Orchestre et Choeurs du Capitole de Toulouse
 Direction musicale : MICHELANGELO VELTRI
 Toulouse, Théâtre du Capitole, 15-02-1991
 Alaide : Renée 
        FlemingIl Conte Arturo di Ravenstel : Gregory Kunde
 Isoletta di Montolino : ??
 Il Barone di Valdeburgo : Gaétan Laperrière
 Il Priore degli Spedalieri : ??
 New York City Opera Orchestra an Chorus
 Direction musicale : Eve Queler
 New York, Carnegie Hall, 02-07-1993
 Renata Scotto domine l'interprétation, par son incomparable phrasé 
        son chant à fleur de lèvres faisant passer quelques suraigus 
        parfois un peu tendus. La version du Teatro Massimo de Palerme a l'avantage 
        de l'entourer de sensibles interprètes comme Renato Cioni, Elena 
        Zilio et Domenico Trimarchi, valorisés par la juste pulsation insufflée 
        par le Maestro Nino Sanzogno.
 Le son angélique de Montserrat Caballé est toujours unique, 
        même si on perd en expressivité, en douleur, ce que l'on 
        gagne en limpidité.
 Renée Fleming n'offre pas la pureté difficilement égalable 
        de Renata Scotto qui fait " planer " l'auditeur, mais son chant 
        est très vécu et très intense. La valeureuse artiste 
        est attentive à sa ligne de chant, paradoxalement à peine 
        altérée tant elle est vibrante d'émotion ! ...ce 
        qui vaut évidemment mieux qu'une Alaìde impavide ! Elle 
        varie courageusement le da Capo de la dangereuse Cabaletta finale 
        et traduit même les larmes de désespoir du personnage en 
        modulation de sa voix ! Jusqu'ici, seul Beniamino Gigli a réussi 
        à pleurer en chantant !... Cette performance de Renée Fleming 
        peut lui valoir l'indulgence quant à ses aigus un peu tendus dans 
        les cadences, couronnées hélas par un très malheureux 
        suraigu final. Gregory Kunde réussit à être le plus 
        brûlant des Arturo tout en restant scrupuleusement raffiné 
        dans la ligne de chant et Eve Queler acquiert avec les années, 
        un assagissement de la sécheresse caractérisant parfois 
        sa direction dans les opéras romantiques italiens.
 En ce qui concerne 
        Lucia Aliberti, grande interprète de son concitoyen Bellini, il 
        est rageant de constater que son intégrale officielle se soit conclue 
        avec le Teatro Verdi de Trieste, où elle s'avère fatiguée 
        et affligée (par le chef Masini ?) d'une partition aux honteuses 
        mutilations et coupures, alors qu'au Teatro Bellini de Catane, nous avions 
        une édition intégrale et une Aliberti dans une forme éblouissante 
        se déchaînant même, dans sa Cabaletta finale de désespoir, 
        au point d'y ajouter force variations ! * **
 Laissons notre cher 
        Vincenzo abasourdi sous l'émotion, sur cette si belle image de 
        l'accueil de La Straniera au Teatro alla Scala, empli de milliers 
        de personnes hurlant dans un tumulte assourdissant, tandis que toutes 
        les dames agitent leur mouchoirs de joie ! * * 
        **
 Prochaine 
        Époque de la Vie de Vincenzo Bellini (1829-1830)
 Les 
        moustaches de conspirateur de Felice Romani !ou inauguration d'un nouveau théâtre à Parme
 *La vengeance de Zaira
 ou le triomphe de
 I Capuleti e i Montecchi
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 *
 
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