C O N C E R T S
 
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PARIS
28/12/2006
 
(SADMP)
Louis Beydts (1895 – 1953)

LA SOCIETE ANONYME DES MESSIEURS PRUDENTS (S.A.R.L.)

Opéra bouffe en un acte créé au Théâtre de la Madeleine
à Paris en novembre 1931
Livret de Sacha Guitry
Version pour 5 chanteurs et 5 musiciens
Avec l’aimable autorisation des Editions Salabert
Orchestration de Takénori Némoto

Claude Terrasse (1867 – 1923)

CHONCHETTE

 Opéra bouffe en un acte créé au Théâtre des Capucines à Paris en avril 1902
Livret de Robert de Flers & Gaston Arman de Caillavet
Version pour 5 chanteurs et 5 musiciens
Avec l’aimable autorisation des Editions Choudens
Orchestration de Christophe Grapperon

Mise en scène : Loïc Boissier
Scénographie : Florence Evrard
Costumes : Elisabeth de Sauverzac
Lumières : Philippe Lacombe

Elle / Chonchette : Emmanuelle Goizé
Le Grand industriel / Saint-Guillaume : Gilles Bugeaud
Le Gros commerçant / Le Baron : Christophe Crapez
Le Baron / Le Vicomte : Christophe Grapperon
Henri Morin / Charles : Jean-Gabriel Saint-Martin

Direction musicale : Nicolas Ducloux
(Piano : Nicolas Ducloux ; violon : Pablo Schatzman ;
violoncelle : Jérôme Huille ; clarinette : François Miquel ;
cor : Takénori Némoto)

Athénée-Théâtre Louis-Jouvet,
Paris, le 28 décembre 2006, 20h

Je t’adore Brigands !

Noël nous le rappelle ; il est des traditions qu’il ne faut surtout pas transgresser. Par exemple, depuis plusieurs années pour notre plus grand plaisir, Les Brigands investissent l’Athénée au moment des fêtes, le couteau de la musique légère entre les dents. Souvenez-vous, sans réécrire toute l’histoire : avant-hier Ta bouche, hier Toi c’est moi et aujourd’hui, deux oeuvres encore moins connues : La société anonyme des messieurs prudents et Chonchette.

Les titres, chacun dans leur genre, sont déjà riches de promesses. Le premier évoque l’une de ces pièces surréaliste au comique absurde mais désopilant, tandis que le second rappelle une autre coquette de l’opérette : Ciboulette.
 
Le livret leur sert de trait d’union. D’un côté comme de l’autre, il raconte l’histoire d’une jeune femme aux prises avec quatre prétendants. Elle, plus cocotte, parviendra à monnayer ses faveurs au prorata de la situation financière de ces messieurs ; Chonchette, moins vénale, obtiendra à l’arraché la main de son fiancé.

Les deux ouvrages ont été adaptés afin de motiver la même distribution : un soprano, une basse, un ténor et deux barytons. Un même esprit délicieusement frivole les anime.


(Chonchette)

Les similitudes s’arrêtent là. Les trente années qui séparent les deux partitions marquent la différence, en termes de structure – La société anonyme des messieurs prudents adopte une forme complexe proche de la conversation musicale tandis que Chonchette, digne héritière de l’opéra bouffe d’Offenbach, alterne airs et dialogues parlés – mais aussi en termes d’écriture – d’un côté une musique raffinée à l’harmonie savante ; de l’autre, moins de science mais des contours mélodiques mieux dessinés. 

Le propos, comparé aux productions des années précédentes, semble plus modeste, par la dimension des deux œuvres proposées, par le nombre de musiciens dans la fosse mais aussi  par le décor : un plateau presque nu qu’habillent simplement quelques accessoires. Dans ces conditions, la mise en scène repose plus que jamais sur les interprètes. Et, comme toujours avec Les Brigands, le talent des comédiens se révèle imparable. Le texte, parlé comme chanté, est ciselé avec naturel et clarté. Pas un mot n’échappe, qu’il soit bon ou non. Ainsi servi, ce répertoire, qualifié souvent de désuet, retrouve la vigueur et la jeunesse qui en font tout le prix.

Musicalement, comme à chaque fois, l’entrain et l’esprit de troupe prévalent même si le chant d’Emmanuelle Goizé emporte la préférence. Chonchette, surtout, lui permet  de donner le meilleur d’elle-même, la rondeur et le brillant sans l’acidité qui trop souvent affecte le timbre des soprani d’opérette.

D’une manière générale d’ailleurs, l’œuvre de Claude Terrasse séduit plus que celle de Louis Beydts. Ce n’est pas tant une question de livret ou de partition qu’une question d’affinité et d’orchestration. L’écriture instrumentale de La société anonyme des messieurs prudents demanderait peut-être une palette de couleurs instrumentales plus variée pour pouvoir être mieux appréciée. Les interprètes - musiciens et chanteurs - mieux préparés, ou tout simplement mieux échauffés, paraissent plus à leur aise chez le second que chez le premier.  

Il n’empêche que l’on ressort du théâtre une fois de plus l’humeur gaillarde, d’autant plus content que la joyeuse compagnie n’attendra pas Noël prochain pour revenir à l’Athénée. Elle proposera du 21 février au 4 mars 2007 une nouvelle production de l’ouvrage auquel elle doit son nom : Les brigands de Jacques Offenbach. Un retour à la source dont on se réjouit par avance.



Christophe RIZOUD


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