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LAUSANNE
04/06/04
Lorenzo Regazzo, Josep-Miquel Ramon
© photos Marc Vanappelghem
Gaetano Donizetti (1797-1848)

DON PASQUALE

Opéra en trois actes
Livret de Giovanni Ruffini et du compositeur

Nouvelle production

Lorenzo Regazzo (Don Pasquale), 
Josep-Miquel Ramon (Malatesta), 
Antonino Siragusa (Ernesto),
Raffaella Milanesi (Norina),
Alexandre Diakoff (Un notai).

Rita de Letteriis (mise en scène)
Eric Charbeau & Philippe Casaban (décors)
Patrice Cauchetier (costumes)
Pascal Mérat (éclairages)
Suzane Pisteur (maquillage)

Orchestre de Chambre de Lausanne
Nicolas Chalvin, direction
Choeur de l'Opéra de Lausanne
Véronique Carrot, cheffe de choeur

Lausanne
4*, 6, 9, 11 et 13 juin 2004



Jubilatoire Don Pasquale
 

Après son assez désastreuse mise en scène de La Capriciosa Corretta de Martin Y Soler de l'an dernier, le retour de Rita de Letteriis sur la scène lausannoise laissait craindre le pire pour cette production de Don Pasquale. Des craintes alimentées par la metteur en scène elle-même qui annonçait vouloir transposer l'action dans une époque récente. La surprise fut aussi grande qu'agréable. Simplifiant les décors à l'essentiel, elle aère l'espace scénique pour favoriser à l'envi les inévitables gesticulations propres à l'opéra bouffe. Des canapés sans dossier, pas de table, une statue de Giacometti et un appartement bourgeois des années cinquante sont propices au jeu des acteurs. Si on peut émettre une certaine réserve quant à la capacité de Rita de Letteriis de coordonner les masses (les choeurs font un peu fouillis et n'évitent pas, dans le même temps, la convention), elle excelle dans sa direction d'acteurs, aidée, certes, par le formidable acteur qui habite le rôle-titre.

Parfaitement maquillé (Suzane Pisteur) en vieux barbon magnifique et pathétique, le jeune Lorenzo Regazzo (Don Pasquale) domine insolemment la distribution. Pétulant, démonté, bondissant, drôle, il s'empare de (toute) la scène pour le ravissement de chacun. Non sans rappeler la faconde scénique et vocale d'un Gabriel Bacquier, la jeune basse italienne, au geste aussi large que la voix, brille dans cet emploi de basse-bouffe. Avec sa bedaine de "retour d'âge", à l'étroit dans son costume vieux rose, il incarne un jubilatoire Don Pasquale qui respire une antipathique bourgeoisie. Dès lors, Malatesta, Norina et Ernesto n'auront de cesse de s'emparer de la fortune du vieux beau !


Lorenzo Regazzo, Antonino Siragusa

Toutefois, si le talent de Lorenzo Regazzo a tendance à éclipser celui des autres protagonistes, ceux-ci n'en déméritent pas moins. Ainsi, Josep-Miquel Ramon (Malatesta) est un délicieux entremetteur, quand bien même il tend à chanter son texte en force, conférant à sa voix une sonorité souvent nasillarde. Antonino Siragusa (Ernesto) est confronté aux mêmes problèmes dès lors qu'il contraint sa voix. Dommage, parce que ce ténor "di grazia" possède le phrasé idéal ainsi qu'il le démontre dans la sérénade du dernier acte "Com'è gentil" du dernier acte. 


Lorenzo Regazzo, Raffaela Milanesi

Abonnée principalement aux rôles mozartiens et baroques, Raffaella Milanesi (Norina) faisait son entrée dans le monde du bel canto. La voix est belle, même si elle est encore inégalement projetée en puissance. Le registre grave souffre de ce manque, quant aux aigus, ils sont souvent escamotés (l'angoisse de la première ?). Des défauts de jeunesse qui empêchent la soprano romaine de se lover entièrement dans la théâtralité du rôle, celui de la poison du ménage. Obnubilée par le souci de bien chanter, elle en oublie la moquerie du personnage. 

Reste que la production lausannoise termine la saison sur un moment de pur bonheur qui n'aurait certainement pas été aussi chaleureusement applaudi sans la direction, éminemment musicale, de Nicolas Chalvin à la tête d'un Orchestre de Chambre de Lausanne très en verve.
 
 

Jacques SCHMITT
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