C O N C E R T S 

 
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PARIS
(Théâtre des Champs-Élysées)

18/03/2002

Il Matrimonio Segreto
Domenico Cimarosa 

Les Talens lyriques
Direction Christophe Rousset
Mise en scène : Pierre Audi
Décors et costumes : Chloé Obolensky
Lumières : Jean Kalman

Bruno Pratico’ : Geronimo
Laura Giordano : Carolina
Jeffrey Francis : Paolino
Lorenzo Regazzo : il conte Robinson
Anna Maria Panzarella : Elisetta
Bernarda Fink : Fidalma


C’est un vrai bonheur que ce Matrimonio segreto au Théâtre des Champs-Élysées : gaie, animée, la production nous montre l’opéra tel qu’il devrait l’être toujours, tout simple, sans prétention, sans « prise de tête » superflue.

La direction alerte de Christophe Rousset y est pour beaucoup, qui donne vie à une partition souvent figée dans une élégance poussiéreuse de bon ton. La mise en scène de Pierre Audi également. Celui-ci monte un véritable marivaudage, où les portes claquent, les personnages se croisent, se cachent, s’embrassent dans les coins sombres…un peu trop quelquefois, les protagonistes, à force de passer de cour à jardin et vice-versa tout au long des ensembles, finissent par nous donner le tournis, et par s’essouffler eux-mêmes.

Toutes ces allées et venues se déroulent dans un décor très sobre et sans aucun accessoires, avec des parois de bois brut, quelques escaliers, quelques portes, quelques morceaux de toile écrue. Le spectateur n’est pas distrait par des gadgets inutiles ni par des décors de bonbonnières dignes de Barbiland auxquels il serait si facile d’avoir recours quand il s’agit d’un opéra du XVIIIème siècle. Les costumes, résolument d’époque, sont beaux et élégants.

Carolina est idéalement interprété par la ravissante et toute jeune Laura Giordano (vingt deux ans !), dont la voix est aussi fraîche que le minois. Dès son entrée sur scène, on lui pardonne d’avance quelques sonorités un peu incontrôlées. Gageons que cette cantatrice fera bientôt beaucoup parler d’elle, dans un registre probablement plus lyrique que son répertoire actuel, car elle possède une voix déjà bien corsée.

Face à tant de fraîcheur, son Paolino, interprété par Jeffrey Francis, fait figure de vétéran ! Physiquement, il a plus l’âge de Fidalma que de Carolina, et si malgré un timbre passe-partout, on ne peut rien lui reprocher vocalement, le décalage instauré par la différence d’âge entre les amants s’installe, et gène.

Lorenzo Regazzo, beau timbre, jolie voix, hilarante présence scénique, parvient à rendre le comte Robinson plus drôle que Don Geronio, ce qui n’est déjà pas un mince exploit, mais qui est encore plus difficile quand celui-ci est interprété par l’excellentissime Bruno Pratico’ !

Anna Maria Panzarella dessine une Elisetta autoritaire et franchement antipathique, d’une voix souple et bien timbrée. Déception en revanche en ce qui concerne la Fidalma de Bernarda Fink, qui n’a pas l’air concernée, ni vocalement, ni scéniquement.

Catherine Scholler

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