OPERAS - RECITALS - CONCERTS LYRIQUES
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BREST
04/02/2008
 
Renata Pokupic
© Chris Gloag


Renata Pokupic
mezzo-soprano


Haendel (1685-1759)
Giulio Cesare
« Presti omai »
« Empio diro tu sei »

Vivaldi (1678-1741)
La Fida Ninfa
Sinfonia

Haendel
Giulio Cesare
“Dall’ondoso… Aure deh per pietà“

Telemann (1681-1767)
Concerto pour flute traversière et flûte à bec en mi mineur*

Vivaldi
Orlando Furioso
“Oh ingiusti numi… Andero, chiamero”

Entracte

Gluck (1714-1787)
Orphée et Eurydice
« J’ai perdu mon Eurydice »

Haendel
Ariodante
« Doppo notte »

Vivaldi
Concerto pour deux violons en ré majeur RV 513**

Haendel
Rinaldo
«Venti turbini »

Bis

Haendel
Serse
“Ombra mai fu“

Rinaldo
“Venti turbini“

Ensemble Matheus
Jean-Christophe Spinosi, direction.
*Jean-Marc Goujon, flûte traversière
Luis Beduschi, flûte à bec
** Jean-Christophe Spinosi et Laurence Paugam, violon
*** Antoine Pécqueur, basson

Brest, Théâtre du Quartz, le 4 février

L'éthique de Spinosi


Après de longs séjours à Garnier (Alcina) et au Châtelet (Véronique), Spinosi et l’Ensemble Matheus reviennent à Brest. Salle bondée, discours de bienvenue d’un spectateur enamouré juste après l’entrée du chef… le public semblait attendre depuis longtemps ce concert, qui s’est déroulé dans l’ambiance chaleureuse et décontractée habituelle, fort d’un programme varié : les pièces orchestrales ne sont pas que des bouche-trous entre deux airs d’opéra, l’Ouverture, vive et acérée, de la Fida Ninfa, un juvénile Concerto pour deux violons de Vivaldi, et surtout un Concerto de Telemann fulgurant, comptant même parmi les grands moments de la soirée.

Côté chant, on attendait Jennifer Larmore, en cette veille de tournée américaine (Carnegie Hall, puis Washington). Ayant déclaré forfait, on eût pour remplaçante la jeune Croate Renata Pokupic, déjà remarquée à Paris à plusieurs reprises (il y a quelques années, en Anna des Troyens de Gardiner, ou plus récemment en Chérubin avec Jérémie Rohrer). Velours sombre, le timbre est superbe, et déploie dans les morceaux lents de délicats reflets ambrés : magnifiques « Aure deh per pietà », « J’ai perdu mon Eurydice », excellent « Ombra mai fu » offert en bis, sur lequel semble passer une brise estivale.

A l’inverse, les passages animés (« Empio diro tu sei », « Venti turbini »,…) montrent certes des vocalises très correctement menées (à deux ou trois reprises de souffle près), mais on sent que derrière cette technique très appliquée se cache un tempérament moins appelé par Haendel que par Gluck (jamais elle ne semble plus à l’aise que dans « J’ai perdu… »). On l’attend désormais en Iphigénie et en Armide, et plus tard (pourquoi pas ?) en Cassandre berliozienne. On lui souhaite aussi des Mozart, des Verdi, des Strauss, où ce qu’elle donnerait à entendre serait sans doute inestimable ! Mais elle n’est pas obligée de se presser : pour Haendel, elle est en attendant une interprète parfaitement appropriée, qui s’adapte qui plus est avec joie et humour à ce qu’on pourrait appeler à Brest « l’éthique de Spinosi » !


Clément TAILLIA
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