C  R  I  T  I  Q  U  E  S
 
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Giuseppe VERDI (1813-1901)

Un Ballo in maschera

« Melodramma » en trois actes de Antonio Somma
d’après le livret Gustave III d’Eugène Scribe pour la musique de Daniel Auber
et créé au Teatro Apollo de Rome, le 17 février 1859

Riccardo, Conte di Warwick : Guiorgio Merighi
Amelia : Leyla Gencer
Renato: Piero Cappuccilli
Ulrica : Adriana Lazzarini
Oscar : Giovanna Santelli
Silvano : Carlo Meliciani
Samuel : Federico Davià
Tom : Silvio Maionica
Un Giudice : Gianfranco Manganotti
Un Servo d’Amelia : Regolo Romani

Orchestra e Coro del Teatro alla Scala di Milano
Maestro del Coro : Romano Gandolfi
Maestro Concertatore e Direttore : Nino Verchi

Enregistré au « Teatro alla Scala » de Milan, le 8 avril 1973

Durées Cd 1 : 69’17 ; Cd 2 : 63’
Liste des plages sans texte de présentation
Myto 2 MDCD 0008




Un Ballo senza maschera


L’émotion nous étreint de devoir critiquer un enregistrement paraissant au moment de la disparition de son étoile, ayant rejoint le firmament des Artistes…
Leyla Gencer, à juste titre surnommée « La Fiancée des pirates », nous laisse une somme d’enregistrements passionnants et celui-ci, voguant jusqu’alors dans des mers inconnues, nous parvient alors qu’on ignorait son existence !
Avec elle, on possédait déjà un Ballo contenu dans les coffres d’un pirate ayant « relâché » au Teatro Comunale de Bologne en 1961, aussi, nous nous permettrons une comparaison permanente…

A la Scala, on retrouve avec plaisir le joli timbre au vibrato particulier de Giorgio Merighi. Il ne faut pourtant pas tenter de comparaison avec Carlo Bergonzi, supérieur à beaucoup, dès qu’il ouvre la bouche, par sa morbidezza magnifique, possédée par le seul Beniamino Gigli. Déjà défavorisé par la prise de son un peu lointaine, souffrant ou défaillant, G. Merighi « pleurniche » malheureusement dans son grand air du troisième acte.
La pétulance de l’Oscar de Giovanna Santelli est supportable (contrairement à celle d’Eugenia Ratti bien connue pour avoir sévi dans le même lieu !). On note même une certaine fraîcheur de timbre dans ses airs et moments d’ensemble, mais Dora Gatta, à Bologne, possède un timbre plus corsé.
Piero Cappuccilli est égal à lui-même en professionnalisme et beauté de timbre mais ne fait pas oublier le mordant de Mario Zanasi. La comparaison de leur grand air du troisième acte s’avère passionnante : Mario Zanasi vibre de douleur, Piero Cappuccilli susurre l’amertume. La salle croule sous les « Bravo !! », « Sei grande ! ! » (ce qui est vrai) et continue ses requêtes de bis alors que Nino Verchi a déjà attaqué la suite !
Adriana Lazzarini fut trop souvent considérée comme une remplaçante des Barbieri-Simionato-Cossotto… il faut dire que dans ce rôle elle semble « limite », offrant des graves pas très sonores et des aigus « courts ». Par rapport à sa prestation de 1961, elle tente de combler son aigu en le forçant, accuse un certain vibrato mais pas si accentué et en somme ne démérite pas.
Reine de la soirée, Leyla la Grande se montre, comme toujours, magistrale : mesurée dans le chant en force, riche en piani sonores comme on n’en entend plus.
Les rôles secondaires sont très bien tenus, par des spécialistes s’étant fait une réputation précisément dans ces types d’emploi, mais fort capables de chanter en solistes : deux noms entre tous : Silvio Maionica et Gianfranco Manganotti.
Les chœurs de la Scala sont efficacement instruits et Nino Verchi dirige avec conscience et volonté dramatique, même si Oliviero De Fabritiis, à Bologne, possédait ces qualités et y ajoutait un peu d‘une poésie bienvenue.

Le son est fort bon mais on a conscience qu’il s’agit d’un pirate car certains chanteurs sont parfois en retrait et ceux qui enregistrent ne se gênent pas pour parler près du micro durant les applaudissements ! A Bologne, le son est plus équilibré et provient probablement d’un enregistrement effectué alors par la RAI.

Les inconditionnels de Leyla Gencer se précipiteront ; ceux qui veulent la connaître dans le rôle (ou désirent simplement un excellent Ballo en public), se précipiteront, eux, sur la soirée bien plus électrisante et séduisante du « Teatro Comunale di Bologna ».


Yonel BULDRINI




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