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Hector BERLIOZ (1803-1869) 

Symphonie fantastique

Herminie, scène lyrique
 

Conte de fées en dix tableaux
Poème de Catulle Mendès

Aurélie Legay, soprano

Mahler Chamber Orchestra
Les Musiciens du Louvre

Direction : Marc MINKOWSKI

1 CD Deutsche Grammophon 
472 209-2
80'49''

Textes d'introduction de Roger Nichols et Rémy Stricker



Deuxième tentative de Berlioz au Prix de Rome, la cantate Herminie (1828) est surtout connue aujourd'hui parce qu'elle contient la fameuse "idée fixe" qui sert de trame poétique et de leitmotiv à la Symphonie fantastique. L'idée était donc excellente de coupler les deux oeuvres sur un seul CD, au minutage généreux. Le texte, bien académique, de Pierre-Ange Vieillard (ça ne s'invente pas !), est suivi à la lettre par un Berlioz soucieux de plaire à ses juges. Trois récitatifs, trois airs, une prière. Dès les premières mesures ("Quel trouble te poursuit, malheureuse Herminie ?"), l'on reconnaît un style personnel et la fixation gluckiste du jeune musicien. Les récitatifs sont parsemés de ces accords haletants et dramatiques, certes hérités de Gluck, mais également propres au génie berliozien. Et le troisième air "Venez, venez, terribles armes !" ne déparerait pas Les Troyens, par la violence de ses sentiments. La prière, hélas, est plus académique, concession au jury, sans doute. Mais la coda, exaltée, qui retombe dans un douloureux accablement, est à nouveau remarquable. Je l'ai dit, cette seconde des quatre cantates de Rome est mémorable par l'apparition première de l'idée fixe. Il est au demeurant intéressant de préciser que le texte sur lequel elle repose : "J'exhale enfin ma plainte fugitive", annonce la thématique centrale de la Symphonie fantastique.

Judicieusement, l'éditeur a donc accouplé les deux oeuvres. Malheureusement, l'interprétation de cette page célèbre et emblématique n'atteint pas l'excellence de celle d'Herminie. Autant Marc Minkowski, porté peut-être par le beau talent d'Aurélie Legay (qui fut Eurydice, Carmen, Mireille ou la belle Hélène...) a totalement réussi la cantate, autant il me semble passer à côté de l'esprit prodigieusement révolutionnaire de la symphonie. Le premier mouvement, si novateur, est bien languissant, le Bal, trop carré, manque de charme, et la Scène aux champs est longuissime (19' 34'' !). Heureusement, Minkowski se retrouve dans les deux derniers morceaux. La Marche au supplice, un peu trop lente, bénéfice de ces "coups de boutoirs" typiques de certains baroqueux, ici tout à fait pertinents. Et le chef, en bon bassoniste, souligne comme un amoureux le parcours de son instrument favori, qui a fort à faire. Quant au Songe d'une nuit de sabbat, là, les tempi se révèlent idoines, et l'ophicléide bien lugubre : une vraie réussite. Malheureusement, ce n'est pas un mouvement bien enlevé qui sauvera une interprétation par trop bancale pour compter parmi les références qui demeurent Colin Davis, Charles Münch ou Roger Norrington, pour rester dans l'authentique. A classer à Herminie, aux côtés de Janet Baker et Michèle Lagrange.
 
 

Bruno Peeters



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