C  R  I  T  I  Q  U  E  S
 
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Wolfgang Amadeus Mozart

Cosi fan Tutte

direction : Nikolaus Harnoncourt

mise en scène : Jürgen Flimm
réalisation : Brian Large

Fiordilidgi: Cecilia Bartoli
Dorabella: Liliana Nikiteanu
Despina: Agnes Baltsa
Guglielmo: Oliver Widmer
Ferrando: Roberto Sacca
Don Alfonso: Carlos Chausson

Choeur et orchestre de l'opéra de Zurich

2 DVD Arthaüs


TOUM # TOUM TOUM TOUM # TOUM TOUM TOUUUUUUUUUUUUUUUM # (da capo) TOUM # TOUM TOUM TOUM # TOUM TOUM TOUUUUUUUUUUUUUUUM #

(prière d'entendre le générique de Rocky)

(più forte) TOUM # TOUM TOUM TOUM # TOUM TOUM TOUUUUUUUUUUUUUUUM # (da capo) TOUM # TOUM TOUM TOUM # TOUM TOUM TOUUUUUUUUUUUUUUUM #

Dans le coin gauche, accusant un air féroce à la pesée, cinq fois champion du monde de la rigueur baroque, titré trente-six fois maître incontestable et incontesté de la redécouverte musicologique en musique ancienne ; j'ai nommé : Nini-bad-eyes, le kid de Wien : NI-KO-LAUS HARNONCOUUUUUUUUUUUUUUUURT

(più forte ancora) TOUM # TOUM TOUM TOUM # TOUM TOUM TOUUUUUUUUUUUUUUUM # (da capo) TOUM # TOUM TOUM TOUM # TOUM TOUM TOUUUUUUUUUUUUUUUM #

Dans le coin droit, accusant un joli sourire à la pesée, déesse de la vocalise, anéantisseuse du savonnage ; j'ai nommé : the shooting diva, tchétchilia-belles-mirettes : Cécilia Bartoli !

Bonnes gens, vous l'aurez compris, l'affiche que vous propose ce DVD est absolument terrifiante : Tchétchilia et Nikolaus, en son et en image ? Que demander de plus ? Sans parler du fait qu'on nous montre au début et à la fin (et en gros plan, s'il vous plaît) la mine sympathique de Grace Bumbry (qui ne chante pas Despina, non) mais qui a l'air d'apprécier le spectacle.

L'opéra de Zurich est assez gâté côté distributions, certaines mauvaises langues affirment que c'est plus pour les avantages fiscaux que pour l'air pur des collines helvétiques que nos plus grandes divas s'y produisent. N'alimentons pas ce débat, même s'il est amusant et perfide de l'évoquer.

Autour de Cecilia Bartoli on retrouve en Despina une des plus belles mezzo rossiniennes de l'avant-Bartoli : Agnes Baltsa qui - après quelques écarts de carrière - se retrouve à jouer les soubrettes dans une production qui ne ménage pas son jeu scénique. De toute évidence le rôle de Despina n'a pas été écrit pour un mezzo-soprano barytonnant, on est donc un peu déconcerté face à tant de notes poitrinées. Mais le Baltsa qui n'a pas perdu grand chose de son velours, reste une chanteuse extrêmement séduisante et quand l'image nous offre - en plus - une prestation d'acteur hilarante, il n'y a vraiment aucune raison de grogner. Carlos Chausson est loin des Don Alfonso goutteux et phtisiques qu'on nous sert de temps à autre, quel bonheur d'entendre toutes les notes de son rôle chantées et pas criées, soupirées ou dégluties.

Roberto Sacca qu'on aime ou qu'on adore nous donne une leçon de charme, sous ses boucles de héros pasolinien vieillissant se repose un ténor de très grande valeur qui n'a pas enregistré grand chose mais dont le simple souvenir du jeune homme dans Reigen de Boesmans ne cesse de nous éblouir. Il n'est pas possible d'être aussi enthousiaste face à la prestation d'Oliver Widmer : ses qualités se bornent à être honnêtes ce qui n'est grave qu'en mesure du contexte : avec de tels partenaires autour de soi on n'est pas « honnête », on est inférieur ...

Restent les deux dames : Bartoli connaît son Cosi par cúur, après avoir brillé dans les rôles de Dorabella et de Despina la voilà qui s'attaque avec un égal bonheur à celui de Fiordiligi. On a déjà débattu avec véhémence aux quatre coins de la presse sur la pertinence de cette prise de rôle et je n'ai pas envie de participer à ce débat. Bartoli est une grande chanteuse qui chante grandement Fiordilidgi, c'est - il me semble - tout ce qu'il y a à dire sur la question. Maintenant, en entrant un peu dans les détails, on peut déplorer que la diva romaine fasse appel à d'ignobles grimaces pour vocaliser confortablement mais est-ce vraiment important ? Sutherland n'avait-elle pas la plastique d'une lune à peine éclipsée ? s'en est-on jamais plaint ? Pour le reste tout n'est que grâce, finesse et virtuosité, comme tout ce que fait Bartoli. A côté d'elle Nikiteanu ne démérite pas, elle s'illustre sur un autre tableau, ce qui est très habile de sa part. Avec un délicieux velouté dans la voix, sa Dorabella passe comme une lettre à la poste. On a trouvé là un duo exquis.

Vient se coller au tableau une mise en scène traditionnelle pas dépourvue de charme et flanquée de quelques charmantes autruches au tableau final. Rien d'inoubliable cependant.

Un joli double DVD qui vaut bien la peine qu'on s'y attarde, dommage que son achat soit à ce point ruineux...
  


Camille de Rijck



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