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Hugo WOLF (1860-1903)

23 Mörike-Lieder
1. Gebet
2. FuBreise
3. Er ist's
4. Im Frühling
5. Auf ein altes Bild
6. Der Genesene an die Hoffnung
7. Auf einer Wanderung
8. Zitronenfalter im April
9. Der Gärtner
10. Begegnung
11. Der Tambour
12. Jägerlied
13. Nimmersatte liebe
14. In der Frühe
15. Denk'es, o Seele
16. An die Geliebte
17. Peregrina I
18. Peregrina II
19. Lebe wohl
20. Verborgenheit
21. Der Feuerreiter
22. Storchenbotschaft
22. Abschied.

Werner Güra (Ténor)
Jan Schultsz (Piano)

Harmonia Mundi, HMC 901882


Dans son texte de présentation, Habakuk Traber rappelle que, en cette fin de XIXème siècle, on cherchait, dans les arts, à se rapprocher le plus possible du "Gesamtkunstwerk", de l'Oeuvre d'Art Totale que prônait Richard Wagner. 5 ans après le décès du compositeur de Tristan et Isolde, Hugo Wolf essayait lui aussi d'atteindre une forme de plénitude avec ces lieder sur des poèmes d'Eduard Mörike.

"Gebet" ("Prière", plage 1) donne le ton : "Ne me submerge pas/ De trop de joie/ Et de trop de peine/ Car c'est entre les deux/ Qu'est le doux renoncement." Pas trop de joie, pas trop de peine, pas d'histrionisme, et pas de monolithisme non plus. Dans le premier cas de figure, le cycle perdrait son unité, sa couleur globale, son identité, et dans le second cas, c'est juste que le musicien, comme l'auditeur, s'ennuierait ferme et ne rendrait pas justice à ces vrais chefs d'oeuvres. La voix de Güra, son style, son éloquence, et quelques une de ses intonations qui peuvent, au détour d'une croche, faire songer à Ben Heppner ("Er ist's", "Im Frühling" et "Auf einer Wanderung", notamment). Mais on se doute bien que le ténor, Liedersänger distingué, n'en est pas moins formidable d'engagement et d'intelligence du texte. A cet égard, "Fussreise" ("Voyage à pied") , "Er ist's" ("Le voici" -le printemps, bien entendu !) et "Im Frühling" ("Au printemps") sont les plus belles réussites du disque, tant chanteur et pianiste semblent s'être entendus pour aller du saint plaisir de la nature (le premier) à la rêverie naturelle qu'inspirent la campagne au réveil (le second) jusqu'aux doutes métaphysiques d'un homme tourmenté (le troisième). Se détachent par ailleurs de ce lot enchanté un "Auf einer Wanderung" ("D'une promenade à pied") halluciné, des "Begegnung" ("Rencontre") et "Tambour" que Güra et Schultsz ne réduisent pas à l'état de comptines (ce qu'ils ne sont en aucun cas), "Der Genesene an die Hoffnung" ("Ode du convalescent à l'espérance") perçu comme une longue ascension qui nous mène de l'Enfer jusqu'au Paradis (ou presque) et surtout un "Feuerreiter" ("Le Cavalier du feu") formidable, que Güra transcende par des dons de diseurs exceptionnels.

Sans doute l'une des plus belles interprétations modernes de ces chants sur des poèmes de Mörike, qu'aucun amateur de lied ne doit ignorer. 30 Mörike-Lieder n'ont cependant pas été gravés : peut-on espérer une suite ?
  


Clément TAILLIA




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