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Georg Friedrich Händel (1685-1759)

Le Festin d'Alexandre
ou le Pouvoir de la musique,
ode-oratorio en l'honneur de Sainte Cécile, HWV 75 (1736)

Sur un poème en deux parties de John Dryden
Première exécution au Théâtre Royal du Covent Garden
à Londres le 19 février 1736


Dorothee Mields, soprano
Judith Berning, alto
Paul Agnew, ténor
Woong-jo Choi, basse

Chœur de Chambre d'Aix-la-Chapelle
Chœur de Chambre d'Overbach
Orchestre Symphonique d'Aix-la-Chapelle
Direction Marcus Bosch

Label Coviello Classics
Référence : COV30715 - 4039956307150
2 SACD Hybride : 56:14 - 28:49 - DDD
stéréo et multicanal - Enregistré en mai 2007




Un festin musical


Alexander’s Feast or the power of music est un oratorio composé selon la grande tradition anglaise des Odes à Sainte Cécile. Bien qu’elle soit relativement méconnue ou du moins rarement donnée de nos jours, cette pièce fut durant la vie du compositeur l’une de ses œuvres chorales les plus populaires. Haendel la composa à son retour de cure thermale à Aix-la-Chapelle en 1736 et elle fut créée dans la foulée au théâtre de Covent Garden. La légende veut qu’elle ait été écrite en remerciement des bons soins prodigués par les religieuses du couvent de Burtscheid, qui auraient largement contribué à la rémission de la paralysie dont souffrait le maître.
Les sept stances du texte écrit par le poète classique John Dryden en 1697 furent remaniées par le librettiste Newburgh Hamilton pour en faciliter la distribution en récitatifs, airs et chorals.

En l’an 330 avant J.C., dans la cité occupée de Persepolis, un banquet est tenu par Alexandre le Grand et sa maîtresse Thaïs. Le musicien Timotheus, par ses chants, éveille chez ses convives différentes émotions clairement reproduites par la rhétorique baroque : joie, fierté, pitié, sublimité, amour et vengeance. L’œuvre se conclut sur une injonction « Delenda Persepolis est ! »  pour rendre justice au sang grec qui a trop coulé, avant de faire entendre un choral final à la gloire de Sainte Cécile et du pouvoir de la musique.
Haendel voulait par cette œuvre démontrer la suprématie de la musique sur toute autre forme d’art, elle seule étant capable de susciter les sentiments les plus divers et les plus profonds, et dont Saint Cécile est l’allégorie idéale. Défi accompli : l’inventivité sans cesse renouvelée des mélodies, tantôt élégiaques, tantôt virtuoses, modelées par une orchestration colorée et originale, nous tient en éveil tout au long de cet oratorio de la maturité du compositeur.

Le ténor Paul Agnew vole de loin la vedette aux autres solistes. La justesse du style, et la variété des couleurs qu’il utilise dans les récitatifs en qualité de narrateur, contribuent largement à la cohérence et à la conduite de l’œuvre. Sa diction est (évidemment) parfaitement claire et son engagement artistique tout à fait crédible.
La soprano Dorothee Mields jouit d’un timbre tout à fait charmant. Musicienne sensible et intelligente, elle conduit ses lignes avec élégance et les ornemente avec raffinement. Malheureusement, ses aigus sont très coincés et nous gâchent parfois l’écoute de ses airs.
La basse Woong-jo Choi a en revanche une voix ingrate, raide, qui souffre dans les vocalises -on est parfois à la limite de l’aboiement - et dont l’intonation n’est pas précise. On peut lire dans sa courte biographie qu’il chante Heinrich dans Lohengrin et Der Fliegende Holländer : une grossière erreur de casting, donc…
L’alto Judith Berning ne laisse pas un souvenir impérissable, non par l’absence de qualités musicales, mais simplement parce qu’elle a un rôle tout à fait mineur dans l’œuvre et aucun air à chanter.

Le Sinfonieorchester Aachen, sous la baguette de Marcus Bosch, est de très bonne qualité. L’équilibre des pupitres et la précision du continuo soutiennent admirablement les solistes et les Aachener et Overbacher Kammerchore. On pourrait leur reprocher parfois un certain manque d’énergie et de mordant, mais l’ensemble se tient très bien. Notons pour l’anecdote qu’on aurait difficilement pu faire plus « terroir’ » en choisissant des musiciens issus de la ville où Haendel vint faire les ablutions curatives qui lui inspirèrent ce Festin d’Alexandre

Lionel BAMS


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