C  R  I  T  I  Q  U  E  S
 
...
[ Historique des critiques CD, DVD]  [ Index des critiques CD, DVD ]
....
......
Barbara HENDRICKS

Au coeur de l'opéra
 

Orchestre Philharmonique de Radio-France
Direction : Paavo JÄRVI

1. Catalani : La Wally : Ebben ? Ne andro lontana
2. Tchaïkovsky : Eugène Onéguine : scène de la lettre
3. Debussy : L'Enfant prodigue : air de Lia
4. Bizet : Carmen : Je dis que rien ne m'épouvante
5. Stravinsky : The Rake's Progress : No word from Tom
6. Cilea : Adrianna Lecouvreur : Io son l'umile ancella
7. Puccini : Madama Butterfly : Un bel di vedremo
8. Puccini : Gianni Schicchi : O moi babbino caro
9. Bizet : Carmen : Habanera
10. R.Strauss : Capriccio : scène finale

CD EMI Classics 7243 5 57532 2 9


Charmante et merveilleuse Barbara Hendricks ! Elle semble immortelle depuis ses timides débuts en 1975 dans le Porgy & Bess de Gershwin sous la direction de Lorin Maazel. Elle est à la tête d'une prodigieuse discographie, de Bach à Walt Disney en passant par les gospels et Duke Ellington. Sa voix, fragile et délicate, est destinée aux opéras classiques (Haydn, Mozart), au répertoire français (Bizet, Chabrier, Gounod, Fauré ou Poulenc), avec quelques incursions chez Strauss, Puccini ou la musique contemporaine. Discrète et rayonnante, elle transcende son personnage parfois bien médiatique de star de la télé ou d'ambassadrice du Haut Commissariat pour les Réfugiés par un professionnalisme et une technique impeccables, alliés à un sens rare de l'émotion directe. Gloire à une telle personnalité !

Son dernier récital est tout simplement intitulé "Au coeur de l'opéra". Onze numéros, classiques ou plus rares. Il débute par le très incontournable air extrait de La Wally, exemplaire de vulnérabilité. Puccini et Cilea n'ont aucun secret pour elle et tant "Un bel di vedremo" que "O moi babbino caro", tubes entre tous, sont détaillés avec un style admirable et, pour Butterfly, avec une poésie amoureuse imparable. L'opéra français ayant toujours été un terrain favorisé pour cette voix fine et douce, il n'est pas étonnant de découvrir un air de Micaëla ravissant et une habanera de Carmen entraînante. Mais c'est sans doute dans le si bel air de Lia de la cantate de Rome de Debussy, L'Enfant prodigue, que l'art raffiné de Barbara Hendricks atteint son apogée : écoutez "Cependant, les soirs étaient doux", à la courbe mélodique encore si proche de Massenet, c'est superbe ! Si les airs extraits d'Eugène Onéguine et du Rake's Progress détonnent un peu (surtout ce dernier, étranger à l'atmosphère de l'album), c'est qu'ils proviennent d'un répertoire sans doute moins familier à la chanteuse, qui les aborde bien, mais de manière un peu trop neutre. Dommage pour Tatiana, surtout. Quant à la comtesse Madeleine de Capriccio, elle détaille très joliment le sonnet "Kein andres" et son approche dramatique suit le livret, très précisément. Celle qui fut Aïthra dans Hélène d'Egypte (Dorati, Decca) a indéniablement des affinités straussiennes, et cette scène finale est d'une beauté vocale admirable.

J'aimerais souligner l'adéquation du commentaire orchestral de Paavo Järvi, particulièrement dans les pages d'Eugène Onéguine et de Carmen. Une dernière chose : réécoutez "Io son l'umile ancilla", toute la simplicité de Barbara Hendricks se retrouve dans cet air si sobre et si beau. Toute sa philosophie aussi, comme elle l'écrit, très justement, dans la préface aux notices, qu'elle signe elle-même. Qualité rare, qui se retrouve tout au long de ce fort beau disque.
 
 

Bruno Peeters


Commander ce CD sur  Amazon.fr
Barbara%20Hendricks%20-%20Au%20Coeur%20De%20l'OpÈra<" target="_blank">
[ Sommaire de la Revue ] [ haut de page ]