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Ben Heppner

Airs d'opéras français

1. Les Troyens : Inutiles regrets
2. La Damnation de Faust : Nature immense
3. La Damnation de Faust : Merci, doux crépuscule
4. Benvenuto Cellini : Seul pour lutter
5. Béatrice et Benedict : Ah ! Je vais líaimer
6. La Juive : Rachel, quand du Seigneur
7. Sapho : Ah, quíil est loin, mon pays
8. Le Cid : O Souverain, ô juge, ô père
9. Le Cid : O noble lame étincelante
10. LíAfricaine : O Paradis
11. Les Huguenots : Plus blanche que la blanche hermine
12. Le Prophète : Roi du Ciel
13. La Marseillaise
 

Ben Heppner, baryton
London Voices
London Symphony Orchestra

Myung-Whun CHUNG, direction

DG 471 372-2



La marque jaune a encore frappé, et fort ! Voici tout simplement l'un des plus beaux récitals d'opéra français de ces derniers temps, éclipsant même, à mon sens, ceux d'Alagna et d'Alavarez, commentés ici-même. Le mânes de Nourrit, Duprez, Roger ou de Rezke ont du se pencher sur cette admirable production, véritable présentation du répertoire de ténor du Grand Opéra Français. Pour en juger, écoutez immédiatement "O Souverain, ô juge, ô père" du Cid de Massenet. Ni Domingo ni Alagna n'ont jamais chanté cette prière avec autant de ferveur, d'intensité intérieure. Ce chant extasié, si exalté par un Vanzo ou un Gedda, se retrouve dans "Merci, doux crépuscule", "Seul pour lutter", l'air de Jean dans Sapho ou "O Paradis", merveilleux plaisirs pour l'oreille. Mais le Grand Opéra est héroïque aussi. Et Ben Heppner, le magnifique Enée des derniers Troyens  dirigés par sir Colin Davis, nous donne un "Inutiles regrets" passionnément lyrique. Halévy et Meyerbeer ne pouvaient être absents de ce programme. Le premier est bien sûr représenté par l'air célèbre d'Eléazar "Rachel, quand du Seigneur", au phrasé parfait, et complété par la strette avec choeur "Dieu m'éclaire". Tout comme, chez Meyerbeer, "O Paradis" de L'Africaine sera suivi de "Conduisez-moi vers ce navire". On y admirera le legato d'Heppner, ainsi que dans la fameuse romance de Raoul de Nangis, avec alto obligé (Paul Silverthorne). Plus rare, l'hymne final du IIIème acte du Prophète, "Roi du ciel et des anges", l'un des moments les plus exaltants de cet ouvrage trop souvent décrié. Le CD se termine par... La Marseillaise, dans le brillant et inventif arrangement de Berlioz, ce qui permet une harmonieuse conclusion. Loin de tout "urlo francese", Ben Heppner convaincra sans peine tous les fervents de l'art lyrique : oui, le bel canto est bien tout autant français qu'italien, et il est bien temps de le redécouvrir. Ce temps paraît proche, les récitals d'opéra français se multipliant, et l'intérêt pour le Grand Opéra semblant grandissant. Terminons par ces mots du ténor lui-même : "Le répertoire du grand opéra français semble convenir à ma voix. Chanter un opéra de Meyerbeer serait un projet particulièrement intéressant. Sa musique est à la fois dramatique et lyrique, elle me permettrait d'utiliser toutes mes ressources". Voilà qui ne pourra que réjouir tous les fervents d'opéra français qui achèteront ce CD DG, fleuron international et fier d'un répertoire en pleine renaissance.

(note : et je n'ai même pas parlé de Chung, tellement il est parfait).
  


Bruno Peeters



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