C  R  I  T  I  Q  U  E  S
 
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Arie, madrigali & cantate
di Monteverdi, Vivaldi, Handel
Carissimi, Cavalli, Legrenzi, Merula, Salvatore

Sara Mingardo, alto

Concerto italiano
Rinaldo Alessandrini

Tarquinio Merula (~1595 - 1665)
Hor ch'è tempo di morire
"canzonetta spirituale sopra alla nanna" per voce e continuo
Giovanni Salvatore (1600 - ~1688)
Allor che Tirsi udia
cantata per voce e continuo
Giacomo Carissimi (1605 - 1674)
Deh, memoria e che piu chiedi
cantata per alto e continuo
Claudio Monteverdi (1567 - 1643)
Vorrei baciarti
a due alti e continuo
Francesco Cavalli (1602 - 1676)
Erme e solighe cime - [Endiminione] in "La Calisto",
atto secondo, scena primera
Claudio Monteverdi (1567 - 1643)
Se i languidi miei sguardi - lettera amorosa
Giovanni Legrenzi (1626 - 1690)
Costei ch'in mezzo al volto scritt'ha il moi cor
cantata per alto e continuo
George Frideric Haendel (1685 - 1759)
Lungi da me pensier tiranno
cantata per alto e continuo
Antonio Vivaldi (1678 - 1741)
Pianti, sospiri e dimandar mercede
cantata per alto e continuo RV 676

Avec la participation de Monica Bacelli,
mezzo-soprano dans Vorrei baciarti (4)

Naïve - Ref. OP30395

Enregistré en janvier 2004
à la Sala Accademica del PIMS à Rome



Que l'auditeur en quête de splendeurs baroques échevelées, de cathédrales à la décoration luxuriante, de palais somptueux à la façade ondulante, passe son chemin. Ce disque n'est pas pour lui. L'effectif réduit du Concerto italiano de Rinaldo Alessandri (deux violons, un violoncelle, un théorbe et un clavecin) n'autorise pas l'euphorie sonore dans laquelle nous plongea la même équipe avec L'Olimpiade de Vivaldi il y a deux ans. Sara Mingardo y campait le jeune prince Lucida et dès son premier air, Quel destrier, che all'albergo è vicino, nous entraînait dans une course effrénée que nous terminions à genoux, éblouis par la pourpre du timbre et la technique imparable. En comparaison, la cantate Pianti, sospiri e dimandar mercede qui clôture cet enregistrement a l'air un peu déplumée. Notre oreille est désormais habituée à un autre éclat lorsque le prêtre roux est convoqué. De même, quand Haendel paraît, les brillantes vocalises semblent nues sous le délicat manteau de dentelle que tisse l'ensemble orchestral.

Aussi, pour ne pas être déçu, il convient, avant de pénétrer dans le sanctuaire, de déposer au vestiaire les plastrons d'or ciselé et les robes chargées de pierreries. Nous sommes dans le domaine de l'intimité, des blessures d'amour confiées à demi-mot, dans une salle obscure qu'éclaire à peine la flamme du chandelier. Cette pénombre convient à merveille à la canzonetta de Merula, berceuse hypnotique où la voix se déploie comme un drap de velours sur la plainte obstinée du continuo. Les lamentations de Giacomo Carissimi y trouvent aussi leur compte. A leur écoute, il parait même étonnant que l'on ait pu reprocher en d'autres lieux une certaine placidité à Mlle Mingardo. Il suffit de prêter une oreille à la troisième strophe et à sa lente descente chromatique sur Io sempre moro pour en être convaincu. De même, Se i languidi miei sguardi de Monterverdi, long madrigal accompagné du seul clavecin, parvient à force d'intonation et de nuances à éviter l'écueil de la monotonie. Partout, les couleurs rubanées et l'exemplaire diction se mettent au service d'une juste traduction des sentiments. Il faut cheminer ainsi le livret à la main pour apprécier réellement l'expression de chacune des pièces. Certaines se laissent plus facilement appréhender : Vivaldi, Handel évidemment mais aussi Giovanni Salvatore. Le superbe mélisme qui conclut son Allor che Tirsi udia mérite absolument le détour. D'autres résistent pour mieux se dévoiler ensuite. Les tourments de Giovanni Legrenzi ont mis un certain temps avant de m'être chers (Care noie, plage 13) et j'avoue que je cherche encore l'entrée du Vorrei baciarti de Monteverdi. Alors certes, le recueillement triomphe de l'allégresse. La première scène du second acte de La Calisto de Francesco Cavalli en est un nouvel exemple. Autant le flambeau étincelant (lucidissima face, plage 6) peine à nous réchauffer, autant nous nous rendons de bonne grâce aux caresses de l'aimable sommeil (Sonna cortese, plage 8). Mais la qualité et le raffinement de l'interprétation ont raison des dernières réserves.

En partant, on referme doucement la porte de la chapelle. Dehors, la lumière éblouit un peu. Avant de s'éloigner, on n'oublie pas de vérifier que l'on a bien gardé la clef dans sa poche pour pouvoir revenir bientôt. C'est plutôt bon signe, non ?
  


Christophe RIZOUD


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