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Giuseppe VERDI (1813-1883)

Nabucco

Opéra en 4 actes, sur un livret de Temistocle Solera (1842)

Mise en scène, lumières et costumes : Denis Krief
Décors : Giuseppe de Filippi Venezia
Assistant aux lumières : Paolo Mazzon
Chorégraphie : Maria Grazia Garofoli

Avec :
Nabucco : Leo Nucci
Abigaille : Maria Guleghina
Zaccaria : Carlo Colombara
Fenena : Nino Surguladze
Ismaele : Fabio Sartori
Grand-Prêtre de Baal : Carlo Striuli
Abdallo : Carlo Bosi
Anna : Patrizia Cigna

Choeurs et Orchestre des Arènes de Vérone (chef des chœurs : Marco Faelli)
Direction musicale : Daniel Oren

1 DVD Decca




Nabucco sur carte postale


Lieu légendaire où les pompes zeffirelliennes et grandiloquentes passent pour une seconde nature, les Arènes de Vérone présentaient l’été dernier un Nabucco dans une mise en scène moderne. Pas de quoi crier au scandale ! Le spectacle de Denis Krief n’est guère des plus iconoclastes. Mais il ose, en guise de décor, une structure métallique dépouillée, mettant en valeur les impressionnants gradins situés derrière la scène (le cadre le plus magistral pour un grand opéra). Sobre (et même sage), la direction d’acteur ne fait pas dans le détail, mais dans un si grand espace, comment le pourrait-elle ?
   
Les chanteurs ont alors beaucoup à faire pour donner vie à leurs personnages. Heureusement, la plupart ne manquent pas de personnalité, à commencer par Leo Nucci. Nabucco devant l’éternel, le grand baryton italien possède toujours, au-delà des années, une voix percutante, un style à toute épreuve, une solidité et une présence exemplaires, auxquels s’est ajoutée une expérience précieuse, qui fait de cette incarnation le témoignage supplémentaire d’un art exceptionnel. De personnalité, Maria Guleghina ne manque pas non plus. Elle a de la voix à revendre aussi, et de l’aplomb. Mais elle n’a absolument pas les vocalises affutées qui enflamment « Salgo gia », ni la maîtrise technique des meilleures verdiennes. Andrea Gruber alternait avec elle, cet été-là, à Vérone. Peut-être eût-il mieux valu publier cette autre Abigaille, plutôt qu’un énième DVD avec la soprano russe. Carlo Colombara a pour lui un médium noble. Dommage que ni l’aigu ni le grave ne soient à l’avenant (ni, là encore, l’agilité dans les passages qui le demandent). Le reste du casting est tout-à-fait correct - en particulier l’émouvante Fenena de Nino Surguladze, et la voix homogène et bien projetée de Fabio Sartori - mais ne parvient pas à faire oublier un trio de tête globalement très perfectible.

Dans la fosse, Daniel Oren met le feu aux poudres, comme dans ses meilleurs jours. L’orchestre n’est pas des plus parfaits, mais sa connaissance du répertoire verdien est indéniable et, sous une baguette si dynamique et flamboyante, il est transcendé. Le chœur, comme on pouvait l’imaginer, s’attire les faveurs du public dans un superbe « Va pensiero ».

Un bémol, pour finir : la réalisation vidéo de Tiziano Mancini. Le balcon de Romeo et Juliette et les fontaines de Vérone pendant l’ouverture font un peu carte postale… Eventuellement, Denis Krief aurait pu tenter sur ce thème une petite transposition !


Clément Taillia


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