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EUGENE ONEGIN

Piotr Ilyitch TCAIKOVSKY

Scènes lyriques en trois actes
Livret de Piotr Ilyitch Tchaikovsky et Konstantin S. Chimlovski 
d'après le poème de Pouchkine

Irina Udalova (Larina)
Maria Gavrilova (Tatyana)
Yelena Novak (Olga)
Galina Borisova (Filippyevna)
Vladimir Redkin (Eugene Onegin)
Nikolai Baskov (Lensky)
Aik Martirosyan (Prince Gremin)
Alexander Arkhipov (Triquet)

Choeur et Orchestre du Bolshoi
Dir. Mark Emler
Mise en scène Boris Pokrovsly

Captation vidéo : Nikita Tikhonov, le 18 octobre 2000
Surtitrages : anglais, allemand, italien, espagnol, français
Sans bonus
TDK 2 DVD


Deux DVD sans bonus, cela fait un deuxième DVD très court. Mais ce n'est pas ce qui fait le plus douter de l'intérêt de la captation vidéo de cette production. Ce n'est pas non plus la mise en scène : très "bolshoienne", elle serait, dit la notice, une reprise d'un production de 1944. On le croit volontiers, tant aucune modernité ne vient entacher un spectacle convenu, certes, sans distanciation, mais magnifiquement orchestré dans ses jeux de foule (splendide scène du bal), et capté avec intelligence et sensibilité. Les costumes sont véritablement somptueux, à peine entachés par quelques noeuds roses ou bleus du plus grand kitsch... Les décors grandioses. Et après tout, l'esprit naturaliste de l'ouvrage s'accommode fort bien de cette lecture au premier degré, d'autant que les interprètes sont parfaits dans leur idiome naturel, ce qui ne serait plus le cas sur une autre scène. 

Rien ne vient contredire, jusque dans le moindre détail, un pot de fleurs à la fenêtre et la beauté du jardin au premier acte, les colonnes de marbre de la salle de bal et l'allure racée mais automate des danseurs au dernier, une lecture qui laisse la première place à la musique et au lyrisme, sans ajouts signifiants mais avec force détails réalistes. Plus russe que russe... et incroyablement efficace pour la compréhension de l'ouvrage et des personnages.

Les chanteurs sont remarquables dans une distribution de haut niveau, où l'on remarque la Tatiana de Maria Gavrilova, presque plus à l'aise dans la noblesse du dernier acte que dans la naïveté du premier, mais qui conduit remarquablement bien la scène de la lettre, et un Onéguine (Vladimir Redkin) survolant son rôle avec prestance et efficacité. Mais on aura été surtout sensible au superbe Lensky de Nikolai Bashkov, subtil et très en forme vocalement. On pourrait demander aussi cette subtilité à l'orchestre, ce n'est pas son fort, mais la fougue et la conviction l'emportent.

Hélas, tout cela est en public... Et quel public ! Russe lui aussi et enthousiaste jusqu'au bout des ongles des mains qu'il ne cesse d'agiter pour applaudir à tout instant, tel lever de rideau, tel air, telle entrée. Cela en devient franchement insupportable, et plombera définitivement toute velléité d'achat pour ceux qui ne supportent pas qu'on ne laisse pas un air aller jusqu'au bout, un son s'évanouir dans ce silence qui est encore de la musique... Rédhibitoire.
  


Sophie ROUGHOL




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