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Giovanni PAISIELLO (1740 - 1816)

PULCINELLA VENDICATO

Farsa per musica in un atto (1765)
Livret : Francesco Cerlone

Révision d'Antonio Florio, d'après l'édition critique d'Alessandro Lattanzi

Série "Tesori di Napoli" (volume 14)

Parution 2002 - Opus 111 - Naïve - CD  N° OP 30 205

Distribution :

Pulcinella : Giuseppe de Vittorio, ténor
Carmosina : Roberta Invernizzi, soprano
Claudia : Maria Ercolano, soprano
Bianchina : Roberta Andalo, soprano
Marioletta : Maria-Grazia Schiavo, soprano
Don Camillo : Rosario Totaro, ténor
Coviello e Mago : Giuseppe Naviglio, baryton
Trafichino : Stefano di Fraia, ténor

Capella de' Turchini
direction Antonio Florio



Pulcinella vendicato ou le triomphe de la sagacité...
 

Très jeune, Giovanni Paisiello connut un grand succès, aussi bien en Italie qu'à l'étranger. Il est surtout réputé pour son Barbier de Séville (1782) d'après Beaumarchais, déjà, qui influença bien évidemment Rossini et aussi Mozart pour ses Noces de Figaro. Ludwig van Beethoven lui-même utilisera une aria de La Molinara "Nel cor piu non mi sento" pour composer une de ses oeuvres. Un autre opéra, créé en 1789, connut un renouveau récent grâce à la superbe interprétation du rôle-titre par Cecilia Bartoli : Nina, ossia la Pazza per Amore.

Paisiello séjourna à Saint-Pétersbourg et fréquenta la cour de Catherine de Russie de 1776 à 1780 (c'est d'ailleurs dans cette ville que fut créé son Barbier). En 1802, Napoléon l'appelant à Paris, il écrira Proserpina - créée en 1803 - pour le Grand Opéra de la capitale.

Ce compositeur prolifique est mort à Naples en 1816 et c'est pour Naples, entre autres, que se passionne Antonio Florio, qui dirige La Capella de' Turchini (nom d'un des couvents fameux de cette ville). Cet ensemble, fondé en 1987, effectue depuis sa création un remarquable travail de recherche et de redécouverte des chefs-d'oeuvre du baroque napolitain des XVIIe et XVIIIe siècles.

On retrouve dans ce disque une partie des chanteurs avec lesquels il se plaît à travailler : Giuseppe de Vittorio, Roberta Invernizzi, Rosario Totaro et Giuseppe Naviglio, pour ne citer que ceux-là, qui avaient par ailleurs participé à un fort joli concert donné le 21 mai 2002 au Théâtre des Champs-Élysées.

Bien qu'Antonio Florio et sa fidèle équipe soient capables d'aborder tous les styles, le ton général de l'oeuvre interprétée ici est délibérément bouffe et se réfère aussi bien à la tradition de la farce napolitaine qu'aux opéras de magie chers au XVIIIe siècle. L'intrigue, assez délirante et embrouillée, mélange à plaisir certains caractères typiques de la commedia dell'arte : Pulcinella, amoureux de la jolie Carmosina, marchande de poissons de Torre Annunciata, avec des personnages fantasmagoriques, comme le Mage enfermé dans une amphore trouvée sur la plage. Pulcinella, prêt à se noyer de désespoir à cause de l'infidélité de Carmosina, qui le trompe avec Camillo, sera sauvé par Claudia et, grâce à la baguette magique extorquée au Mage, s'embarquera avec elle pour d'extravagantes aventures : transformations, tours de magie (Coviello changé en âne, Claudia et Camillo en statues de marbre), vengeance, réconciliation et pardon. Et, bien entendu, la fin de l'histoire sera heureuse.

De manière évidente, Pulcinella vendicato est aussi une parodie d'opera seria qui se plaît à en manier les ingrédients pour mieux les pulvériser et les ridiculiser par la même occasion. C'est aussi un opéra "baroque" au plein sens du terme, puisque le trivial y côtoie le merveilleux en permanence. 

Cette oeuvre courte, à l'écriture dense et rondement menée, est caractérisée par des arie assez brèves, très contrastées et chantées en toscan, en napolitain ainsi qu'en un langage étrange qui semble un mélange des deux. 

Côté chanteurs, le timbre fruité de Roberta Invernizzi (Carmosina) et l'irrésistible abattage de Giuseppe Naviglio qui "cumule" les rôles de Coviello et du Mage font merveille, mais tous les protagonistes seraient à citer tant l'esprit de troupe qui les anime aboutit à une sorte de jubilation, aussi grande sans doute que celle de l'auditeur.

L'orchestre brillant, endiablé, suave et coloré, n'est pas le moindre atout de cet enregistrement, que l'on peut recommander, sans aucune réserve, comme un remède absolu à la morosité.
 
 

Juliette Buch


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