C  R  I  T  I  Q  U  E  S
 
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Luciano PAVAROTTI
Arias by Verdi and Donizetti

Oh ! fede negar potessi... Quando le sere al placido
(Giuseppe Verdi : Luisa Miller)

Ah si, ch'io senta ancora... Dal più remoto esilio
(Giuseppe Verdi : I due Foscari)

Forse la soglia attinse... Ma se m'è forza perderi
(Giuseppe Verdi : Un ballo in maschera)

O figli... Ah, la paterna mano
(Giuseppe Verdi : Macbeth)

Tombe degli avi miei... Fra poco a me ricovero
(Gaetano Donizetti : Lucia di Lamermoor)

Inosservato, penetrava... Angelo casto e bel
(Gaetano Donizetti : Il duca d'Alba)

Spirto gentil
(Gaetano Donizetti : La favorita)

Deserto in terra
(Gaetano Donizetti : Don Sebastiano)

Vienna Opera Orchestra
Edward Downes

DECCA 475 6414
Durée : 47'44

Enregistré à Sofiensaal, Vienne, juin 1968


Le label DECCA édite en version laser quelques bons vieux récitals d'opéra qui sommeillaient dans le dortoir des microsillons et, pour satisfaire la nostalgie de l'auditeur, pousse le raffinement jusqu'à reprendre exactement la pochette de l'époque. C'est donc un Luciano Pavarotti de 33 ans qui nous accueille avec un sourire figé, le visage éclairé par le soleil mais à moitié caché par un mur ; photo prophétique puisque, en cette année 1968, le ténor s'apprête à surgir de l'ombre pour lancer à pleine voix les 9 contre-ut de Tonio dans La fille du régiment. Cette performance, enregistrée en studio quatre ans plus tard avec Richard Bonynge et Joan Sutherland, lui ouvrira les portes de la gloire. Elles ne se sont pas refermées depuis.

Le chanteur, donc en pleine possession de ses moyens, partage équitablement le programme entre Verdi et Donizetti et, sans le vouloir, démontre que son tempérament le porte plus vers Bergame que vers Busseto. Car Luciano Pavarotti privilégie le chant à l'interprétation et ce défaut d'expressivité perturbe plus le compositeur de Luisa que celui de Lucia.

D'un côté comme de l'autre, les récitatifs sont débités platement, sans jeux d'ombre et de lumière pour animer le texte, surexposé. Tous les états d'âme de ces héros romantiques, le désespoir d'Edgardo, l'agitation intérieure de Rodolfo, la rêverie extatique de Riccardo sont traduits de manière similaire. Seuls l'écriture et le commentaire orchestral font la différence.

Mais chez Donizetti, l'air qui suit cède plus souvent à un pur lyrisme dans lequel le ténor retrouve ses marques. Il peut alors déployer ses exceptionnelles qualités : le rayonnement d'un timbre unique, la projection de l'aigu, la facilité d'émission, une énergie incroyable qui balaye toutes les réserves.

Chez Verdi en revanche, le théâtre garde toujours ses droits. Par exemple, "Quando le sere al placido" semble au premier abord une simple cantilène dont la beauté repose, comme dans le bel canto romantique, sur la régularité et la richesse de la phrase mélodique. Et puis brusquement cette apparente félicité est brisée par le "ah mi tradia" qu'il convient alors de rendre avec toute la détresse nécessaire. C'est ici que l'artiste ne tient pas ses promesses. Le chant sombre dans le pathos, des semblants de sanglots heurtent la ligne. Cet effet ne se cantonne pas au seul Rodolfo mais se retrouve aussi chez Macduff, Jacopo, Riccardo, dès que le drame revient sur le devant de la scène et qu'il s'agit d'exprimer le moindre sentiment.

Dans les deux camps, les cadences, bien que spectaculaires, utilisent toujours le même procédé : disparition progressive du son (ce fameux fading qui est devenu la marque de fabrique du tenorissimo), tremolo assorti d'un léger coup de glotte avant le jet sensationnel de la contre-note.

A la longue, il se dégage alors de l'écoute de ce récital une impression de monotonie et pendant que les plages du CD défilent, on se souvient que l'ennui naquit un jour de l'uniformité.
  


Christophe RIZOUD




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