C  R  I  T  I  Q  U  E  S
 
...
[ Historique des critiques CD, DVD]  [ Index des critiques CD, DVD ]
....
......
Domenico SCARLATTI (1685-1757)

1. Te Deum

2. Messe brève « La Stella »

3. Magnificat

4. Stabat Mater

Immortal Bach Ensemble
Lars Baunkilde (vilone), Michael Dücker (Théorbe), Leif Meyer (orgue)
Direction : Morten Schuldt-Jensen

Naxos (Naxos 8.570282)
64’06’’




Scarlatti : une sacrée réussite


Derrière le nom, plutôt incongru, d’Immortal Bach Ensemble se cache, non pas une chorale paroissiale vieillissante, mais un ensemble vocal de grande qualité. L’homogénéité dont ils font preuve n’est pas sans rappeler le Collegium Vocale de Gand de Philippe Herreweghe, qui les supplante toutefois par une sonorité d’ensemble plus directement émouvante. Le très beau programme de ce disque nous rappelle que Scarlatti ne fut pas seulement un maître du clavier (avec plus de 550 sonates à son actif, toutes notées par ses élèves), mais également, dans la première partie de sa carrière, un compositeur avisé de musique vocale de haute tenue.

On retrouve ici un Te Deum pour double chœur (à quatre parties) et continuo, une messe brève destinée au même effectif mais dans laquelle le second chœur est parfois utilisé comme coro ripieno (1), un Magnificat à quatre voix et, pour conclure, un Stabat Mater pour dix voix (réparties en deux chœurs à cinq parties) et continuo.

Si les puristes ne manqueront pas de souligner le léger manque de clarté contrapuntique du Te Deum, c’est surtout l’ingénieur du son qu’il faudra blâmer pour ne pas avoir reculé ses micros qui placent les voix « internes » et les instruments en bien mauvaise posture. Mais la prestation de l’ensemble fait très vite oublier ce petit détail technique.

La Messe brève « La Stella » est très bien interprétée, mais le clou de cet enregistrement est certainement le Magnificat, chanté a capella, avec une maîtrise et une justesse irréprochable. Toute béatitude religieuse est bannie et on ne peut s’empêcher de repenser à l’enregistrement des Motets de Bach par l’Hilliard Ensemble (ECM-2006) qui présente exactement les mêmes qualités. Les amateurs d’émotions fortes trouveront peut-être ce plaisir purement intellectuel, mais on ne peut résister à l’éclairage « intérieur » de la polyphonie de cette pièce ; quitte à y perdre un peu en couleurs.   
Le Stabat Mater est lui aussi très réussi, même si on pourrait rêver de basses un peu plus présentes (Cujus animam gementem). Si une fois de plus les aspirations religieuses de cette musique sont partiellement gommées, on ne peut s’empêcher de se laisser aller à la quasi « ivresse » vocale de certains passages (dans l’Inflammatus et accensus par exemple). Un disque à petit prix à acquérir sans hésiter.



Nicolas Derny

(1) Notons que les interprètes ont choisi d’intercaler entre le Sanctus et L’Agnus Dei un motet d’Elévation (Cibavit nos Dominus) conformément à l’usage en vigueur à l’époque de Scarlatti.


Commander ce CD sur Amazon.fr
[ Sommaire de la Revue ] [ haut de page ]