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Ruggero Leoncavallo

Z A Z A
"Commedia lirica" en quatre actes, livret et musique de Ruggero Leoncavallo
(d'après la comédie du même nom de Berton et Simon). 
Création le 10 novembre 1900, au Teatro Lirico de Milan.

Bongiovanni GB 2289/90-2
Enregistré à Rome, de Septembre à décembre 2000.

"The Rome Philarmonic Orchestra and Choir"
Lisa Houben, Sergio Panajia, Barry Anderson
Direction : Silvano Frontalini

Textes de présentation et livret en italien et anglais
(Durées : CD 1: 79'10 et CD 2 : 68'50)


Ruggero Leoncavallo a composé dix opéras, cinq opérettes, et quantité de mélodies ou chansonnettes, cela peut étonner lorsque l'on ne connaît de lui que ses brûlants Pagliacci ! Déjà dans La Bohème (1897), Leoncavallo révèle l'aspect léger de son inspiration, atteignant dans la peinture de la bohème, une folie loufoque que Puccini ne retient pas ! Cette capacité de peindre l'insouciance et la légèreté se retrouvent dans le tableau du petit monde futile du café-chantant de Zazà. Parallèlement, il est curieux de retrouver, dans les moments dramatiques, le Leoncavallo du lyrisme débordant, ces longues phrases ascendantes des violons, si caressantes si désespérées ! On a alors un sourire un peu ému et l'on se dit : "ah ! ça, c'est vraiment du Leoncavallo ! ".
Il faut reconnaître que, non plus enserrée dans le corset des morceaux fermés, la musique de la Jeune École peut passer rapidement d'un sentiment à l'autre. Évidemment, si cela est un atout dramatique pour les moments sérieux, cela peut dérouter dans les passages de comédie, dans lesquels la musique s'écoule, frivole comme les propos échangés ! Ainsi sont dépeintes les coulisses de la Comédie-Française dans Adriana Lecouvreur et celles de ... l'Alcazar de Saint-Étienne (!) dans Zazà. L'atmosphère se fait plus sentimentale, voire dramatique, dans les deux derniers actes lorsque la morale bourgeoise vient détruire le rêve d'amour de la pauvre Zazà. Leoncavallo nous donne une poignante rencontre entre la chanteuse et une enfant qui se révèle être la propre fille de son amoureux lui ayant bien caché l'existence de sa famille !
Les naïves questions de l'enfant, parlando, trouvent un douloureux écho dans les phrases musicales de Zazà, qui se désespère devant une telle infamie !
Dans ces actes, se trouvent encore les deux airs les plus connus, celui du ténor : "Mai più, Zazà", fatalement égoïste et résigné, et celui du baryton : "Zazà, piccola zingara", amoureux honnête, mais non aimé !

Les quatre faces du précédent enregistrement studio de l'opéra, L.P. Cetra, ne dépassaient pas la durée de 1h.30 mn., contre les 2h.28 mn. de cette nouvelle "intégrale" ! La célèbre firme Cetra s'était assuré le concours de deux interprètes de choix et fort estimés comme Clara Petrella, sensible spécialiste de la Jeune École italienne et le ténor Giuseppe Campora, au timbre naturellement vibrant et chaleureux. Dans le nouvel enregistrement, Lisa Houben décrit admirablement les facettes de Elisabetta, dite "Zazà". Barry Anderson est un Cascart sensible, rendant justice au personnage seul avec son amour, un peu comme le touchant Michonnet de Adriana Lecouvreur. Le Milio Dufresne du ténor Sergio Panajia est parfois poussif et même approximatif, mais parvient à émouvoir dans son grand air du IIIe acte. Les autres joyeux participant à cette comédie où les larmes sont au bord des yeux, forment une équipe valeureuse réussissant à animer ce théâtre dans le théâtre sans théâtre, puisque, une fois n'est pas coutume, la Casa Bongiovanni n'a pas placé ses micros dans une salle vibrante de public. L'orchestre et les choeurs, curieusement intitulés : "The Rome Philarmonic Orchestra and Choir" et non : "Coro ed Orchestra Filarmonica di Roma", sont très efficaces, sous la baguette de Silvano Frontalini, sachant passer de la vanité pétillante du bavardage, aux tendres abandons lyriques dont Leoncavallo brode sa partition avec tant de poésie !

Une intégrale complète (!), fort bienvenue pour souhaiter le centième anniversaire de Madamigella Zazà ... et approfondir la connaissance de son papa, Ruggero Leoncavallo ... 
Et si, bien souvent, les yeux nous picotent, c'est dire la réussite de cette nouvelle version !
  


Yonel Buldrini



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