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Le Châtelet, une renaissance annoncée

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17 juillet 2017
Le Châtelet, une renaissance annoncée

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Lampe de poche à la main, on avance dans le noir en prenant bien garde à ne pas se prendre les pieds dans les trous de climatisation laissés béants au pied des fauteuils enlevés. A chaque pas, on sent la présence des fantômes du temps passé, Chaliapine, Emmy Destinn, Caruso, Charles Trénet, et pour un peu on ne serait guère surpris de retrouver sur scène le bal des Vampires. C’est l’architecte Philippe Pumain, chargé par la Ville de Paris de la rénovation, qui nous fait visiter ce fantastique palais de la Belle au Bois Dormant, auquel il va redonner son lustre d’antan.

Le Châtelet, théâtre éminemment populaire, n’a jamais été une salle consacrée exclusivement à l’opéra, mais a toujours conservé une relation privilégiée avec le domaine lyrique et notamment l’opérette et la comédie musicale [voir l’inventaire du fonds du théâtre sur le site piloté par la BHVP. Mais rien, dans les travaux qui ont commencé au mois d’avril, ne concerne spécifiquement ce domaine particulier. Nous sommes avant tout dans un théâtre pluridisciplinaire et sonorisé (comme Garnier et Bastille !) et l’acoustique n’y constitue donc plus qu’une donnée essentiellement électronique, dont le côté métallique sera simplement un peu atténué par un respect scrupuleux de tout l’environnement de bois.

La sécurité des lieux ayant été jugée « non satisfaisante », une opération de réhabilitation a été décidée par la Ville pour un montant total de 31,5 M€ (dont 5 M€ de mécénat). Il s’agissait essentiellement, au départ, de rénovation, de modernisation et de mise en conformité sur les plans techniques (électricité et climatisation, révision des studios, des régies, des passerelles de circulation et de la cabine de projection), fonctionnels (accessibilité aux handicapés, restructuration des sanitaires notamment féminins, notoirement insuffisants) et scénographiques (pilotage informatique des spectacles sur son immense scène de 24 m sur 35 m grâce à un nouveau logiciel, et augmentation de la portance des perches des dessus, deux postes qui engloutissent déjà plus du quart du budget total de l’opération).

Le bâtiment, dû à l’architecte Gabriel Davioud (auteur notamment en 1878 du Palais du Trocadéro, de la fontaine Saint-Michel, de la rotonde du Panorama national – actuel théâtre du Rond-Point…), a été inauguré en 1862. Il présente aujourd’hui, extérieurement, de nombreux désordres ayant imposé la pose de filets de retenue de pierres disjointes ou s’effritant, essentiellement au droit des corniches et bandeaux, qui seront restaurés. Les couvertures en toiture seront reprises, tandis qu’un maître d’œuvre va bientôt être chargé de la rénovation patrimoniale de la façade principale.
 


La salle du Châtelet comme elle apparaîtra après restauration, verrière allumée © Agence Philippe Pumain / AG&P

Mais ce qui nous intéresse évidemment le plus, ce sont les rénovations qui vont toucher la salle, son hall d’accueil et ses foyers. Des rénovations, la salle en a connues très régulièrement : en 1979-1980 (modernisation de la fosse d’orchestre et des planchers de la scène, suppression des loges de corbeille et installation de nouveaux fauteuils, pour un nombre de places abaissé à environ 2 000) ; en 1988-1989 (amélioration de l’acoustique, du confort et de la visibilité des spectateurs ; certains murs de la salle sont reculés pour augmenter les secteurs correspondants ; un nouveau rideau de scène est commandé à Gérard Garouste, et une fresque pour la galerie extérieure, fermée par des vitres, à Valerio Adami) ; et en 1998-1999 (modernisation de la cage de scène). Mais aujourd’hui, en dehors de la récupération au profit des spectateurs de l’espace technique occupant le centre du poulailler et de la rénovation de l’ensemble des fauteuils, en particulier ceux des amphithéâtres haut et bas, et l’accueil plus confortable des personnes handicapées en fond d’orchestre et à la corbeille, aucune amélioration nouvelle concernant le confort n’est à noter.

En revanche, les édiles parisiens ont décidé de soigner particulièrement le décorum : « Il s’agit de redonner tout son éclat patrimonial et toute sa vigueur architecturale au théâtre du Châtelet », souligne Bruno Julliard, premier adjoint à la Maire de Paris. En effet, confirme Philippe Pumain, le public, privé de cette salle importante pendant plus de deux ans et demi, aurait certainement peu apprécié de ne rien voir de vraiment concret à sa réouverture. Et le domaine patrimonial est justement l’un des domaines où excelle l’architecte. Car s’il a construit des salles nouvelles (dont la salle de concert symphonique du Théâtre Mariinsky à Saint-Pétersbourg), il a également restructuré à Paris le Grand Théâtre de la Maison Internationale à Paris, et surtout le cinéma égyptisant Louxor (1921). Il retrouve au Châtelet son complice du Louxor, Christian Laporte, architecte du Patrimoine (le Châtelet a été inscrit en 1979 à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques).

L’aspect terne, pour ne pas dire glauque de la salle, aux décors empâtés d’un vernis jauni, sera totalement ravivé. Les repeints successifs seront décapés pour retrouver les décors d’origine ou ceux repris en 1899 – travail qui sera effectué dans les principaux espaces publics –, les stucs restaurés et les dorures à la feuille d’or remplaceront la bronzine. La verrière rétro-éclairée du plafond, de même que le lustre ajouté en 1899 seront restitués dans leur état d’origine. Le cadre de scène sera débarrassé des faux balcons.

La suppression des peintures beigeasses quasi uniformément répandues permettra de voir réapparaître les panneaux peints en faux marbre de l’avant-foyer, et la splendeur du foyer qui va retrouver les motifs peints polychromes originels créés par Davioud. La galerie Adami sera remise en valeur. Il est dommage qu’il n’ai pas été possible, pour des raisons financières, d’inclure le Salon des Glaces dans les restaurations – à moins qu’un généreux mécène amoureux de l’Art Nouveau ne le prenne en charge.

Les deux escaliers métalliques « système Chalet » tout à fait incongrus, ajoutés en 1891, que l’on voit de chaque côté du hall d’entrée, avaient déjà été amputés en 1979 de leur partie supérieure. Devenus inutiles du fait d’installation de nouveaux accès intérieurs, ils seront démontés et l’un au moins réinstallé ailleurs dans Paris, peut-être tout près pour servir d’accès aux rives piétonnières de la Seine.

À  l’automne 2019, le Châtelet bénéficiera donc à la fois d’une installation technique au plus haut niveau, et d’un décor digne du prestige de ce lieu d’importance historique cher au cœur des Parisiens. La direction bicéphale récemment nommée – Thomas Lauriot dit Prévost, directeur général, et Ruth Mackenzie, directrice artistique –, aura donc à sa disposition un magnifique outil qui, la Ville l’a promis, « restera fidèle à son identité de production et de création ».

Pour plus de détails, voir le blog du Châtelet

 

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