Elle était de ces artistes qui ont marqué une génération d’amoureux de l’opéra. Avec sa voix ample, son tempérament incandescent et son intelligence musicale, Béatrice Uria-Monzon s’est imposée rapidement comme une figure incontournable de la scène lyrique française
C’est bien sûr dans le rôle de Carmen que le grand public l’a découverte, et c’est dans ce rôle qu’elle a construit une légende. Ni gitane folklorique ni vamp caricaturale, sa Carmen dégageait une modernité farouche, une sensualité sans fard, portée par une voix à la fois sombre et vibrante. Au fil des ans, elle a chanté le rôle plus de 250 fois, sans jamais céder à la facilité, renouvelant sans cesse son incarnation avec une intensité intacte.
Mais réduire Béatrice Uria-Monzon à Carmen serait ignorer l’étendue d’un répertoire qu’elle n’a cessé d’élargir au-delà de son mezzo-soprano originel jusqu’au lirico-spinto (Tosca, Gioconda, Santuzza…). De Massenet à Saint-Saëns, de Berlioz à Wagner, de Verdi à Puccini, elle a abordé des rôles exigeants avec la même honnêteté artistique, refusant les effets faciles, creusant les personnages avec profondeur, leur apportant une dimension fière, pour ne pas dire farouche, et indomptable. Fidèle aux scènes françaises – Opéra de Paris, Capitole de Toulouse, Marseille, Bordeaux, Strasbourg –, elle n’en a pas moins chanté dans les plus grandes maisons internationales, de Madrid à Milan.
Béatrice Uria-Monzon aurait eu 62 ans ce 28 décembre.