Alors que la première de la Damnation de Faust doit avoir lieu à l’opéra Bastille mardi 8 décembre, son metteur en scène, Alvis Hermanis, est au cœur d’un tollé outre-Rhin. Et pour cause, le letton s’est désengagé d’une production au Thalia Theater d’Hambourg en invoquant « des raisons personnelles ». Ce qui provoque l’esclandre est la nature même de ces raisons : le soutien de cette scène prestigieuse en faveur de la politique d’accueil des migrants en Allemagne. Entre communiqués et droit de réponse dans la presse, le metteur en scène tente de justifier son point de vue et s’enfonce : actuellement à Paris ce « père de famille de sept enfants » ressent la paranoïa et la peur qui s’est emparée de la ville (comparable avec la vie à Jérusalem écrit-il) où « les juifs sont abandonnés par la ville » (sic), condamne la politique d’accueil en Allemagne car elle ne fait pas le tri entre réfugiés et terroristes, a fortiori dans la ville d’où étaient originaires les auteurs des attentats du 11 septembre 2001 contre le World Trade Center. Il va même jusqu’à faire le lien direct entre l’ouverture des frontières aux réfugiés et l’assassinat de 132 personnes dans les rues de Paris et au Bataclan le 13 novembre dernier. C’est le moment où l’on cesse de sourire à ce qui semblait être une petite crise de parano dans un contexte où nous sommes tous parfois victimes de nos émotions. Un petit tour sur la page Facebook du metteur en scène finit de soulever le cœur (voir les captures d’écran réalisées par @lalon_sander sur Twitter). Plus de doutes possibles sur la pensée profonde de l’individu. On ne saurait que trop lui conseiller d’embarquer à bord de la prochaine navette pour Mars. Là-bas, il sera en sécurité.
