Malade, il avait jeté l’éponge pour le programme tchèque qu’il devait diriger au pupitre du l’Orchestre Symphonique de la Monnaie le 12 février prochain – le jeune Antonio Méndez le remplacera. La nouvelle vient de tomber : Gerd Albrecht, né en 1935, est décédé ce dimanche 2 février à Berlin.
S’il ne s’imposa pas, chez nous, comme le plus médiatique des chefs, son impressionnant CV et son legs discographique, inestimable, laissent rêveur : vainqueur du Concours de Besançon à l’âge de 22 ans, il devient Generalmusikdirektor de la ville de Lübeck en 1961 (le plus jeune d’Allemagne) puis de Kassel, de 1966 à1972. Ständiger Dirigent de la Deutsche Oper de Berlin (1972-1976), il marque également l’histoire de la Tonhalle de Zürich (1975-1980) et de l’opéra de Hambourg (1988-1997). En 1993, élu par les musiciens, il succède à Jíři Bĕlohlavek à le tête de la Philharmonie Tchèque, devenant ainsi le premier « étranger » à occuper le poste. Un litige avec le président Václav Havel le contraint à quitter ses fonctions moins de trois ans plus tard. Il est réinvité à se produire avec la phalange praguoise à partir de 2004, à l’issue d’un mandat à Copenhague – DR Radiosymfoniorkestret.
Au disque, outre de nombreuses gravures brahmsiennes, il révèle les opéras les plus méconnus de Dvořák, et un grand nombre de chefs-d’œuvre de Schreker, Zemlinsky, Korngold, Schulhoff, Wellesz, Křenek, Hindemith, Ullmann, Schoeck, etc. Autant de références rarement détrônées. Il joue également le rôle de passeur auprès des plus petits en écrivant quelques livres pour enfants, en présentant des programmes spécialement conçus pour le jeune public, et en finançant de sa poche d’innovants projets éducatifs (dès la crèche !). Une autre manière de faire vivre la musique longtemps après lui…