Festival de Bayreuth : toujours des incertitudes

Comme le rapporte le site Backstage Classical, des rumeurs inquiètes n’en finissent pas de circuler dans les couloirs du Festspielhaus : « Le Festival de Bayreuth pourrait ne pas avoir lieu en 2028. » La crise que traverse l’un des symboles majeurs de la culture allemande, semble toujours aussi profonde.
En cause, une hausse des coûts salariaux et de production d’environ 1,2 million d’euros par an, que les actuels partenaires financiers ne peuvent absorber. Le festival repose sur un équilibre fragile entre l’État fédéral, le Land de Bavière (2.4 M € chacun), la Ville de Bayreuth et la Société des amis du Festival. Or, la structure juridique qui lie toutes ces subventions est très contraignante : le Land ne peut augmenter sa contribution que si Berlin en fait autant. Or on sait que la directrice Katharina Wagner a déjà engagé une politique d’austérité : réduction du chœur, du nombre de productions et des coûts de répétition.
Autre exemple : pour l’an prochain et les 150 ans du Festival, 600 000€ ont été économisés grâce à l’utilisation de l’IA dans la mise en scène du Ring dirigé par Christian Thielemann. Mais ces mesures ne suffisent pas. Le désengagement progressif de la Ville et les difficultés financières de la Société des amis du Festival, dont la participation a chuté de 29 % à 13 %, aggravent encore la situation.
Pour sortir de l’impasse, plusieurs voix plaident pour une refonte complète de la structure d’actionnariat, en faisant du Land de Bavière l’unique partenaire institutionnel, tandis que l’État fédéral, la Ville et la Société des amis apporteraient des contributions ponctuelles. Mais cette réforme se heurte à la résistance de la Société des amis du Festival, soucieuse de conserver son influence historique sur la programmation.
À court terme, le risque est clair : sans réforme structurelle et engagement politique fort, le festival pourrait ne plus être solvable dès 2028.
Au-delà de Bayreuth, cette crise met en lumière la fragilité du financement public de la culture en Allemagne et la tension croissante entre prestige artistique et contraintes budgétaires.