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Le classique, surprenante obsession des jeunes au Royaume-Uni

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Brève
21 janvier 2023

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C’est l’objet d’un récent article de BBC Culture – GenZ and young millennials’ surprising obsession – qui prend pour point de départ une étude initiée par le Royal Philharmonic Orchestra. Cette enquête du RPO révèle que les jeunes de moins de 35 ans sont plus enclins à écouter à un rythme quotidien de la « musique orchestrale » que leurs aînés, une tendance qui a augmenté ces 5 dernières années. Radio, plateformes numériques, podcasts, tous ces modes de consommation indiquent une hausse du contenu classique.

Devant de tels résultats, la BBC recense de nombreuses explications : la pandémie, l’efficacité des algorithmes développés par les plateformes audio ou vidéo, la présence du répertoire classique dans la culture pop (jeux vidéo, séries telles que The Squid Game) et enfin une nouvelle génération d’artistes qui réinventent les codes de la communication, grâce aux réseaux sociaux.

Les artistes de la génération Z

Le papier de la BBC met en avant 4 artistes dont la démarche illustre bien cette nouvelle approche, en commençant par la violoniste française Esther Abrami. Elle compte 250.000 followers sur Instagram et près de 400.000 sur Tiktok. L’envie de partager sa passion a trouvé dans les réseaux sociaux le moyen de toucher une audience très différente de celle qui vient au concert. Elle a été complètement surprise par les réactions positives reçues.

Babatunde Akinboboye, baryton américain d’origine nigérienne, se décrit comme artiste hipopéra. Il a découvert que « Largo al factotum » colle très bien à la rythmique d’un tube du rapeur Kendrick Lamar. Il a posté une vidéo illustrant son amusante association et s’est réveillé le lendemain assailli de retours positifs. Vous préférerez sans doute la version de Michael Spyres, mais Babatunde compte 680.000 fans sur Tiktok et sa vidéo a été vue 10 millions de fois dans le monde entier. Et presque chaque jour, il reçoit un message disant : « j’ai vu mon premier opéra aujourd’hui ! ». Comme Abrami, il s’est formé au classique en dehors des parcours académiques officiels. Ce qu’ils partagent dans leur communication semble dès lors plus accessible à un large public.


Babatunde Akinbboye © DR

La pianiste britannique Harriet Stubbs a suivi un cursus classique mais la pandémie l’a amenée à repenser son activité de concertiste, mise à mal par le confinement. Pendant cette période pénible, elle ouvrait les fenêtres de son rez-de-chaussée londonien, amplifiait son piano et a donné 250 concerts quotidiens pour les passants, touchés par la beauté de ce qu’ils entendaient.

Dernier exemple, Jakub Józef Orliński, nous est plus familier, tout comme l’univers visuel qu’il soigne particulièrement pour ses albums. « J’aime raconter des histoires », explique-t-il.


 

Les nouveaux prescripteurs

Quand la famille n’a pas initié la flamme de la passion pour la musique, le rôle des « passeurs » reste essentiel, ces personnes qui vous initient à la beauté de l’art et au plaisir de partager les émotions que cela éveille. 

Partager, justement, voilà une action au centre des réseaux sociaux. Pour un adolescent du XXI° siècle, si son ami sur Tiktok lui dit : « écoute ce truc de Mozart, tu vas kifer », ce sera sans doute plus efficace qu’un CD offert à Noël par la tante Amélie. 

Toutes les plateformes deviennent maintenant des prescripteurs, éveillant en nous la curiosité de découvrir de nouvelles musiques, de nouveaux films, comme de nouveaux livres d’ailleurs. Après Booktube et Bookstagram, Tiktok a développé #Booktok, qui explose avec plus 5 milliards de vues ! Dans la foulée, #Classictok a maintenant vu le jour et compte déjà 53,8 millions de suiveurs.

 

Le plus beau des contenus

Ces tendances éminemment réconfortantes montrent combien la musique classique, et l’opéra en particulier, doivent encore lutter contre les préjugés d’élitisme, leur image passéiste, les rituels du XIX° siècle encore en vigueur pour les concerts classiques, le cloisonnement, l’enfermement dans des lieux qui semblent inaccessibles et une formation professionnelle encore trop déconnectée de la réalité artistique du monde d’aujourd’hui. 

Les nouveaux adeptes découvrent, éblouis, l’inépuisable richesse de ce répertoire nourri de 4 siècles de chefs-d’œuvre, sa capacité toujours intacte à nous émouvoir, sa profondeur et même les réponses qu’il peut apporter à une quête de spiritualité.

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