Au micro de Mehdi Mahdavi, pour son podcast Croisées la soprano Sandrine Piau décrivait sa voix comme jeune et claire, l’amenant à interpréter des rôles juvéniles et parfois triomphants. Or souligne le décalage entre son âge réel et ces rôles, y voyant le charme du théâtre comme « transposition de la réalité« . Pour Piau, tant qu’on peut percevoir l’enfant dans le visage d’un adulte, il y a une forme de salut partagé. La perte de cette étincelle d’enfance, elle la compare à la perte terrifiante d’écailles dorées (c’est beau comme du Maeterlinck dont Piau venait de chanter la Mélisande. Cette sensibilité à embrasser sa part d’enfance guide la vie de l’artiste et nourrit son attachement à Mozart, chez qui elle la ressent en permanence.
Transcription littérale
Moi j’ai une voix jeune qui sonne clair, en tout cas pas quand je parle, mais quand je chante, j’interprète donc des rôles jeunes, je me retrouve dans des archétypes un peu triomphants, un peu jeunes, un peu clairs ou un peu tristes quand même, tout en étant moi-même évidemment beaucoup moins jeune. Mais ça, c’est aussi le charme du théâtre. On n’est pas dans la réalité, on est dans une transposition. Et moi je me dis que tant qu’on peut voir le visage d’un enfant dans un adulte, on est sauvé et lui aussi. Ça me terrifie, quand je ne peux plus voir l’enfant dans le regard de quelqu’un, je me dis qu’il a perdu un bout de ses écailles dorées, un bout de ses rêves. Et ça, c’est une chose qui… qui m’accompagne dans la vie, c’est à dire qu’on vieillit, on l’assume, on change. Mais cette part d’enfance me plaît et je trouve que chez Mozart, la part d’enfance, on la sent toujours. Et c’est ça qui me raccroche très fortement à ce compositeur.