C’est un baptême du feu. Le rideau à peine tombé sur son formidable Mustafa queer dans L’Italiana in Algeri à Pesaro, Giorgi Manoshvili enchaîne avec un autre rôle haut en couleurs : Escamillo, le matador bravache de Carmen dans l’espace gigantesque des Arènes de Vérone. Puissance vocale et forte présence scénique, deux des conditions requises pour donner caractère au personnage, sont indispensables sur cette scène d’une taille supérieure à la moyenne. Conditions nécessaires mais non suffisantes : Escamillo veut aussi une voix chaude et solide dans le registre médian, un aigu brillant, une maîtrise de la diction et du style français, un sens du rythme marqué (car l’air du Toréador repose sur une pulsation régulière, presque martiale), et avant tout du panache. Un nouveau défi pour la jeune basse géorgienne qui en une poignée d’années* a réussi à se classer parmi les meilleurs de sa catégorie.
Giorgi Manoshvili devrait retrouver Escamillo à Milan à la fin d’une saison qui le mènera de Hambourg (Farlaf dans Rouslan et Ludmila) jusqu’à Londres et New York (Colline dans La Bohème) avec un seul passage en France : Massimiliano dans I Masnadieri en version de concert à Marseille le 8 février 2026 (annoncé dans Norma au Théâtre des Champs-Elysées le 8 janvier prochain, il sera finalement remplacé par George Andguladze).
* Sa formation à l’Accademia Rossiniana de Pesaro date seulement de 2021