Retour à Venise pour Krenek

Du 29 septembre au 7 octobre, le Teatro Malibran affiche Cefalo e Procri, opéra de chambre d’Ernst Krenek. Cette programmation n’est pas le reflet d’un simple engouement pour ce que les nazis appelèrent « Art dégénéré », mais bien une démarche patrimoniale, puisque c’est à Venise, au Teatro Goldoni, que l’œuvre fut créée en septembre 1934. En 1930, sous Mussolini, à la célèbre Biennale d’art s’était ajoutée Festival international de musique contemporaine, qui n’hésitait pas à donner des œuvres en création italienne – La Femme sans ombre, par exemple – et à passer commande auprès de compositeurs vivants (la « Mostra » cinématographique ne viendrait, elle, qu’en 1932). En 1934, pour la troisième édition de cette Biennale Musica, l’œuvre commandée à Krenek, sur un livret inspiré des Métamorphoses d’Ovide, fut dirigée par Hermann Scherchen, le chef initialement prévu ayant déclaré forfait face au style dodécaphonique de la partition. Pour sa résurrection, la Fenice a décidé de faire le grand écart temporel en l’associant au lamento de Procris tiré de l’opéra Les Amours d’Apollon et de Daphné, de Cavalli.