Voix d’airain et diction d’orfèvre, Robert Massard appartient à cette génération d’artistes qui ont fait de l’opéra un art populaire sans renoncer à l’exigence. Né à Pau le 15 août 1925, il traverse le siècle avec la constance des classiques. Formé à Bordeaux, révélé dans les années 1950, il s’impose rapidement comme l’un des piliers de l’Opéra de Paris, où son Valentin de Faust ou son Escamillo dans Carmen laissent un souvenir éclatant.
Car c’est dans le répertoire français qu’il excelle, donnant à Hamlet, Hérodiade, Werther ou Les Pêcheurs de perles une couleur vocale à la fois noble et ardente. Massard incarne ce baryton « à la française », fait de clarté, de tenue et d’élégance. Il défend aussi avec passion la musique de son temps, de Poulenc à Rabaud, et ne recule jamais devant l’audace, tant que l’art prime.
S’il s’est illustré sur les grandes scènes internationales — Covent Garden, La Scala, Carnegie Hall, Teatro Colon — c’est sans jamais céder à l’esbroufe. Son style : la sincérité du chant, la fidélité au texte, et cette présence calme, qui force le respect sans l’imposer.
En dehors de la scène, il fut un passeur. Professeur recherché, mentor respecté, il a formé de nombreuses générations de chanteurs au fil des décennies, transmettant non seulement un savoir-faire, mais une éthique du métier : l’humilité face à la musique.
Aujourd’hui centenaire, Robert Massard reste une figure tutélaire, témoin vivant d’un âge d’or du chant français. En ces temps où les voix passent plus vite que les saisons, la sienne résonne encore comme un repère — solide, fidèle, inspirant.
Joyeux anniversaire, Monsieur Massard.