Les mythes de l’Inde à l’opéra, voilà un beau sujet, et qui est bien antérieur au Flowering Tree de John Adams. On sait que Wagner ne mena jamais à bien son projet sur la légende bouddhique de Prakriti et Ananda, mais d’autres parvinrent à composer en s’appuyant sur certaines figures de l’hindouisme. Padmâvatî d’Albert Roussel (1923) est sans doute le plus connu, ou plutôt le moins méconnu, mais il avait été précédé par le plus rare Sakuntala d’Alfano (1921, voir notre brève). Et voilà que la bonne ville de Cobourg nous révèle le Savîtrî de Gustav Holst, tout aussi hérissé d’accents circonflexes que Padmâvatî. Cet opéra de chambre inspiré par le Mahâbhârata, conçu pour des exécutions en plein air, fut créé par des amateurs en 1916 ; Holst s’y était repris à six fois avant d’arriver enfin à composer un opéra. Trois chanteurs, un chœur de femmes bouche fermée, douze instrumentistes : ces effectifs légers devraient inciter d’autres théâtres à tenter l’expérience, d’autant qu’il en existe pas moins de trois versions au disque, pour qui voudrait y jeter une oreille.
Savîtrî, de Gustav Holst, Coburg Landestheater, 5 représentations du 22 juin au 17 juillet, couplées avec Orfeo ed Euridice de Gluck.