Forum Opéra

Beethoven – Lieder & Bagatelles

Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
15 octobre 2015
Voix non parallèles

Note ForumOpera.com

2

Infos sur l’œuvre

Détails

Ludwig van Beethoven

Bagatelles op.126

An die Hoffnung op.32 et 94

Lied aus der Ferne WoO 137

Zärtliche Liebe WoO 123

An die ferne Geliebte op.98

Adelaide, op.46

Der Kuss, op.128

Wonne der Wehmut op.83

Resignation WoO 149

Werner Güra

Ténor

Christoph Berner

Pianoforte Streicher 1847

Enregistré à Vienne en septembre 2014

CD HARMONIA MUNDI HMC 902217, 63’

Certains disques posent au critique des problèmes insolubles. On se réjouissait de retrouver Werner Güra, un des plus grands noms actuels dans le domaine du lied. Qui plus est, dans un programme sortant des sentiers battus, parce que les œuvres de Beethoven dans ce genre précis sont loin d’être les plus connues et les plus enregistrées. Et on n’est pas déçu : le choix de programme est pertinent, avec des pièces qui s’étalent sur toute la carrière du maître, et l’excellente idée d’offrir les deux versions de An die Hoffnung (les opus 32 et 94). Le cycle An die ferne Geliebte est évidemment présent, mais il prend encore plus de sens entouré comme il l’est ici des morceaux qui le précèdent et qui le suivent dans la carrière du maître. Vocalement, on est dans une espèce de paradis : le souffle semble infini, le timbre est plus ductile et séduisant que jamais, la diction ne laisse rien échapper du texte, qui est dit et compris avec une intimité phénoménale. Werner Güra assure, avec une fraîcheur sur laquelle le temps ne semble avoir aucune prise.

Le hic, c’est qu’il y a un accompagnement à cette voix. Loin de nous l’idée de jeter la pierre au pianiste lui-même : Christoph Berner est un musicien intelligent et sensible, dont le toucher sait s’orner de mille nuances. Mais qui donc a eu la folle idée de lui faire jouer d’un instrument aussi inadapté que ce Streicher de 1847 ? Les pianos anciens ont leur légitimité, et ils ont apporté beaucoup à Schubert ou à Haydn. Mais on touche ici les limites du genre : Beethoven réclame une ampleur et une virilité du son qui sont tout simplement impossibles à atteindre pour une mécanique qui tremble dès qu’on dépasse le mezzo forte. Le preneur de son l’a bien compris, et s’emploie avec talent à reléguer le pianoforte le plus loin possible derrière la voix. Hélas, le directeur artistique (le même que celui qui a choisi le pianoforte ?) a eu l’exécrable idée d’intercaler des pièces purement instrumentales entre les moments vocaux. Aucun claquement, aucune stridence, aucune raucité ne seront donc épargnés à l’auditeur. Dans la bagatelle op.126/1, la cacophonie atteint un niveau qui fait penser à certains empilements d’accords de la musique contemporaine la plus pointue. Une association intéressante, mais on doute que ce soit ce que Beethoven ait réellement souhaité. Voilà un cas très intéressant de « fidélité infidèle », pour paraphraser Jacques Derrida.

Au total, on a un disque presque impossible à noter. Le résultat final est ingrat au possible, mais il faut saluer l’engagement du chanteur, les efforts du pianiste pour tirer le meilleur parti de son instrument, la qualité de la prise de son et l’élégance de la présentation (en couverture, une peinture de Caspar David Friedrich parfaitement idoine !). Deux cœurs, c’est un compromis.

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.
beethovengura

Note ForumOpera.com

2

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Détails

Ludwig van Beethoven

Bagatelles op.126

An die Hoffnung op.32 et 94

Lied aus der Ferne WoO 137

Zärtliche Liebe WoO 123

An die ferne Geliebte op.98

Adelaide, op.46

Der Kuss, op.128

Wonne der Wehmut op.83

Resignation WoO 149

Werner Güra

Ténor

Christoph Berner

Pianoforte Streicher 1847

Enregistré à Vienne en septembre 2014

CD HARMONIA MUNDI HMC 902217, 63’

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

La Musique souvent nous prend comme une mer

L’art de combiner les mots d’une manière agréable à la pensée
LivreSWAG

Sacrati : La finta pazza, par la Cappella Mediterranea

Le sacre de Sacrati
CDSWAG

Rameau, Nouvelle symphonie – Minkowski, Sempey

Belle revanche
CDSWAG

Les dernières interviews

Le questionnaire de Proust de Konstantin Krimmel

Interview

Renée Fleming : « À ce stade de ma carrière, tous mes rêves se sont réalisés ! »

Interview

Giovanni Antonini : « Il faut croire au pouvoir des mots »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

Augusta Holmès, la nouvelle Orphée

La difficulté de renaître
Livre

Jessye Norman – Les inédits

Une grande dame en son jardin
Jessye NORMAN
CD

La Musique souvent nous prend comme une mer

L’art de combiner les mots d’une manière agréable à la pensée
LivreSWAG

Johann Sebastian Bach : Le voyage à Naples

Cantates et motet pour soprano et alto
Marie PERBOST, Paul-Antoine BÉNOS-DJIAN
CD