Mon meilleur souvenir dans une salle d’opéra ?
En tant que petite Frenchie , avoir été la première française à revenir au Met déserté par les françaises depuis de nombreuses années , et être ovationnée dans cette ville , et dans cette salle mythique à New York pour ma première Lucia, cela reste un moment fort de ma carrière. J’en ai encore des frissons ! [saison 1999-2000]
Mon pire souvenir sur scène ?
C’était à Toulouse où j’ai tout d’abord fait quelques petits rôles ! C’était dans Don Quichotte. J’avais un tout petit rôle de garçon dans une mise en scène de Nicolas Joël. A un moment donné j’ai glissé sur de l’eau sur scène et j’ai presque fini dans la fosse d’orchestre ! Un autre vilain souvenir c’est à l’Opéra-Comique ; je chantais Rosine en français ; un figurant a ouvert une porte qui m’a cogné le front et le nez et je me suis mis à saigner sur scène !
Le chanteur du passé avec lequel j’aurais aimé me produire.
Joan Sutherland incontestablement. Elle a été merveilleuse avec moi, ainsi que son époux Richard Bonynge. J’aurais été très honorée de chanter avec elle. Elle est venue à toutes mes Sonnambula de Madrid où son époux dirigeait. C’était une personne merveilleuse.
Le metteur en scène dont je me sens le plus proche ?
Un bon metteur en scène c’est quelqu’un qui vous fait prendre conscience de certaines choses dans une œuvre, qui vous ouvre l’esprit. Je pourrais citer Hugo de Ana, Pierre Audi ou encore Laurent Pelly. Et puis David McVicar, avec lequel j’ai reçu une incroyable direction d’acteur et qui m’a impressionné tant il connaissait la partition quasi par cœur…c’était exceptionnel. Mais j’aurais beaucoup aimé travaillé avec Michel Fau que j’ai eu le plaisir de croiser lors d’une de mes Borgia au Capitole.…
Le chef ou la cheffe qui m’a le plus appris ?
J’ai beaucoup appris avec Marc Minkowski. tous les deux nous aimons bien aller dans la précision. Mais aussi William Christie , Zubin Metah , Georges Prêtre ou encore James Levine. Il y a en a eu beaucoup avec lesquels j’ai eu le privilège de travailler . Et beaucoup de chefs plus jeunes et talentueux ; la liste est longue…
Mon pire souvenir avec un chef ?
J’ai un seul mauvais souvenir en 40 ans , mais je ne préfère pas le nommer.
La ville où je me sens chez moi ?
Paris – j’y habite encore ; je traverse le centre de Paris à pied pour aller travailler avec mes jeunes c’est un grand privilège.
La ville qui m’angoisse ?
Saint-Etienne. Quand j’ai connu cette ville mais c’était il y a longtemps, il y avait une atmosphère que je trouvais un peu plombante.
Ce qui, dans mon pays, me rend le plus fier ?
Je ne sais pas si c’est une fierté mais je suis heureuse d’être née dans une famille où il y avait un beau rapport à la nature et dans laquelle on pouvait prendre le temps. J’ai l’impression que dans beaucoup de pays ce n’est pas comme ça. J’étais une enfant un peu dans son monde, un peu ailleurs ; mon rythme d’alors n’aurait certainement pas été accepté ailleurs, aux Etats-Unis par exemple.
A part chanter, ce que j’ai dû faire de plus compliqué sur scène ?
Non on peut tout faire, il suffit d’être disponible.
Si je pouvais apprendre un instrument du jour au lendemain, lequel serait-il ?
Du point de vue artistique le violoncelle. Du point de vue « utilitaire », le piano.
Un opéra dont j’aurais voulu être la créatrice du rôle-titre ?
Otello de Verdi pour Desdémone
Si l’étais un Lied ou une Mélodie.
Non t’amo più, la mélodie de Tosti.
Le compositeur auquel j’ai envie de dire “mon cher, ta musique n’est pas pour moi” ?
Pierre Boulez. Autant j’ai chanté de la musique répétitive, comme Steve Reich, autant Boulez je n’y arrive pas.
Ma personnalité historique préférée.
Léonard de Vinci
Mon pire souvenir historique des 40 dernières années.
Toutes les guerres, parce que j’ai du mal à comprendre comment des hommes peuvent faire autant de mal à d’autres hommes. C’est une grande souffrance.
Mon plus grand moment de grâce face à une œuvre d’art.
J’ai eu beaucoup de moments de grâce face à des tableaux, mais surtout devant des paysages de nature.
Le livre qui a changé ma vie ?
Pas un livre mais une citation : « L’affection que l’on porte à une personne ne donne pas accès aux abysses secrets qui la fondent ; aimer constitue le contraire de connaître, aimer revient à fréquenter un mystère, surtout pas à le résoudre, encore moins à le dissoudre. L’amour est un respect passionné envers ce qui nous échappe (E.-E. Schmitt). »
Le rôle que je ne chanterai plus jamais et que je regrette le plus.
Lucia di Lammermoor
Ma devise
Un état de conscience plutôt : « apprendre de ses erreurs , toujours avancer, toujours se relever ».