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BEETHOVEN, Fidelio – Berlin (Staatsoper)

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Spectacle
1 novembre 2023
Mettre en scène Fidelio ?

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Opéra en deux actes

Livret de Joseph Sonnleithner

Créé à Vienne (Theater an der Wien) le 20 novembre 1805 (pour la première version)

Détails

Mise en scène

Harry Kupfer

Décors

Hans Schavernoch

Costumes

Yan Tax

Lumières

Olaf Freese

 

Don Ferrando

Roman Trekel

Don Pizarro

Tómas Tómasson

Florestan

Andreas Schager

Leonore

Sally Matthews

Rocco

Christof Fischesser

Marzelline

Evelin Novak

Jaquino

Florian Hoffmann

 

Staastopernchor

Staatskapelle Dresden

Direction musicale

Markus Poschner

 

Berlin (Staatsoper), vendredi 28 octobre 2023, 19h30

 

 

 

 

Fidelio serait-il un opéra injouable ? Impossible à mettre en scène ? Telles ont été les questions que le metteur en scène berlinois Harry Kupfer, mort à Berlin en 2019 à l’âge de 84 ans a dû se poser en 2016 en s’attaquant pour la seconde fois (la première était, toujours à Berlin, pour le Komische Oper) au seul opéra composé par Beethoven. Sa proposition marque en effet une incapacité (peut-être feinte, le saura-t-on ?) à intégrer pleinement l’œuvre dans son entièreté, à la posséder, à se la faire sienne, l’intégrer intellectuellement, avant de la restituer au public au travers d’une mise en scène qu’il faudrait alors discuter. Car de mise en scène aboutie, il ne saurait être question dans cette 19e représentation à laquelle nous assistons au Staatsoper de Berlin. Mise en scène non aboutie mais assumée comme telle. On assiste deux heures durant à un jeu étrange, sorte d’allers et retours entre une tentative de véritable mise en perspective, avec décors, costumes, et jeu d’acteurs d’un côté et, de l’autre côté, comme un renoncement à ce jeu : ce sont les moments où les protagonistes, tous sans exceptions, y compris les prisonniers/choristes, reprennent en main la partition de Fidelio, voire, à la fin du second acte, se replacent selon la disposition de solistes et chœurs interprétant un oratorio. A la toute fin donc, une immense tenture, aperçue quelques secondes seulement au lever du rideau, et représentant la grande salle du Musikverein de Vienne, se remet en place, et l’immense piano de concert sur lequel un buste en plâtre de Beethoven est posé, est replacé au centre de la scène qu’il n’avait en fait jamais quittée.
Cette mise en scène interroge bien sûr et renvoie à notre question initiale : non, certes, Fidelio n’est pas injouable, mais toutes les façons de le jouer, de le mettre en scène, ne font que renvoyer vers l’insatisfaction permanente de Beethoven face à son seul opus opératique. C’est ainsi qu’il faut peut-être aussi comprendre la proposition de Kupfer, qui se ferait en quelque sorte l’interprète de Beethoven et rendrait visible ses innombrables questionnements, eux-mêmes révélateurs des faiblesses de la pièce.
Quoi qu’il en soit, le résultat est esthétiquement réussi : le plateau, les murs, sauf au tout début et pour la scène finale où nous nous retrouvons au Musikverein, sont noir anthracite. Nous sommes bien dans une prison, puis dans une cellule où rôde la mort. La conduite d’acteurs est pertinente, fluide, sans effet excessif .

© Bernd Uhlig
Si le public a ovationné debout au moment des saluts, c’est bien sûr à cause de l’émotion de revoir une mise en scène qui a marqué la scène berlinoise, mais c’est surtout pour un plateau vocal de très haut niveau et ne présentant aucune faiblesse. C’est presque Andreas Schager en Florestan qui nous aura le plus interrogé. Sa performance frôle la perfection, n’en disconvenons pas. Son « Gott » piano et si haut perché, qui ouvre le second acte et l’arioso, nous restera longtemps en mémoire. La présence physique est toujours là, l’attention aux partenaires (sa Leonore, beaucoup plus fragile que lui) toujours autant appréciable. Mais ce que nous aurions aussi aimé entendre, c’est l’extrême faiblesse d’un Florestan affamé, épuisé, amaigri. Le Florestan de Schager est biberonné aux vitamines et la crédibilité du personnage en pâtit. Plaidons aussi que nous avons coutume de le voir et l’entendre en Siegfried ou Tristan, ses deux rôles du moment, ce qui peut fausser l’appréciation.
Leonore est tenue par Sally Matthews. La soprano britannique a un peu peiné à entrer dans le rôle, sa prononciation de l’allemand dans les récitatifs parlés n’est pas exempte de reproches, mais son aria « Komm, Hoffnung » fait briller toutes ses qualités, notamment d’expressivité et de chaleur. Au II, le duo avec Florestan (« O namenlose Freude ») est une pure merveille d’harmonie.
Louons également la prestation de la Marzelline d’Evelin Novak. Nous l’avions découverte en Woglinde dans le dernier Ring berlinois signé Tcherniakov ; le premier acte lui donne ici une partie plus ample grâce au duo avec Jaquino et surtout son air « O wär ich schon mit dir vereint » où l’expressivité et le timbre font merveille. Le Jaquino de Florian Hoffmann se hisse à la hauteur de celle qu’il courtise (et ce n’est pas un mince compliment). Mention toute spéciale pour le Rocco de Christof Fischesser à la basse voluptueuse et chantante. Tómas Tómasson est un Pizarro qu’on adore détester. Le timbre est tranchant et la projection solide. Rien à redire à Roman Trekel qui, en Ferrando, vient remettre les choses à leur place.

Le chœur d’hommes est un régal à entendre dans « O weiche Lust », le chœur de femmes, à la partie plus modeste, ne dépare pas. Markus Poschner qui dirige avec presque trop de mesure la Staatskapelle, se glisse dans la tradition de cette production et reprend, dans les pas de Daniel Barenboïm, la plutôt rare ouverture Leonore II. Orchestre sans défaut avec des bois qu’il faut particulièrement louer.

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Livret de Joseph Sonnleithner

Créé à Vienne (Theater an der Wien) le 20 novembre 1805 (pour la première version)

Détails

Mise en scène

Harry Kupfer

Décors

Hans Schavernoch

Costumes

Yan Tax

Lumières

Olaf Freese

 

Don Ferrando

Roman Trekel

Don Pizarro

Tómas Tómasson

Florestan

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Rocco

Christof Fischesser

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