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BERLIOZ, Les Troyens – Londres (Royal Albert Hall)

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Spectacle
8 septembre 2023
Géant !

Note ForumOpera.com

4

Infos sur l’œuvre

Opéra en cinq actes sur un livret d’Hector Berlioz inspiré de l’Énéide de Virgile, créé dans son intégralité en deux soirées à Karlsruhe les 6 et 7 décembre 1890 (en allemand) au Großherzoglichen Hoftheater.

Création française en une soirée au Théâtre des Arts de Rouen le 6 février 1920.

Version concert avec mise en espace pas piquée des hannetons.

Détails

Mise en espace
Tess Gibbs
Lumières
Rick Fisher

Cassandre
Alice Coote
Énée
Michael Spyres
Didon
Paula Murrihy
Chorèbe, Sentinelle I
Lionel Lhote
Ascagne
Adèle Charvet
Narbal

Alex Rosen

Priam

Tristan Hambleton

Panthée
Ashley Riches
Anna
Beth Taylor
Iopas, Hylas
Laurence Kilsby
Hécube
Rebecca Evans
Hector, Sentinelle II
Alex Rosen
Helenus
Graham Neal
Un Soldat
Sam Evans

Monteverdi Choir
Orchestre Révolutionnaire et Romantique
Direction musicale
Dinis Sousa

Royal Albert Hall, dimanche 3 septembre 2023, 16h

Après une tournée triomphale débutée à la Côte-Saint-André et poursuivie à Versailles, Salzbourg, Berlin, cette série de représentations du chef d’oeuvre de Berlioz s’achève par une ultime représentation au Royal Albert Hall de Londres. Le spectacle est donné dans le cadre des concerts-promenades, les fameux Proms de la BBC : il s’agit d’ailleurs du 64e concert d’une saison qui s’achèvera le 9 septembre avec la traditionnelle Last Night of the Proms.

© Andy Paradise

En Cassandre, la voix d’Alice Coote nous a semblé mieux assurée qu’à Versailles, sans les tensions dans un aigu qui nous a paru moins strident. Le si naturel conclusif de son duo avec Chorèbe est ici parfaitement en place. Le mezzo britannique offre surtout une présence scénique particulièrement excitante, avec un engagement et une fougue remarquables, sans doute un peu hors style : on peut dire qu’elle brûle les planches, ce qui tombe à pic compte tenu du contexte dramatique. En Chorèbe, le baryton Lionel Lhote offre une belle musicalité, mais la voix manque de largeur et sonne un peu étriquée. Si on peut apprécier un étonnant si naturel à l’unisson de celui d’Alice Coote, la note est un brin écrasée par la puissance vocale de sa partenaire. Adèle Charvet est un luxe en Ascagne, dont elle fait une personnage à la fois touchant et drôle. Beth Taylor est l’une des révélations de la soirée. Dès sa première note, on est séduit par ce timbre sombre, chaud et rare dans cette tessiture de contralto. L’abattage scénique est également indéniable et on suivra de près la carrière de cette jeune chanteuse écossaise de 29 ans. Après quelques phrases un peu hésitantes au début du III, Laurence Kilsby offre un excellent Hylas, puis un Iopas encore meilleur, plein de poésie. La voix est bien conduite, l’aigu en mixte finement maîtrisé et la projection tout à fait correcte. Pour l’escale londonienne, la distribution est par ailleurs très légèrement renouvelée par rapport aux deux concerts en France. Alex Rosen campe Hector et une sentinelle, comme à la Côte-Saint-André et à Versailles, mais également Narbal en remplacement de William Thomas, souffrant. On ne perd certainement pas au change, les promesses de son Hector se réalisant largement dans le rôle plus important de Narbal. Le chant est stylé, et le timbre, sombre, est assez personnel : certainement un chanteur à suivre lui aussi. En remplacement de William Thomas également, Tristan Hambleton est un roi Priam bien chantant. Ashley Riches s’investit dramatiquement en Panthée mais l’émission est un peu débrayée. Paula Murrihy, qui incarne Didon, vient clairement du monde du baroque où l’on privilégie plutôt aujourd’hui des voix un peu blanches. La musicalité est parfaite, la technique impeccable et la tessiture ne lui pose aucun problème, mais ce manque de couleurs prive de corps son interprétation. Le mezzo-soprano irlandais est également plus à l’aise dans la douceur amoureuse pudique que dans les imprécations vengeresses finales. Michael Spyres livre une prestation remarquable. Le médium est solide et le chanteur a gagné dans l’homogénéité des registres. Le registre aigu est sûr, le contre-ut d’« Inutiles regrets », particulièrement exposé, ne lui posant d’ailleurs aucun problème. La puissance et le souffle du chanteur confère à son Enée une véritable vaillance, à laquelle manque toutefois le spinto héroïque qu’on associe spontanément au guerrier troyen. L’articulation de l’ensemble des solistes est toujours aussi excellente, mais la compréhension est souvent contrariée par l’acoustique réverbérée de l’auditorium, en particulier dans les passages forte. Plus important encore que la simple articulation, il faut insister sur un vrai travail sur la couleur des mots : par exemple sur « les grrrrrecs » où le « r » ainsi renforcé exprime le mépris des troyens pour leurs ennemis.

© Andy Paradise

La direction de Dinis Sousa est particulièrement exaltante en première partie, avec des passages absolument stupéfiants comme un sidérant « Châtiment effroyable ». La tension retombe toutefois dans une seconde partie moins dramatique et plus élégiaque, et ce compris dans la grande scène finale de Didon. L’orchestre est ce soir parfaitement en place et nous n’aurons droit à aucun pains. La sonorité typique de la formation, la nervosité des attaques, pâtissent néanmoins de la réverbération de l’auditorium et du gigantisme des lieux. Les cuivres, éclatants à Versailles, sont davantage équilibrés avec les cordes. Les percussions sont également moins présentes et sonnent plus discrètes. Au global, la « sauvagerie » des représentations précédentes est ici un peu atténuée. Les chœurs, particulièrement sollicités, sont absolument parfaits, tant musicalement que dramatiquement, la mise en espace leur donnant l’occasion un jeu de scène particulièrement élaboré.

© Andy Paradise

Un atout de cette série de concerts réside en effet dans la mise en espace de Tess Gibbs, laquelle explose les cadres habituels du genre avec une direction d’acteurs et des mouvements scéniques élaborés et bien venus. On oublie ainsi rapidement que l’on est au concert et non à une représentation. La pantomime de la Chasse royale ne respecte toutefois pas tout à fait le livret, figurant l’agitation des protagonistes sous l’orage plutôt que la rencontre et la séduction des deux amants. L’arrivée d’Andromaque accompagnée de son fils est en revanche particulièrement réussie, l’émotion surgissant de ces deux présences muettes et éplorées.
Malgré ces quelques réserves, le spectacle vaut mieux au final que la somme de ses parties grâce à une unité, une cohérence, un engagement et une théâtralité absolument époustouflants. Le triomphe final est à la hauteur de la qualité de cette longue soirée de près de 5h30. On saluera au passage les quelques 300 spectateurs debout au parterre (privé de sièges pour les Proms) dont l’endurance est un symbole des vertus britanniques.

© Andy Paradise

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Opéra en cinq actes sur un livret d’Hector Berlioz inspiré de l’Énéide de Virgile, créé dans son intégralité en deux soirées à Karlsruhe les 6 et 7 décembre 1890 (en allemand) au Großherzoglichen Hoftheater.

Création française en une soirée au Théâtre des Arts de Rouen le 6 février 1920.

Version concert avec mise en espace pas piquée des hannetons.

Détails

Mise en espace
Tess Gibbs
Lumières
Rick Fisher

Cassandre
Alice Coote
Énée
Michael Spyres
Didon
Paula Murrihy
Chorèbe, Sentinelle I
Lionel Lhote
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Narbal

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