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MOZART, Le nozze di Figaro — Genève

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Spectacle
9 septembre 2013
Folle soirée en ligne claire

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3

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Détails

Le Nozze di Figaro (Mozart, Soltesz – Genève)

Pour l’ouverture de la saison 2013-2014, le Grand Théâtre de Genève propose Le Nozze di Figaro dans une reprise de la mise en scène du Belge Guy Joosten, dont la création date de 1995 (au Vlamsee Opera d’Anvers) et qui mêle à un sens remarquable du rythme l’apparente ingénuité de la « ligne claire » chère à ses compatriotes auteurs de bandes dessinées. Aussi ne sera-t-on guère étonné d’y voir surgir Don Basilio et Don Curzio en Dupondt, avec canne et chapeau melon. Une magnifique verrière, tour à tour chambre de Suzanne et de Figaro, appartement de la Comtesse, salle du château, jardin, constitue un cadre constant, à la fois semblable et différent tout au long du spectacle, comme les cases d’un album de bandes dessinées, avec ses marges et ses interstices. Que Cherubino casse un carreau du plafond dans sa fuite, et c’est tout le cadre de l’Ancien Régime, et celui des convenances avec lui, qui peu à peu s’effrite, pour laisser un arbre gigantesque crever soudain le plafond de verre d’une serre sous laquelle les faux-semblants, les tensions et les affects ont trop longtemps fermenté. Les décors de Johannes Leiacker sont magnifiques, admirablement servis par les lumières de Benny Ball. D’acte en acte, le fond de la scène paraît s’éloigner de plus en plus, dans un allongement spectaculaire de la perspective dont l’illusion est sans cesse dénoncée par les mouvements et les déplacements des personnages.

Pour une folle journée dans un espace organisé de manière aussi millimétrée, il fallait des chanteurs capables d’être d’excellents acteurs. C’est une réussite absolue, tant les interprètes se prêtent au jeu de bonne grâce et avec une aisance qui fait se succéder non seulement moments plaisant et instants tragiques, mais toute une palette d’attitudes, de mimiques et de jeux de scène où les gags alternent avec la poésie la plus pure. Tout cela sans préjudice de la dimension vocale et de la sensibilité musicale.

Toutefois, même si une enquête récente publiée dans un grand quotidien du soir affirme que la dimension visuelle, lorsqu’elle est impliquée, est prédominante dans l’évaluation de performances musicales, les prouesses scéniques de la soprano ukrainienne Nataliya Kovalova en Suzanne n’empêchent pas de lui trouver, du moins dans les premiers actes, une voix un peu métallique et parfois un peu trop mûre pour le personnage, à la vivacité souvent surjouée. En revanche, elle séduit incontestablement lorsqu’elle prend les atours de la Comtesse et chante en se faisant passer pour elle dans l’acte IV.
 
 
  

La soprano suédoise Malin Byström est une Comtesse de grande classe, au timbre capiteux, qui émeut d’emblée dans sa cavatine du début du deuxième acte, « Porgi, amor », mais qui sait aussi être espiègle et enjouée, tout particulièrement au cours du dernier acte.
Absolument remarquable pour ses débuts au Grand-Théâtre, la jeune mezzo-soprano russe Maria Kataeva suscite l’enthousiasme en Cherubino L’interprétation des deux airs célèbres « Non son più cosa son » et « Voi che sapete » est impeccable, tout en finesse et en subtilité, alors que sa tenue vestimentaire évoque le personnage de Tintin dont elle révèlerait ici la face cachée.
Marta Marquez, mezzo-soprano d’origine portoricaine, est parfaitement convaincante en Marcelline à qui elle prête à la fois la bassesse première du personnage et cette forme d’élégance qui la caractérise plus tard.

Du côté des hommes, le baryton-basse David Bižić fait grande impression en Figaro : belle voix sonore et profonde, inflexions subtiles et diction exemplaire, dans un jeu nuancé qui n’en fait jamais trop. Bruno Taddia compose un Comte à la voix séduisante tout en donnant continuellement à voir le ridicule du personnage. Le récitatif et air de l’acte III est un moment particulièrement réussi.

Dans les rôles secondaires, Elisa Cenni est une émouvante Barberine dont la cavatine (« L’ho perduta ») fait mouche, tandis que Christophoros Stamboglis campe un étonnant Bartolo déchu. Les ténors Raúl Gimenez et Fabrice Farina donnent respectivement à Don Basilio et Don Curzio toute la dimension comique requise.

Seul regret, l’apparent retrait de la musique : avec une mise en scène aussi éclatante et des chanteurs aussi brillants, l’Orchestre de la Suisse Romande, placé sous la direction de Stefan Soltesz, semble peiner à trouver ses marques. C’est tout d’abord une ouverture bien terne qui nous est donnée alors qu’on attend une effervescence, et un joyau étincelant de vigueur et de nervosité. Par la suite, l’ensemble manque bien souvent de piquant et de sonorité. Heureusement, l’équilibre entre le plateau et la fosse, sans atteindre à la perfection, s’améliore au cours de la soirée, et permet aux ensembles, notamment à la fin, d’atteindre à davantage de cohésion et de lyrisme. Soulignons enfin l’excellence des chœurs du Grand Théâtre de Genève que dirige avec son talent habituel Ching-Lien Wu.

Wolfgang Amadeus Mozart

Le Nozze di Figaro
Dramma giocoso en quatre actes (1786)
Livret de Lorenzo da Ponte

Mise en scène
Guy Joosten
Décors
Johannes Leiacker
Costumes
Karin Seydtle
Lumières
Benny Ball
Continuo
Xavier Dami

Il Conte di Almaviva
Bruno Taddia
La Contessa di Almaviva
Malin Byström
Susanna
Nataliya Kovalova
Figaro
David Bižić
Cherubino
Maria Kataeva
Marcellina
Marta Márquez
Bartolo
Christophoros Stamboglis
Don Basilio
Raúl Giménez
Don Curzio
Fabrice Farina
Barbarina
Elisa Cenni
Antonio
Piet Vansichen
Deux paysannes
Victoria Martynenko
Johanna Rittiner-Sermier

Chœur du Grand Théâtre de Genève
Direction du Choeur
Ching-Lien Wu
Orchestre de la Suisse Romande
Direction musicale
Stefan Soltesz

Grand Théâtre de Genève, lundi 9 septembre 2013, 19h30

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