Forum Opéra

Lutèce — Paris

arrow_back_iosarrow_forward_ios
Partager sur :
Partager sur facebook
Partager sur twitter
Partager sur linkedin
Partager sur pinterest
Partager sur whatsapp
Partager sur email
Partager sur print
Spectacle
2 mars 2020
Que faisiez-vous à l’été 1876 ?

Note ForumOpera.com

3

Infos sur l’œuvre

Symphonie dramatique en trois parties, our solistes, chœur et orchestre, livret de la compositrice

Créée à Paris en 1877

Détails

Une Gauloise

Catherine Dune

Un Gaulois

Didier Henry

Un messager de guerre

Sébastien Obrecht

Un vieillard

L’Oiseleur

Ensemble vocal Artémoise

Thomas Tacquet-Fabre, chef de chant et chef de chœur

Christophe Maynard, piano

Paris, Mairie du IIIe arrondissement, 20h

Gloria Victis. Au Salon de 1874, le sculpteur Antonin Mercié un grand succès en présentant sous ce titre un plâtre représentant la Gloire emportant un jeune soldat mourant. Il fallait bien offrir aux Français une image consolatrice après la défaite de Sedan, la capitulation humiliante et la terrible perte de l’Alsace-Lorraine. En 1877, avec sa symphonie dramatique Lutèce, Augusta Holmès ne faisait pas autre chose : les protagonistes de l’œuvre étaient des vaincus, mais comme ils étaient aussi nos ancêtres les Gaulois, c’étaient des vaincus sublimes, des héros de la jeune IIIe République. Et la gloire serait leur éternellement, parce qu’ils avaient vaillamment lutté contre l’envahisseur romain. Ce livret seul – dont Mademoiselle Holmès était l’auteur – aurait peut-être suffi à lui valoir un prix dans le cadre du concours organisé par la ville de Paris, mais la musique avait elle aussi tout ce qu’il fallait pour galvaniser les foules. Quoique…

Paradoxalement, mais comme on pouvait s’y attendre de la part de celle qui s’était déjà fait connaître comme « forcenée wagnériste » (la formule est d’Octave Mirbeau), Augusta Holmès utilisa pour son œuvre patriotique un idiome déjà honni en France avant 1870, celui du grand Teuton : elle avait assisté à la création de L’Or du Rhin à Munich en 1869, La Walkyrie créée l’année suivante ne pouvait pas lui être inconnue. Et tout cela s’entend énormément dans Lutèce, inconcevable sans la Tétralogie, tant y abondent les citations plus ou moins involontaires, les échos, paraphrases et autres réminiscences du Ring. On en vient à se poser la question : si la première exécution de Lutèce date de 1877, que faisait-elle au temps chaud, et plus précisément à l’été 1876 ? La réponse est évidente, elle était à Bayreuth où, toujours selon Octave Mirbeau, elle s’était fait remarquer « parmi les plus enthousiastes admirateurs de la trilogie des Niebelungen ». Et ce n’est pas tout, puisque d’aucuns n’hésitent pas à dire qu’elle fut, en 1876-77 justement, « la dernière grande passion de Wagner ».

Si ce wagnérisme s’entend dans la réduction piano-chant, on imagine qu’il s’entendrait plus encore si l’œuvre était donnée avec le grand orchestre prévu. En attendant ce grand jour, on ne saurait trop chaleureusement remercier la Compagnie de l’Oiseleur d’avoir ressuscité cette partition admirable. Nous le disions dans une brève récente, il est à souhaiter que le Palazzetto Bru Zane décide bientôt de rendre à Augusta Holmès l’hommage qu’elle mérite amplement, mais si d’autres ont l’audace de s’y essayer, gloire à eux.

Avant Lutèce, un complément de programme était proposé, sous la forme de quelques mélodies de la même compositrice. Après avoir consacré un disque entier à Augusta Holmès, Aurélie Loilier était là pour chanter « Soir d’hiver » et la « Barcarolle », présents dans le susdit récital, mais aussi « A Lydie », en duo avec Sébastien Obrecht, lequel se voyait charger d’interpréter « L’amour » et « La haine », deux extraits du cycle Les Sept Ivresses ; la voix du ténor semble plus à l’aise dans le second, le premier l’obligeant à de curieux falsettos. La soirée s’était ouverte avec « Le Chevalier Belle-Etoile », chanté par L’Oiseleur lui-même, en grande forme. Et l’on retient « Souvenir », extrait des Rêves parisiens, fort bien phrasé par la mezzo Hélène Ducos que l’on espère réentendre bientôt. Il y a décidément encore beaucoup à exhumer dans la production de mélodies d’Augusta Holmès.

Pour Lutèce, L’Oiseleur pouvait compter sur des chanteurs aguerris. Le rôle important du Gaulois échoit à Didier Henry, dont la voix conserve toute son éloquence même si elle est devenue moins sonore dans le grave. On reste ébahi devant la témérité avec laquelle Catherine Dune se lance dans le rôle de la Gauloise, vraisemblablement écrit pour un grand soprano dramatique : sans avoir les moyens d’une Brünnhilde, la soprano n’en relève pas moins le défi, en conférant beaucoup de noblesse à son personnage.

Outre le talent du pianiste Christophe Maynard, chargé de rendre au piano les déchaînements wagnériens de l’orchestre holmesien, on saluera l’engagement de chaque instant de Thomas Tacquet-Fabre qui dirige l’ensemble vocal Artemoise, sans lequel ce concert n’aurait pu se faire. Ce travail, qui jadis aurait pu être entrepris par la radio national, il existe donc heureusement de courageux bénévoles qui l’osent, alors Gloria victoribus !

Commentaires

VOUS AIMEZ NOUS LIRE… SOUTENEZ-NOUS

Vous pouvez nous aider à garder un contenu de qualité et à nous développer. Partagez notre site et n’hésitez pas à faire un don.
Quel que soit le montant que vous donnez, nous vous remercions énormément et nous considérons cela comme un réel encouragement à poursuivre notre démarche.

Note ForumOpera.com

3

Note des lecteurs

()

Votre note

/5 ( avis)

Aucun vote actuellement

Infos sur l’œuvre

Symphonie dramatique en trois parties, our solistes, chœur et orchestre, livret de la compositrice

Créée à Paris en 1877

Détails

Une Gauloise

Catherine Dune

Un Gaulois

Didier Henry

Un messager de guerre

Sébastien Obrecht

Un vieillard

L’Oiseleur

Ensemble vocal Artémoise

Thomas Tacquet-Fabre, chef de chant et chef de chœur

Christophe Maynard, piano

Paris, Mairie du IIIe arrondissement, 20h

Nos derniers podcasts

Nos derniers swags

So Romantique ! – Cyrille Dubois

L’âme de l’opéra-comique
CDSWAG

PUCCINI, Turandot, par Antonio Pappano

Une leçon puccinienne
CDSWAG

This be her Verse, par Golda Schultz et Jonathan Ware

La parole aux femmes
CDSWAG

Les dernières interviews

Renée Fleming : « À ce stade de ma carrière, tous mes rêves se sont réalisés ! »

Interview

Giovanni Antonini : « Il faut croire au pouvoir des mots »

Interview

Stanislas de Barbeyrac : « Il y aura peut-être un jour Tristan, si je suis sage »

Interview

Les derniers dossiers

Questionnaire de Proust

Dossier

Les grands entretiens de Charles Sigel

Dossier

Philippe Boesmans (1936 – 2022)

Dossier

Zapping

Vous pourriez être intéressé par :

LULLY, Thésée – Paris (TCE)

Médée, sorcière toxique
Christophe ROUSSET, Karine DESHAYES, Mathias VIDAL
Spectacle

Récital de Marie-Laure Garnier et Tristan Raës – Paris

Fanny, Mel, Clara, Nadia, Lili et les autres
Marie-Laure GARNIER
Spectacle

VERDI, Luisa Miller – Rennes

Obscure clarté
Marta TORBIDONI, Cristian SAITTA, Alessio CACCIAMANI
Spectacle

Récital Marina Rebeka, Karine Deshayes – Paris (TCE)

Le triomphe du belcanto
Karine DESHAYES, Marina REBEKA, Speranza SCAPPUCCI
Spectacle