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Le fils de Jordi




(La "famille" Savall : Arianna, Jordi, Ferran Savall & Montserrat Figureras)

08/05/2007





Le fils de Jordi

Arianna, sa sœur aînée, a une longueur d’avance : tout en tenant volontiers la harpe au sein d’Hespérion XXI, ce soprano délicat et encore fragile a commencé à se faire un prénom, volant de ses propres ailes loin des sentiers battus, depuis son premier disque  Sopra la rose, paru chez MIRARE et consacré à de rares cantates de Marazolli, jusqu’à sa participation au superbe album expérimental de Rolf Lisveland, Nuove Musiche. Elle a même déjà enregistré ses  propres compositions (Bella Terra chez ALIA VOX), d’une grande fraîcheur d’inspiration et sans prétention. Agé de 27 ans, Ferran Savall est encore peu connu. Il se partage entre la guitare, le théorbe, et le chant après s’être essayé au piano et au violon dès l’âge de 7 ans. D’aucuns diront qu’il se cherche encore, passant allègrement du baroque au jazz, au blues ou au funk (il se produit dans des clubs de Barcelone), mais d’autres reconnaîtront dans cet éclectisme gourmand un trait de famille. Il est aujourd’hui à l’affiche du nouveau disque conçu par son père, Lachrimae Caravaggio, évocation libre de la vie sulfureuse du maître du clair-obscur. De Ferran Savall, L’événement catalan écrit très justement qu’il « s’impose la recherche de la voix naturelle, spontanée, improvisée lorsque le cadre s’y prête », ce qui est très précisément le cas dans cette « bande-son imaginaire » où les musiciens se livrent à de magnifiques improvisations en dialogue.



Chaque intervention de Ferran apporte un supplément d’âme indicible, une douce ou fiévreuse extase, entre abandon et mysticisme, modelée dans une chair tendre et vulnérable, et révèle une sensibilité à fleur de lèvres qui en bouleversera plus d’un (e). Il n’a pas la technique d’un chanteur lyrique et n’use pas du vocabulaire baroque ; mais de même qu’il y a un parler vrai, il y a un chanter vrai qui transcende les styles et touche à l’essentiel lorsque la musique trouve à s’incarner.


Bernard Schreuders
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