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KULLERVO DE SIBELIUS À METZ LE 4 MAI 2007



Jean Sibelius (1865-1957)
© DR 


Sa valse a de bonnes raisons d'être triste ; Sibelius est mal-aimé dans nos contrées. En effet mis à part Finlandia, Le Cygne de Tuonela ou la valse déjà citée, dans quelles salles de concert en France peut-on écouter ses symphonies, ses poèmes symphoniques, ses mélodies ? Jacques Mercier, heureusement, nous apporte une réponse en présentant à Metz le 4 mai prochain, la rarissime symphonie vocale Kullervo, chef-d'œuvre absolu du compositeur finnois dont il assura la création française à Paris il y a une dizaine d’années.

Tout comme Janacek fut adopté dans toute l’Europe grâce à des musiciens tels que Charles Mackerras ou Elisabeth Söderström, il est temps que Sibelius accède au rang d’incontournable dans le paysage de la musique symphonique du XXe siècle, au même titre que Chostakovitch par exemple.


Entre Suède et Russie

Pour bien comprendre l’importance de cette partition du jeune Sibelius, il faut se placer dans le contexte d’un pays qui, en cette seconde moitié de XIXe s., se découvre et voit sa culture émerger, une culture qui ne tardera pas à devenir un symbole identitaire.

Historiquement tiraillée entre la Suède et la Russie, la Finlande avait fini par adapter de l’un ou de l’autre la langue, la religion, la culture, l’architecture et s’était même laisser devenir un grand duché sous autorité russe, avec une certaine autonomie il est vrai, mais néanmoins piloté par le tsar (Alexandre I puis II puis III).

C’est la publication dans les années 1840 d’une série de chants et poésies populaires en finnois - langue alors « populaire » - le Kalevala, qui va constituer le point de départ d’un vaste courant nationaliste où s’illustreront trois personnalités majeures : l’écrivain Johan Ludwig Runeberg, le peintre Akseli Gallen-Kallela et le compositeur Jean Sibelius. Ce mouvement aboutira à la création du cercle « Jeune Finlande » (dont firent partie Sibelius et Gallen-Kallela) puis au début du XXe s., au fameux cri de ralliement : « Nous ne sommes pas des Suédois, nous ne voulons pas devenir russes, soyons donc Finnois ! » et enfin à l’indépendance du pays en 1917.

Ainsi, si le public - et les musiciens - pouvaient se montrer dubitatifs, un certain 28 avril 1892, face à ce jeune homme d’une vingtaine d’années, pratiquement inconnu, non seulement compositeur mais chef d’orchestre de sa propre partition, il n’en fut plus rien après l’exécution de son Kullervo, vaste symphonie vocale, plongeant son inspiration et son texte dans le fameux Kalevala : le triomphe fut absolu. On considère ainsi souvent cette date comme l’acte de naissance de la musique finlandaise : « Sibelius caresse nos oreilles de sonorités finlandaises que nous reconnaissons comme nôtres, même sans les avoir entendues auparavant exactement sous cette forme » rapporte le compositeur Merikanto.


En Finlande et nulle part ailleurs

La partition ne serait qu’anecdotique si elle se contentait de puiser ses racines dans la culture finnoise la plus ancestrale, de faire entendre des mélodies populaires (ce que d’ailleurs Sibelius ne fait pas vraiment), d’imposer une langue, le finnois, qui venait tout juste (1883) d’accéder au rang de seconde langue officielle après le suédois : elle est bien plus que cela. Kullervo est non seulement l’acte de naissance de la musique finlandaise, mais aussi et surtout l’acte de naissance de l’œuvre d’un immense compositeur profondément original.

On pourra bien sûr noter ici et là des influences wagnériennes ou plutôt brucknériennes (Sibelius fut marqué par la Troisième Symphonie du maître de Saint-Florian qu’il entendit à Vienne), cependant, où trouver cette orchestration parfois rauque et mate, cette exploration des registres medium et graves des instruments, ces murmures étranges d’où n’émergent que quelques bribes mélodiques, ces couleurs automnales du cor anglais ou de la clarinette basse, du chœur exclusivement masculin chantant presque toujours à l’unisson ( ! ), ces vastes plages de désolation mais ces fulgurances aussi parfois, ces ostinati récurrents, ces phrases d’une longueur démesurée et surtout, surtout, ce souffle épique qui vous emporte dès la première note et ne vous lâche plus jusqu’à la péroraison finale ? Nulle part ailleurs. C’est l’œuvre d’un musicien de génie, éminemment personnel et dont la singularité saute aux oreilles dès cet opus 7 composée alors qu’il n’avait que 27 ans.


Kullervo, un héros négatif

Il est frappant d’observer combien les mythologies et l’imaginaire nordiques renferment de « héros négatifs », le plus célèbre étant Peer Gynt, mais auxquels Lemminkaïnen ou Kullervo ne doivent rien.

Kullervo, être mal-aimé - si ce n’est maudit - depuis sa naissance (« Garçon stupide et par trop ridicule, enfant sans valeur et jamais bon à rien » dit-il de lui-même), est le jouet de pièges, de tromperies et de coups du sort auxquels il réagit violemment. Ainsi, lorsque la femme du forgeron Ilmarinen à qui il fut vendu par son oncle Untamo, lui glisse une pierre dans son pain, il fait dévorer la malheureuse par des ours et des loups. Puis il fuit.

Croisant le chemin de belles jeunes filles, il les invite à monter sur son traîneau mais elles refusent. A la troisième, Kullervo devient violent et se saisit de la jeune femme. Celle-ci se défend puis cède finalement devant les richesses que lui présente Kullervo. Ils s’aiment. Le lendemain, alors qu’ils se présentent, les jeunes gens se rendent comptent qu’ils sont frère et sœur. La jeune fille se jette dans le fleuve, tandis que Kullervo, rongé par le remords et l’horreur de son acte, erre, hagard, maudissant sa famille et lui-même. Après être parti en guerre pour tuer son oncle Untamo, il revient par hasard sur les lieux de son méfait, là où « les fleurs de la lande s’affligeaient de la perte de la jeune fille » et se tue avec sa propre épée.


Une grande fresque épique

La symphonie se découpe en cinq mouvements. Le chant n’intervient que dans deux d’entre eux, le 3ème et le 5ème. On ne saurait retrouver dans ces 5 mouvements une structure qui se rapprocherait d’une symphonie traditionnelle avec mouvement lent, scherzo, allegro conclusif même si, par moments, on pourra trouver ici une forme-sonate, là des allures de scherzo, etc. Ce qui compte ici avant tout est l’aspect narratif. Sibelius raconte une saga, celle de Kullervo, de sa jeunesse à sa mort. Ainsi, les parties chantées ne seront pas des « mélodies » mais des récits où la prosodie liée à la langue finnoise étonnera pas son articulation et sa netteté. Sibelius fait ici avec le finnois ce que Moussorgsky fit avec le russe, ce que Debussy fera avec le français et Janacek avec le tchèque : une inflexion proche du parlé pour une meilleure compréhension du texte et une mise en relief de sa dimension narrative.


Un monument retentissant et assourdissant

Kullervo tomba au bon moment, en une période de revendication nationaliste très forte, au moment où le peintre Gallen-Kalela produisait ses plus beaux chefs-d’œuvre, où la littérature en langue finnoise était des plus intenses, mais aussi au moment où le compositeur prenait conscience de son style. Une double naissance donc, ce que résume parfaitement le critique Karl Flodin : « On savait que plus que tout autre compositeur finlandais, Jean Sibelius réunissait les conditions indispensables pour devenir le musicien national qu’il est maintenant. [...] Jean Sibelius possède un ton bien à lui, don du ciel qui lui permet de créer sa propre musique, notre propre musique ».

Sur cette lancée, Sibelius entreprit l’année suivante la composition d’un opéra, La construction du bateau, dont le sujet puisait à nouveau dans le Kalevala. Mais après avoir assisté à des représentations de Tristan und Isolde de Wagner à Munich, Sibelius renonça à poursuivre le travail sur son opéra. Pire, il devait même ne plus rien composer d’important pendant 2 ans...

Heureusement, le compositeur se ressaisira et composera à nouveau des poèmes symphoniques et 7 symphonies dont l’inspiration se réfère de manière plus ou moins directe à la mythologie nordique, jusqu’à ce Tapiola, ultime partition qui sera elle aussi suivie d’un silence assourdissant, mais un silence qui durera cette fois 30 ans. Sibelius n’avait-il plus rien à dire ? Non, il ne pouvait plus rien dire de « grand » après ce sublime poème symphonique (au point d’en détruire sa 8ème symphonie, pourtant achevée) qui semble, du fait de ses références au Kalevala et de son destin, le pendant de Kullervo.

ANALYSE DE l’ŒUVRE


Le premier mouvement consiste en une vaste introduction où le souffle épique est saisissant : sur un fond de basses fortement marquées, un thème se déploie dans le temps et l’espace de manière particulièrement harmonieuse et puissante. L’ambiance est sombre mais l’allure énergique.

Par opposition, un motif traînant et statique retentit soudain au cor et semble figer le temps. Le second thème se développe alors à partir des deux éléments mélodiques qui symbolisent le personnage de Kullervo : d’un côté de l’énergie à revendre, de l’autre, un aspect sombre évoquant la malédiction qui s’est abattue sur le jeune homme. L’écriture révèle parfois un beau travail contrapuntique.

La fin du mouvement fait apparaître un nouveau thème qui s’éploie longuement aux cordes, sorte de « mélodie infinie », magistrale, que l’on retrouvera dans le cinquième mouvement de l’œuvre. Il se termine par un essoufflement total du matériau, page tout à fait étonnante, à laquelle succède soudainement une péroraison qui se fonde sur le premier thème et que l’on retrouvera aussi à la fin du cinquième mouvement, mais qui résonne ici de manière funeste et interrogative (longues plages de silence - rarement respectées tout comme les silences du début du Prélude de Tristan !), tout à fait représentative du caractère du héros.

Le deuxième mouvement : « La jeunesse de Kullervo » ne traite pas des événements les plus dramatiques qui ont touché le héros. Au contraire, le climat semble plus détendu et serein, avec tout d’abord une berceuse jouée aux cordes avec sourdine, puis il s’allège ensuite, tel l’écho d’un scherzo où les bois s’en donnent à cœur joie, mais avec, là encore, des plages d’un statisme tout à fait étonnant.

Certains pages font entendre des thèmes où les notes répétées semblent symboliser la ténacité et la force de caractère du personnage. La tragédie n’est jamais loin, comme le signale la fin : les mouvements mélodiques viennent se briser sur des accords suivis tantôt de silences, tantôt d’harmonies prémonitoires des événements plus graves qui suivront. Le rythme de berceuse a beau se réinstaller, l’heure ne semble plus à la légèreté de l’enfance : Kullervo est devenu un homme mais le destin s’annonce tragique. Les accords finaux, joués pianissimo et maintes fois répétés sont ainsi d’un poids assez terrifiant.

Le troisième mouvement : « Kullervo et sa sœur » est, avec, le cinquième, le sommet de la partition et sans doute l’une des plus grandes réussites de toute l’œuvre de Sibelius.
C’est ici qu’interviennent les deux solistes (une soprano et un baryton) ainsi que le chœur qui fait office de narrateur. On ne pourra s’empêcher de penser - tant sur la forme que sur le fond d’ailleurs - à Oedipus Rex de Stravinsky où là aussi le chœur fait office de narrateur et où deux des solistes évoquent des événements tout aussi tragiques (Œdipe ayant tué son propre père).

• Le début du mouvement « met en scène » la rencontre de Kullervo avec trois jeunes filles et le refus de celles-ci. Texte et musique sont résolument répétitifs. Cette scène, construite sur un rythme haletant quasi immuable, fascine par son écriture vocale, notamment celle du chœur qui alterne unisson et chant en octaves : pratiquement aucun accord dans cette écriture qui paraît alors comme « primitive » et rugueuse.
Une écriture polyphonique merveilleuse intervient seulement lorsque Kullervo réussit à séduire la troisième jeune fille.

• Suit un superbe épisode orchestral, suggestif et symbolisant l’union des deux amants, plutôt par son énergie que par sa sensualité : « Il s’agit d’une rencontre entre deux êtres primitifs éprouvant lors de leur errance mouvementée dans des paysages désertiques couverts de neige des sensations et des sentiments d’une puissance inimaginable » (Tawastsjerna). On ne peut s’empêcher alors de penser à l’interlude de Lady Macbeth de Mzensk de Chostakovitch qui mettra en scène une situation tout à fait similaire avec une musique elle aussi exempte de sensualité mais non de violence.

• L’heure est alors aux confidences : les deux jeunes gens évoquent leur origine, le tout sur une musique étonnante qui déploie sur près de 50 pages un continuum quasi ininterrompu d’ostinati haletants qui installent une inquiétude latente, comme si la catastrophe était de plus en plus proche. Ce sont des pages tout à fait extraordinaires.
Kullervo le premier évoque sa race, ses ascendants, puis vient le tour de la jeune fille qui dans un très long monologue, sommet absolu de la partition, évoque à son tour ses origines et un événement de sa jeunesse où, perdue dans la forêt, elle erra, espérant la mort pour renaître en « fleur délicieuse ». Texte merveilleusement poétique et symboliste où la jeune fille cherche à se donner sans espoir (écho aux tentatives infructueuses de Kullervo ?) et où elle se rend compte que l’homme à qui elle s’est finalement offerte n’est autre que son propre frère.
Commençant dans un climat pastoral si ce n’est champêtre (batifolage des flûtes), le monologue s’assombrit et se pare de couleurs mordorées pour arriver à l’ultime partie, absolument bouleversante : « J’aurais rejailli devenue brin d’herbe, existé sous forme d’une fleur délicieuse, sur le sol telle une baie merveilleuse ou même telle une canneberge écarlate, plutôt que d’entendre ces horreurs, oui, que de connaître ces horreurs ».
Sur un ostinato obsédant, tel un carcan dont elle est prisonnière, et sur le tapis sonore inquiétant que forment les flatterzunge des flûtes et les échos répétitifs et lancinants des autres bois, la voix traîne, désespérée, puis finit par éclater en des phrases véhémentes. Le sentiment poignant de désolation et d’impuissance qui émane de ces pages grandioses est absolument terrifiant et étouffant.

• Un accord des bois fortissimo puis 4 mesures de silence (rarement respectées, bis repetita), véritable abyme d’angoisse, puis Kullervo laisse éclater sa fureur et son désespoir : de vastes « claques » de l’orchestre sur lesquels les éclats incantatoires de la voix traduisent à merveille l’impuissance du personnage et de ce que Tchaïkowsky aurait appelé le « fatum ».

Le quatrième mouvement, « Kullervo part en guerre », constitue une sorte de « détente » après tant de tension, et pourtant, le climat est guerrier !  Cette guerre sera joyeuse car elle constitue un défouloir pour Kullervo : rejeté par les siens, le héros va lutter contre son oncle Untamo, et cette perspective l’enchante tant il considère son oncle comme responsable de tous ses malheurs.

C’est donc cette « joie » que Sibelius décrit dans ce mouvement allègre, à l’orchestration virtuose - et qui témoigne ainsi d’une étonnante science orchestrale de la part d’un compositeur de 27 ans -, qui fait office de parenthèse avant de revenir au tragique le plus noir et le plus lourd du dernier mouvement.

Le cinquième mouvement, « La mort de Kullervo », nous replonge dans le drame et constitue une des plus belles et puissantes réussites de Sibelius.
Esquissant un murmure glaçant, le chœur, d’abord à l’unisson puis en polyphonie (l’effet est toujours des plus efficaces), nous évoque un Kullervo bien différent du précédent mouvement : fourbu par ses combats, las, il erre à travers les forêts et se retrouve à l’endroit il où rencontra et séduisit celle qui s’avéra être sa sœur. « Là, ni l’herbe jeune ne croissait, ni les fleurs de la lande ne poussaient, et l’endroit lui-même était dénudé, là même où le méfait avait été commis » chante le chœur dans des harmonies pleines tandis que se déroule la « mélodie infinie » à l’orchestre, mélodie entendue dans le premier mouvement mais qui ici est d’un pathétisme déchirant. L’effet atteint au sublime. Le volume sonore enfle comme pour symboliser la douleur croissante dans le cœur de Kullervo... et celle de l’auditeur tant l’empathie est communicative.

L’allègement soudain n’est que de courte durée, le chœur reprend son récit en forme de litanies, pour évoquer le dialogue entre Kullervo et son épée : « Il demanda à l’épée son opinion, si elle était prête à l’abattre, à dévorer son corps coupable, à engloutir son funeste sang ». Le discours se fait particulièrement intense, avec toujours ces ostinati si typiques de Sibelius, puis se fige sur un accord oppressant, le chœur évoquant le suicide de Kullervo dans un moment paroxystique.

S’ensuit un merveilleux épisode orchestral, sorte de marche funèbre réexposant la « mélodie infinie » qui s’étire à nouveau sur un battement régulier et sourd des cuivres et des percussions. L’émotion est à son comble. De nouveau, le discours s’étiole, puis s’éteint avant que ne retentisse fortissimo la péroraison finale qui reprend le tout premier thème de l’œuvre. Le chœur proclame « C’est ainsi que le jeune homme périt, ainsi mourut Kullervo le Héros. C’est ainsi que la vie du Héros s’acheva, ainsi que périt l’infortuné » en de glorieuses phrases, refermant en majesté tel un vitrail étincelant cette saga épique parmi les plus fascinantes du répertoire « symphonico-vocal ».

Discographie :

Si l’œuvre est rare au concert, elle dispose d’une discographie substantielle et de qualité. Si l’on ne devait cependant retenir qu’un seul enregistrement, il s’agirait sans hésitation de celui de Paavo Järvi à la tête du Royal Stockholm Philharmonic Orchestra avec deux éblouissants solistes : Randi Stene et Peter Mattei. Le Chœur d’hommes National d’Estonie n’est pas en reste, illustration magistrale de la qualité des chœurs dans les pays de l’Est. L’enregistrement est paru chez Virgin Classics.
Pierre-Emmanuel LEPHAY


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Arsenal de Metz - Vendredi 4 Mai 2007
A Sarrebrück : samedi 5 mai, 20h30
(dans le cadre du Festival de musique de la Sarre)

NAISSANCE D'UNE NATION
Concert prestige

Jean Sibelius

Finlandia - L’Origine du feu - Luonnotar - Kullervo Symphonie
direction - Jacques Mercier
soprano - Pia Freund - baryton - Juha Kotilainen
chœur d’hommes the polytech choir (helsinki . finlande)
chef de chœur - Juha Kuivanen

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