C O N C E R T S 
 
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PARIS

12/09/01

 
Aïda
Opéra de Giuseppe VERDI

Olga Romanko : Aïda
Nadja Michael : Amneris
Ignacio Encinas : Radames
Franz Grundheber : Amonasro

Orchestre Philharmonique de Radio France
Direction Marco Guidarini

Mise en scène : Petrika Ionesco
Scénographie et costumes : Bernard Arnould
 

Stade de France - 12 septembre 2002



Il est difficile de juger musicalement l'Aïda montée au Stade de France : la sonorisation donne une résonance curieuse, réverbérée, aux timbres des voix, et les fait un peu flotter, rendant une sensation d'imprécision, encore aggravé par des décalages entre chanteurs et orchestre. Il faut dire que ceux-ci se trouvent à plusieurs centaines de mètres les uns des autres, ce qui ne doit guère faciliter les choses ...

De plus, cette sonorisation semble empêcher les artistes de chanter autrement que mezzo-forte : Pas ou peu de nuances, donc, dans l'interprétation.

La distribution, homogène, est dominée par l'Amneris de Nadja Michael, beau timbre, belle présence vocale. L'Aïda d'Olga Romanko, si elle maîtrise les écueils techniques du rôle (mais peut-on juger le contre-ut de l'air du Nil filtré par les haut-parleurs ?) reste trop placide, et ne fait pas vivre son personnage. Ignacio Encinas en Radames est le hurleur de service, même avec un micro, et pas toujours très juste de surcroît. L'Amonasro de Franz Grundheber offre parfois de beaux moments, malheureusement gâchés par de soudaines intonations véristes. Passons sur le cas de ce pauvre messager, plus préoccupé de tenir en selle sur son cheval que par la qualité de son chant !

Quoiqu'il en soit, et même si cette curieuse réverbération donne quelquefois l'impression d'écouter un disque, et si le grondement continuel de l'autoroute qui longe le Stade de France se laisse difficilement oublier, la musique n'est pas - comme on pouvait le craindre - massacrée. On assiste même quelquefois à de jolis moments.
On ne peut reprocher aucune faute de goût à la mise en scène de Petrika Ionesco, grandiose comme il se doit, et qui évite habilement le kitsch. Comme il était promis, chevaux, chameaux, figurants nombreux, feux d'artifice concourent à un spectacle majestueux.Ý

Le décor représente l'Egypte au temps des pharaons, et toute une foule de petites gens qui vaquent à leurs occupations quotidiennes : les femmes lavent leur linge dans le Nil, les enfants jouent, les soldats font des manoeuvres. C'est joli, agréable à regarder. Le choix délibéré du non-ostentatoire conduit quelquefois à des options surprenantes : ainsi les chameaux passent-ils discrètement en fond de scène pendant l'air du Nil et ne reviendront plus, et les chorégraphies sont-elles un peu simplettes.

Là où le bas blesse, comme souvent lorsqu'il s'agit d'Aïda, c'est que le spectacle n'est conçu qu'en fonction des scènes de foule, dont bien entendu celle du fameux triomphe avec trompettes obligées. Un effort est fait pour rendre vivantes les scènes intimistes, mais comment s'intéresser aux tourments de personnages qui ne mesurent pas plus que trois ou quatre centimètres, et dont on ne voit jamais le visage ? C'est ainsi que le duo du Nil laisse plus ou moins indifférent. De plus, la taille du plateau oblige souvent les interprètes à passer d'un lieu à un autre en courant, ce qui finit par leur donner un petit coté ridicule.

Un récitant vient expliquer l'action entre chaque scène. S'agissant d'une production destinée aussi bien à des néophytes qu'à des habitués de l'opéra, ce n'est pas vraiment choquant, d'autant plus que le texte est court et sobre. Cependant, les deux écrans géants situés de chaque coté des gradins auraient pu servir à faire défiler une traduction du livret, ou bien à nous montrer les visages des chanteurs qui manquent pour faire vraiment vivre les personnages.
En définitive, il est tout à fait possible de passer une bonne soirée en assistant à ce spectacle, à condition d'oublier qu'on assiste à un opéra. Il vaut mieux y venir dans le but d'admirer un péplum spectaculaire ou un fastueux spectacle de marionnettes.
  


Catherine Scholler
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