C O N C E R T S 
 
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LYON
(Opéra National)

(Crédit Photo : Gerard Amsellem)
Ariadne auf Naxos

Richard STRAUSS (1864-1949) 

Opéra en un acte avec un prologue (version de 1916) 
Livret de Hugo von Hofmannsthal 
Créé le 4 octobre 1916 au Hofoper de Vienne

Laura Aikin (Zerbinette) 
Christine Brewer (la Prima Donna, Ariane)
Katharine Goeldner (le Compositeur)
Howard Haskin (le Ténor, Bacchus)
Stéphane Degout (Arlequin)
Robert Bork (le Maître à danser, Brighella)
Michaël Howard (un officier)
Anne-Sophie Duprels (Naïade
Daniela Denschlag (Dryade)
Virginie Pochon (Echo)
François Piolino (Scaramouche)
Nicolas Courjal (Truffaldin)

Orchestre de l'Opéra National de Lyon
Ivan Fischer (direction)


(Crédit Photo : Gerard Amsellem)

Mise en scène : Günther Krämer
Décors : Jürgen Bäckmann
Costumes : Falk Bauer
 

(9 Mars 2002)



Certes la fusée a bien décollé, nul doute que le satellite se soit placé correctement sur son orbite. Cependant si l'envol s'est bien passé et la trajectoire s'est bien tenue, on ne se réjouit pas totalement de cette soirée, où personne n'appelle de véhéments reproches mais où personne non plus ne nous conduit sincèrement aux louanges.

Le rythme du spectacle malheureusement s'essouffle et on finit par s'ennuyer, les dernières scènes de l'Opéra paraissant interminables ! C'est dommage finalement puisque Günter Krämer règle un spectacle plutôt vif et agréable. En bon metteur en scène allemand, il extrapole souvent le propos, caricature parfois à outrance les personnages, mais cela sonne juste et on se souvient de quelques bons moments de théâtre, il a en tout cas le mérite de véritablement faire exister ses personnages. Son esthétique également est à l'image des productions germaniques, couleurs acides, parti pris du spectateur (jeu de vidéo qui filme le public en direct, présence d'acteurs dans la salle), dérision cinglanteÖ Simplement l'idée de placer l'orchestre sur scène pendant le prologue, s'il se justifie dramaturgiquement, parait bien peu adaptée aux dimensions d'un plateau comme celui de Lyon. L'encombrement visuel est vraiment handicapant puisqu'au parterre il est impossible de voir ce qui se passe plus au fond de la scène ! On notera également, comme à Salzbourg hier, l'idée de jouer le prologue dans le théâtre même où nous nous trouvons, à savoir les décors reprenant les portes dorées et les coursives vermillon de la salle de Jean Nouvel.

Sur le plan vocal, la distribution est d'une belle homogénéité, la belle grande voix de Christine Brewer en Ariane fait plaisir à entendre, surtout qu'elle ne se montre pas avare de nuances ni de délicates notes filées ! Le compositeur de Katharine Goeldner et le Maître de musique de Robert Bork sont resplendissants, les voix solides et d'une parfaite complémentarité. Laura Aikin campe une jolie Zerbinette, pas toujours très à l'aise dans le suraigu, mais elle fait face aux difficultés du rôle sans grand problème. Les Dryades, Echo, Arlequin, Laquais, Perruquier et Scaramouche, confiés aux artistes en résidence à l'Opéra de Lyon, montrent tout le sérieux de cette jeune troupe qu'il convient de saluer, de même qu'il convient de souligner la pertinence d'un telle entreprise !

La déception vient peut-être du chef maison, Ivan Fischer , car si nous n'avons pas grand chose à lui reprocher non plus, la direction est précise, il ne passionne pas plus qu'il ne donne à entendre de merveilleux moments musicaux. Sa première saison à la tête de ses nouvelles responsabilités s'achevant, on se dit qu'il serait maintenant bien temps d'entendre de sa part des constructions plus abouties quand on reprochait à Nagano une trop grande froideur analytique.

En définitive, rien de bien méchant ni de bien passionnant, un spectacle plutôt satisfaisant qui laisse cependant perplexe quant aux destinées d'une maison au passé si audacieux !
 
 

Loïc Lachenal
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