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SAINT QUENTIN

20/10/01

 
Barbe-Bleue

Jacques OFFENBACH

Version pour quinze chanteurs et douze musiciens
Orchestration Cyril Chantelot et Laurent Sourisse

LES BRIGANDS
Direction musicale: Benjamin Lévy
Mise en scène : Stéphan Druet
Décors : Claude Acquart
Costumes : Elisabeth de Sauverzac

Deborah Humble : Boulotte
Jean-Christophe Henry : Le sire de Barbe Bleue
Gauthier Fenoy : le roi Bobèche
Claire Delgado-Boge : la reine Clémentine
Edwige Parat : la princesse Hermia
Loïc Boissier : le prince Saphir
Christophe Grapperon : Popolani
Paul-Henri Vila : le comte Oscar

Théâtre de Saint Quentin en Yvelines

(20/10/2001)



Barbe Bleue a été composé par Offenbach en 1866, entre la Belle Hélène et la Vie Parisienne, c'est dire si l'oeuvre appartient à une période faste du compositeur, elle a d'ailleurs obtenu un beau succès lors de sa création, succès toutefois sans lendemain. On sent la proximité de cet opéra bouffe peu connu avec ceux composés pendant la même période, à la musique aussi bien qu'à la maîtrise du livret : il ne s'agit nullement d'une oeuvre mineure.

Elle est pourtant difficile à écouter de nos jours, sauf à dénicher un enregistrement à peu près introuvable de l'ORTF en 1967 avec Henri Legay et Lina Dachary. Il semble qu'il existe également un live avec Michel Sénéchal, encore plus rare. C'est pourquoi nous ne pouvons que nous réjouir de cette résurrection.

Pour l'occasion, les auteurs du projet ont dû adapter l'orchestration à leurs moyens, c'est à dire réduire la partition pour douze instrumentistes, et couper quelques passages estimés musicalement peu intéressants. C'est très habilement fait, et si l'ouverture surprend de prime abord par son effectif réduit, on s'y fait ensuite très vite. Le directeur musical, Benjamin Lévy, est un assistant de Marc Minkowski, cela se sent à ses tempi !

De la même façon, il n'a pas été fait confiance au livret de Meilhac et Halévy, jugé trop daté, et une grosse partie du texte parlé a été soit réécrite, soit supprimée, avec conservation de l'armature d'origine, voire quelquefois de phrases entières.
Le décor en forme de manège sur lequel on accroche bon nombre d'objets divers, qui doit s'adapter à la quinzaine de scènes différentes sur lesquelles ce spectacle sera repris un peu partout en France, est léger, et permet des effets amusants, les costumes, débordants de paillettes, sont drôles et déjantés. La mise en scène de style un peu music hall est basée sur le gag et la loufoquerie, on rit, au premier degré, sans arrière-pensées aucune.

Evoluent ainsi dans ce royaume foutraque : un Barbe Bleue qui danse le cancan sous son nom clignotant au néon, une paysanne nymphomane, un conseiller du roi pailleté comme une drag queen, un alchimiste qui relève sa soutane pour danser, un roi demeuré, une reine hystérique, un prince en kilt, une princesse à l'accent méridional prononcé, un acrobate, et pas de raton laveur, mais une vache qui opine de la tête... on s'amuse beaucoup...

Afin de ne pas être taxée de copinage illicite, je ne parlerai pas des mérites individuels de chaque chanteur, mérites qui sont pourtant fort grands. Il suffit de savoir que l'équipe est jeune, motivée, composée de professionnels solides, à l'aise sur scène et possédant des voix bien menées. A une exception près, leur diction est vraiment très bonne et on saisit tout ce qui se passe sur scène.

Voici Offenbach bien défendu, par de jeunes chanteurs qui sont peut-être les grands de demain. Quel plaisir !
  


Catherine Scholler
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