C O N C E R T S 
 
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BUDAPEST
18 & 19/12/04
 
Kalmandi Mihaly
Lukacs Gyöngyi
MACBETH

Livret de F.M. Piave
Musique de G. VERDI

Macbeth : Kalmandi Mihaly
Banco : Palerdi Andras
Lady Macbeth : Kirkosa Orsolya
Macduff : Kovacshazi Istvan
Malcom : Laczo Andras
Choeur et orchestre de l'Opéra national
Mise en scène : Henning Brockhaus
Direction musicale : Medveczky Adam

Opéra de Budapest, 18 décembre 2004

NORMA

Livret de F. Romani,
Musique de V. BELLINI

Pollione : Kiss B. Atilla
Oroveso : Kovats Kolos
Norma : Lukacs Gyöngyi
Adalgisa : Ulbrich Andrea

Choeur et orchestre du Théâtre Erkel
Mise en scène Szikora Janos
Direction musicale : Török Géza

Théâtre Erkel de Budapest, 19 décembre 2004


En moins de vingt-quatre, l'amateur d'art lyrique peut assister à deux représentations dans la capitale hongroise. Il faut laisser ses complexes de supériorité "occidentaux" au vestiaire et juger ces productions en sachant que les moyens dont bénéficient les théâtres des anciens "pays de l'Est" n'ont rien à voir avec les budgets d'une Bastille, d'un Covent Garden ou d'une Scala. Certes, Budapest ne joue pas en "première division", ne fait partie des "grands", mais cela n'empêche nullement d'y passer quelques bons moments lyriques.

La façade de l'Opéra de Budapest (construit entre 1875 et 1884) ressemble à celle de l'Opéra de Vienne. L'intérieur joue sur les marbres, le rouge, les ors et donne une idée de ce que serait la salle du Wiener Staatsoper si elle n'avait pas été reconstruite après la guerre. Quel dommage qu'on entende les vieux fauteuils d'orchestre grincer au moment où la partition exige un piano
La production de ce Macbeth n'est pas mémorable : tout y est gris, décor plutôt pauvre, quelques sorcières dans les airs, quelques panneaux sur lesquels on projette spectres et hallucinations. Ceci dit, l'action est lisible, sans surprise. Notons d'abord l'excellente prestation de l'orchestre, particulièrement les cordes soyeuses, un pupitre de cuivres très efficace et des percussions à réveiller les morts ! Les choeurs sont d'un assez bon niveau. La direction de Medveczky Adam est correcte; il ne lui manque qu'une once de tension dramatique supplémentaire. Il faut dire que le drame est ralenti par trois entractes. Est-il vraiment nécessaire d'interrompre ainsi la continuité de l'intrigue ou cherche-t-on à grossir la recette du buffet ? 

Le Macbeth de Kalmandi Mihaly est assez bien chantant sans être transcendant. Palerdi Andras dessine un Banco à la voix sonore et riche dans l'aigu, mais plus terne dans le grave. Bon Macduff de Kovacshazi Istvan, au timbre intéressant. La lady Macbeth de Kirkosa Orsolya se tire avec les honneurs de ce rôle éprouvant. On note une légère fatigue dans le passage vers l'aigu; la reprise de la cabalette est coupée; le vibrato fait office de trille dans la scène du banquet et le ré bémol conclusif de la scène de somnambulisme est raté même si l'ensemble de la scène est bien chanté; en revanche, celui du finale de l'acte I est réussi et percutant.
On aura remarqué ce soir-là que le public comporte un nombre élevé d'étrangers.

Le lendemain, c'est le Théâtre Erkel qui ouvre ses portes à 11 heures, oui 11 heures, pour Norma. Les chanteurs ont du mérite d'assurer une représentation à l'heure où l'on commence normalement à peine à chauffer sa voix ! Ce théâtre n'a malheureusement pas le charme de l'Opéra. Il ressemble à un cinéma soviétique des années 50. Par contre, son public est plus populaire (les prix sont divisés par cinq par rapport à l'opéra) et plus chaleureux.

La mise en scène respecte le livret au pied de la lettre avec une fidélité aboutissant à un kitsch désarmant. Habits romains, forêt de carton-pâte, Oroveso plus Panoramix que jamais : tout y est. L'orchestre n'est plus au même niveau que la veille sans être indigne. La direction de Török Géza serait satisfaisante si le chef n'adoptait pas quelques tempi soporifiques. Les seconds rôles et l'Oroveso de Kovats Kolos sont correctement tenus. Le Pollione de Kiss B. Atilla propose un chant musclé alla Del Monaco; son proconsul tire vers Gladiator; il assure crânement tous les aigus écrits mais pas la reprise de son air d'entrée. Adalgisa est interprétée avec conviction par Ulbrich Andrea, bon mezzo et actrice vibrante.

Reste le cas de la Norma de Lukacs Gyöngyi. Cette soprano n'est pas avare de graves appuyés ou d'aigus claironnants. En revanche, les passages de virtuosité ne sont pas son fort et l'obligent à ralentir. Elle coupe donc la reprise de "A bello a me ritorno". Ce début laissait craindre un chant tout en force mais la soprano hongroise se révèle capable par la suite de belles nuances. Au début de l'acte II, elle phrase un superbe "Teneri figli" sur le souffle, et au moment de s'accuser, son "Son io" magnifiquement filé semble durer des heures. L'air final dans lequel elle supplie son père est un autre moment d'émotion. Entré un peu à reculons dans ce théâtre, on en ressort plutôt content d'avoir affronté une Norma si matinale.
 
 
 

Valéry FLEURQUIN
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