C O N C E R T S 
 
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NEW YORK

25/10/02


Une Carmen comme on n'en fait plus !
(elle est VRAIMENT comme ça en scène)
Carmen

Opéra en 4 actes de Georges Bizet
Livret d'Henri Meilhac et Ludovic Halévy

Carmen : Victoria Livengood
Don José : Richard Leech
Micaëla : Wendy Nielsen
Escamillo : Ludovic Tézier
Moralès: Franco Pomponi 
Zuniga: James Courtney 
Frasquita: Sandra Lopez 
Mercédès : Mary Ann McCormick
Le Dancaïre : Kim Josephson
Le Remendado : Tony Stevenson

Choeurs et orchestre du Metropolitan
Direction : Yves Abel

Production : Franco Zeffirelli
Costumes : Anna Anni 
Eclairages : Duane Schuler
Chorégraphie : Maria Benitez
Réglé par : Peter McClintock

New York, le 25/10/2002


LES CHARGEURS RÉUNIS ...

Vous trouvez Denyce Graves vulgaire ?
Vous pensez que Berganza en fait "un peu trop" ?
Vous vous demandez, avec un soupir d'aise, ce que Bartoli donnerait dans le rôle ?

Fuyez ! Cette "Carmen" n'est pas pour vous : tout au contraire, Victoria Livengood, c'est une tradition "hollywoodienne" du rôle.

Et "tradition" est bien le mot : dans la lignée des Ponselle, Resnik ou Stevens, Livengood incarne une Carmen sauvage, outrancière, séductrice vulgaire et caractère de cochon, chantant tout en fumant, dansant comme une possédée, d'un vérisme à donner le frisson dans la scène finale (c'est tellement ENORME qu'on marche à fond : moins d'engagement et l'on pourrait en rire).
Une Carmen capable aussi de nuance : comment oublier ses "Remparts de Séville" chantés avec volupté et désir, la cantatrice étendue sur un banc de bois, la tête renversée, les jambes en hauteur posées sur un mur de vieilles pierres ?
Bref ! Une réussite théâtrale, qui fait oublier certains petits défauts (une justesse parfois ... un peu juste, un timbre un peu dur mais qui va si bien à cette garce !).

Face à elle, Richard Leech est un Don José dont on ne présente plus les qualités ou les défauts ; disons qu'il était particulièrement en forme ce soir là : vaillance, absence de vibrato, et la contagion d'une partenaire survoltée (on est prié de garder les sonotones au vestiaires).

Très en retrait en revanche, est la Micaëla de Wendy Nielsen : sa sincérité ne nous fait pas oublier des performances vocales très en deçà de ce que le rôle exige, avec des aigus tendus et une absence totale de pianissimi.

Pour ses débuts au Met, Ludovic Tézier marque le pas : c'est bien chanté, mais la voix manque de projection (surtout par comparaison avec les 2 titans mentionnés) et le personnage est abordé avec trop de retenue pour passer la rampe.

Les seconds rôles sont, comme à l'habitude bien tenus.

Yves Abel dirige avec métier, mais sans véritable génie, confondant souvent "urgence" et "précipitation".

La production est ... dramatique : défilées permanents (chevaux, picadors, chevaux, enfants, chevaux, soldats, chevaux...), masse chorale figées, changements de décors " "à l'épate"... 
Et ne parlons même pas des libertés prises avec la partition : Zeffirelli va jusqu'à inverser le prologue du IV et le numéro qui le suit pour insérer un ballet totalement incongru !

Compliments donc à Peter McClintock qui a su plaquer une dramaturgie efficace sur cette paella frelatée et compliments aux deux principaux protagonistes à qui nous devons cette " "Carmen" un peu hors du temps.
  


Placido Carrerotti
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