C O N C E R T S 
 
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TOURS 
(Grand Théâtre)

(Jean-Yves Ossonce)
Fidelio

Opéra en deux actes de Ludwig van Beethoven

Leonore : Deborah Riedel
Florestan : Daniel Galvez-Vallejo
Marzelline : Talia Refeld
Rocco : Gregory Reinhart
Don Pizarro : Stephen Owen
Jacquino : Etienne Lescroart
Don Fernando : Antoine Garcin
1er prisonnier : Pierre Rousseau
2ème prisonnier : Justin Bonnet

Direction musicale : Jean-Yves Ossonce

Mise en scène : Albert-André Lheureux
Décors et costumes : Jean Maillot
Lumières : Richard Créceveur
Chef des Choeurs : John S. Craven

Orchestre Symphonique de Tours
Choeurs de l'Opéra de Tours
Lyric Chorus
 

Grand Théâtre de Tours
07/06/2002



A l'origine de Fidelio, une histoire vraie qui s'est passée à Tours durant la Terreur : une femme se serait engagée comme aide-geôlier dans le but de libérer son mari incarcéré pour son activité contre-révolutionnaire. 

Jean-Nicolas Bouilly s'est inspiré de ce fait authentique pour la réalisation du livret de l'opéra-comique "Léonore ou l'amour conjugual" mis en musique par Pierre Gaveaux (création en 1798). Par la suite, d'autres compositeurs s'intéressèrent à "Léonore" : Ferdinando Paër en 1804 (Leonora), Giovanni Mayr en 1805 (L'Amore coniugale). Beethoven fut également séduit et c'est Sonnleithner, secrétaire du Theater an der Wien, qui traduisit et adapta le livret de Bouilly. On connaît les multiples péripéties liées à la composition de ce Singspiel aboutissant aux 3 versions connues : version 1805 en 3 actes, version 1806 en 2 actes (livret révisé par von Breuning) et version 1814 en 2 actes (livret révisé par Treitschke), cette dernière étant celle jouée de nos jours dans la plupart des théâtres.

L'Opéra de Tours a choisi pour ce Fidelio de clôture de la saison lyrique, la reprise d'une production présentée en 1991 ; cette même année, sévissaient les événements de la guerre du Golfe avec son lot d'horreurs.
Albert-André Lheureux a transposé l'action à notre époque dans un pays en guerre et transforme la prison en hôtel de luxe réquisitionné par le régime au pouvoir.
Rocco, l'élégant directeur de cet établissement, a la lourde charge de garder des prisonniers, malheureux touristes étrangers gardés en otage ; Pizzaro se présente sous les traits d'un militaire psychopathe et alcoolique et Florestan, journaliste, est emprisonné dans les sous-sols pour avoir dénoncé le totalitarisme.
A l'issue de l'opéra, le régime renversé, l'espoir revenu, les épouses des prisonniers rejoindront leurs maris enfin libérés.
L'idée est excellente car crédible, percutante et bien sûr toujours d'actualité.

Sur le plan vocal, on retiendra le Rocco humain et attendrissant de Gregory Reinhart dont la voix de basse solide et puissante (presque trop dans le quatuor de l'acte 1 où elle a tendance à couvrir les autres chanteurs) s'épanouit avec aisance dans le rôle ainsi que le Pizarro du baryton Stephen Owen qui chante avec facilité son air du première acte en y injectant la dose nécessaire d'agressivité.
La soprano australienne Deborah Riedel dessine une Leonore plus qu'honorable, les quelques difficultés ressenties dans les aigus au début (peut-être dues au trac) s'estompent vite avec l'échauffement de la voix et c'est avec une certaine vaillance qu'elle émet les "si naturel" de son redoutable air.
Daniel Galvez-Vallejo en Florestan possède une belle voix de ténor, sombre et ample, qui se projette dans la salle avec homogénéité ; ce que l'on peut lui reprocher, c'est un certain engorgement dans l'émission qui gêne à la longue.
Le reste de la distribution est satisfaisant, de la Marzelline de Talia Refeld au Jacquino d'Etienne Lescroart, ténor léger au timbre séduisant en passant par la basse Antoine Garcin en Don Fernando, moins impressionnant que Rocco.

Il serait impardonnable d'oublier les Choeurs, point fort de l'Opéra de Tours et véritable personnage à part entière dans Fidelio. Admirablement préparés par John S Craven, ils ont la précision d'une horloge suisse et les finales des actes 1 et 2 sont un régal. Chapeau bas !

Jean-Yves Ossonce dirige avec la passion qu'on lui connaît cette oeuvre humaniste, de son orchestre se dégage une franche générosité (air de Leonore, finale de l'acte 2) ou une délicate retenue(quatuor de l'acte 1) selon les pages-clés de la partition.
Il a opté pour la non exécution de l'ouverture Léonore III avant le grand finale de l'acte 2 estimant peut-être et à juste titre que cette tradition "Mahlerienne" ralentit le dénouement de l'intrigue.
 
 

Alain Colloc
Lire l'avis de Pauline Guilmot
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