C O N C E R T S 
 
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STRASBOURG
(Opéra National du Rhin)
DIE ZAUBERFLÖTE
Wolfgang Amadeus MOZART

Sarastro - Ron Li-Paz
Tamino - Matthias Klink
Pamina - Judith Howarth
Papageno - Christian Gerhaher
Papagena - Henrike Jacob
la Reine de la nuit - Ekaterina Morozova
Monostatos - Hermann Oswald
1ère Dame - Witalije Blinstrubyte
2ème Dame - Anna Haase
3ème Dame - Elizabeth Batton
L'orateur - Batholomeus Driessen
1ème Prêtre - Stefan Vinke
2ème Prêtre - Thomas Jesatko
Les 3 enfants - membres du Augsburger Domsingknaben

Choeurs de l'Opéra du Rhin
direction - Michel Capperon
Orchestre Symphonique de Mulhouse

Direction musicale: Jan Willem de Vriend
Mise en scène, scénographie, décors, costumes: Achim Freyer
Lumières: Gerd Budschigk

Coproduction de l'Opéra National du Rhin
avec le Festival de Schwetzingen
à l'occasion de son 50° anniversaire

22 juin 2002
(13ème sur 17 représentations)



"La Flûte enchantée, opérette idéale ?" se demande Gérard Condé dans un texte très intéressant figurant dans le programme. La question semble particulièrement adaptée à cette production loufoque.

Des décors aux couleurs très vives, des costumes farfelus, des gags burlesques, etc. :  Achim Freyer, l'auteur de la mise en scène, mais aussi des décors et des costumes, ne cherche pas le second degré, mais avant tout à distraire. Il semble après tout que c'eut été la volonté première de Mozart, dont tout, dans le spectacle de la création, le faisait rire (d'après un témoin de l'époque). Il est d'ailleurs intéressant de noter qu'Achim Freyer en est à sa troisième mise en scène de La Flûte Enchantée et que, visiblement, il s'est de plus en plus tourné vers une esthétique du premier degré : la première production était une "conception métaphysique", la deuxième (pour Salzbourg) tournée vers l'univers du cirque, et celle-ci, plutôt tournée vers l'esthétique de la B.D., voire du cartoon (ce qui eut l'heur de plaire aux enfants présents dans la salle !)

Bref, c'est très vivant, souvent drôle, mais aussi parfois déroutant, incongru, voire dérangeant... Citons par exemple l'absence de flûte pour Tamino, qui se contente de lever les bras au ciel quand la flûte dont il est censé jouer résonne, les références plus ou moins marquées au colonialisme pour Sarastro et ses prêtres (avec deux lions tout droit sortis d'un album de Spirou), les allusions en dessous de la ceinture un peu trop marquées de Papageno, les trois dames faisant leur dernière entrée dans un avion qui défonce une des trois portes du décor (allusion douteuse et poussive au 11 septembre..., tout comme la coiffe avec des piques de Sarastro, faisant allusion à la statue de la Liberté (?)... ), bref, tout ne convainc pas dans cette production qui laisse un sentiment mitigé.

Par contre, on ne pourra pas reprocher aux chanteurs de ne pas jouer le jeu, tant ils étaient impliqués (et très bien dirigés). Vocalement, on aura particulièrement apprécié le très beau Tamino de Matthias Klink, tout comme l'émouvante Pamina de Judith Howarth. De même le couple Papageno - Papagena (Christian Gerhaher - Henrike Jacob) aura séduit, ainsi que le Monostatos d'Hermann Oswald. Le Sarastro de Ron Li-Paz n'aura par contre pas entièrement convaincu, semblant même à court de grave à la fin de l'ouvrage, tout comme la Reine de la Nuit prudente et poussive d'Ekaterina Morozova. Ses trois dames auront apporté plus de plaisir, par contre les trois enfants de l'Augsburger Domsingknaben étaient bien faibles. Le chúur m'a paru en petite forme, tout comme l'orchestre, mais ils étaient tous bien entraînés par une direction allante de Jan Willem de Vriend.

On ne pourra pas terminer ce compte-rendu sans tirer un coup de chapeau à l'équipe technique de l'Opéra du Rhin qui a réalisé un travail remarquable pour cette production exigeante au niveau des changements scéniques, tout s'est fait dans une synchronisation et un silence parfaits : bravo !

Bref, un spectacle qui méritait d'être vu dans une salle, et qui y gagnait beaucoup par rapport à la retransmission télévisée qu'en avait donnée Arte dernièrement (le spectacle étant coproduit avec le festival de Schwetzingen).
 
 

Pierre-Emmanuel LEPHAY
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