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BREST
03/02/2007
 
Sonia Prina
© DR

Georg Friedrich Händel (1685-1759)

Extraits de Water Music
« Aure, deh, per pietà », extrait de Giulio Cesare
« Empio, diro, tu sei » extrait de Giulio Cesare
Extraits de  Water Music
« Cara sposa », extrait de Rinaldo
« Venti turbini », extrait de Rinaldo

Entracte

« Sono i colpi della sorte », extrait de Rodelinda
Extraits de Water Music
« Priva son d’ogni conforto », extrait de Giulio Cesare
« Dover, giustizia, amor », extrait d’Ariodante

En bis, deux extraits d’Amadigi di Gaula
« Penna tiranna »
« Sento la gioia »

Sonia Prina, contralto
Ensemble Matheus,
direction Jean-Christophe Spinosi

Brest, Théâtre du Quartz, le 3 février 2007

Prina Donna Assoluta

Tous justes revenus de Paris, où ils partageaient l’affiche de la Pietra del Paragone au Châtelet, Sonia Prina, Jean-Christophe Spinosi et l’Ensemble Matheus mettaient à l’honneur Händel, dans les airs duquel la cantatrice devait se mesurer à l’excellent souvenir laissé ici même par Philippe Jaroussky au mois de septembre.

D’entrée, « Aure, deh per pietà » donne le ton. Gestes tragiques, regard flou, accentuations purement théâtrales, Prina nous plonge au cœur du drame, comme si Giulio Cesare était joué intégralement, là où le contre-ténor inventait une sorte de cantate profane isolée, méditative et superbe. Ainsi la contralto  passe par toutes les humeurs,  ne lésinant pas sur le pouvoir qu’elle a, rarissime, de nous convoquer à un moment précis de l’action d’un opéra et de nous faire vivre un cinq minutes le cheminement d’un personnage, que quelques collègues peinent à esquisser dans une soirée de 4 heures. Mais c’est toujours dans la virtuosité des passages les plus vifs que l’italienne, nature exubérante et vocaliste hors norme, nous transporte. Au sommet : « Empio, diro, tu sei », vénéneux, « Venti turbini » et « Dover, giustizia », euphoriques, ainsi que « Sento la gioia », radieux. Jaroussky n’est certes pas détrôné dans sa recherche de pureté vocale indétrônable, mais, avec une démarche radicalement opposée, Sonia Prina confirme sa place parmi les grandes händeliennes de notre époque.

Confirmation aussi, et de taille, pour Spinosi et l’Ensemble Matheus. Leur travail, l’automne dernier, retenait l’attention, et ce récital confirme : ils sont tout à fait à leur place chez Händel. Les extraits de Water Music comme les accompagnements montrent une puissance du jeu jamais prise en défaut, une allure, et, jusque dans les passages les plus lents, une flamboyance, qui n’altèrent ni les lignes mélodiques ni la cohérence de l’ensemble. Qui ne gênent jamais la soliste. De quoi se réjouir d’avance à l’idée de certains projets lyriques !



Clément TAILLIA

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