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STRASBOURG
05/03/2004

© Opéra du Rhin
Heinrich August Marschner

HANS HEILING

Direction musicale - Olaf Henzhold
Mise en scène - Andreas May
Décors et costumes - David König
Lauréats du concours européen de mise en scène Camerata Nuova
en collaboration avec Opera Europa

La reine des gnomes - Marcela de Loa
Hans Heiling, son fils - Detlev Roth
Anna - Anja Kampe
Sa mère, Gertrud - Anna Schaer
Konrad - Norbert Schmittberg

Choeurs  de l'Opéra national du Rhin
Choeurs auxiliaires
Orchestre philharmonique de Strasbourg

Création française

Opéra de Strasbourg, 5 mars 2004



Comment a-t-on pu ainsi méconnaître Marschner, et particulièrement ce superbe ouvrage qu'est Hans Heiling ? Pour cette exhumation, l'Opéra du Rhin a soigné sa production et mis tous les atouts de son côté. La réussite est exemplaire, même si la production scénique peut intriguer et surprendre. Le jeune metteur en scène Andreas May (voir notre interview) et son décorateur-costumier David König ont en effet choisi de placer l'intrigue dans un village typique de la Forêt Noire (clin d'oeil aux nombreux spectateurs d'outre-Rhin ?) mais en renforçant le kitsch, les clichés et les images d'Épinal, ce qui apporte un second degré ironique, voire comique, étonnant à défaut d'être toujours convaincant (les décors sont par exemple dignes des jouets Playmobil...). Le monde très coloré des humains s'oppose ainsi radicalement au monde des esprits, uniforme, gris et plus statique. Il faut en effet noter une direction d'acteurs remarquable, qui apporte beaucoup de vie à l'action.

Musicalement, la prestation est dominée par la direction, en tout point splendide, d'Olaf Henzhold à la tête d'un Orchestre Philharmonique parfois encore un peu fragile pour cette première. L'écriture exigeante et très originale de Marschner (qui fait par exemple entendre au début d'un monologue des entrées en imitation par les contrebasses divisées !) est parfaitement mise en valeur, tout comme le rythme et les qualités dramatiques, indéniables, de l'ouvrage.

La distribution est, quant, à elle dominée par l'exceptionnel Detlev Roth dans le rôle-titre qui frise la perfection. Le chanteur possède une très belle voix de baryton qu'il a l'intelligence de ne jamais forcer même dans les moments dramatiquement plus intenses - lesquels sont nombreux - , alliée à une musicalité confondante. Déjà remarqué l'an dernier à Strasbourg lors d'un concert où il chanta merveilleusement des Lieder de Mahler, ce jeune artiste est certainement au début d'une très grande carrière et pourrait marcher sur les pas d'un Thomas Hampson, par exemple. Anja Kampe séduit par une riche et puissante voix de soprano. Si la chanteuse est particulièrement à l'aise dans les scènes de groupe ou dans les face-à-face, la voix se montre un peu plus dure dans son grand air. L'engagement de l'actrice est magnifique. Norbert Schmittberg est remarquable dans le rôle ardu de Konrad. Voix belle et solide, il se tire sans encombres d'une écriture tendue et d'un personnage parfois ingrat. Anna Schaer est une très belle Gertrud, seule Marcela de Loa peine à séduire du fait d'un timbre qui semble quelque peu usé et d'aigus difficiles.

Les rôles secondaires sont excellemment tenus, comme toujours à Strasbourg et les choeurs signent une très belle performance.

Au final donc, un grand succès pour cette production qui ressuscite un ouvrage passionnant.
 
 
 

Pierre-Emmanuel LEPHAY
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Autres représentations :
à Strasbourg : les 8, 11, 13, 15 et 20 mars à 20 h.
à Mulhouse : 26 mars à 20 h et 28 mars à 15 h.

Lire aussi la critique de Sophie ROUGHOL
représentation du 28 Mars 2004 à Mulhouse

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