C O N C E R T S 

 
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PARIS
(Palais Garnier)

08/04/2002

Idomeneo
Wolfgang Amadeus Mozart

Direction musicale et mise en scène : Ivan FISCHER
Décors et costumes : Jean-Marc STEHLÉ
Lumières : Yves BERNARD
Chorégraphie : Yvette BOZSIK
Collaboration à la mise en scène : Christian RÄTH

Idomeneo : Marius BRENCIU
Idamante : Susan GRAHAM
Ilia : Mary MILLS
Elettra : Christine GOERKE
Arbace : Michael MYERS
Gran Sacerdote : Donald LITAKER
La Voce : Alexander VINOGRADOV
Due Cretesi : Valérie Condolucci, Svetlana Lifar
Due Troiani : Jean-Luc Maurette, Richard Rittelmann

Orchestre et chœurs de l’Opéra National de Paris (préparation : Iannis Pouspourikas, direction : Jean Laforge)


Photo - © Eric Mahoudeau 
De gauche à droite: Marius Brenciu (Idomeneo), Susan Graham (Idamante), Christine Goerke (Elettra), Mary Mills (Ilia) …et le paon à bascule.


En sortant de la représentation d’Idomeneo, on reste perplexe : le metteur en scène Ivan Fischer a-t-il perdu un pari stupide, ou a-t-il voulu s’inscrire au Guinness book des records de la mise en scène la plus kitsch ?

Certaines images restent imprimés dans la mémoire, provoquant immédiatement le fou-rire le plus irrépressible. Citons pêle-mêle : Susan Graham emmaillotée dans des bandes Velpeau, un crane gigantesque cachant un minuscule Mozart qui fait le grand écart, un angelot tout doré, des danseurs sortis d’une salle culturiste gay, des danseuses-sirènes à la queue frétillante, un monstre en carton qui pêche à la ligne ses malheureuses victimes gigotant au bout de leur fil, un mini-minotaure…mais la liste est vraiment trop longue. Il y a toujours quelque chose à voir dans cette production, quel dommage que ce ne soient que des horreurs !

Mais la véritable horreur, celle qui ne fait vraiment pas rire, c’est la direction musicale du même Ivan Fischer. Bruyant, lourd, empâté, poussif, l’orchestre couvre constamment les chanteurs et accumule les décalages, que pas un instant le chef ne songe à corriger. A aucun moment Ivan Fischer ne vole au secours des chanteurs, livrés à eux-mêmes, obligés de faire avec une mise en scène discutable et un orchestre hurleur et ralentisseur. C’est à se demander s’il jette de temps à autre un coup d’œil sur la scène.

Dans ces conditions, peut-on reprocher à l’Ilia de Mary Mills de n’être à aucun moment la jeune fille élégiaque qu’elle est censée incarner ?

Un tiers Walkyrie, un tiers sorcière, un tiers femme du monde alcoolique, l’Elletra de Christine Goerke n’est gâtée ni par ses costumes (on croirait qu’elle a piqué les robes d’Ulrika Von Glott !) ni par la mise en scène : à chacun de ses airs, quelque chose de drôle se passe en arrière plan : tapis baladeurs, éclairs plus faux que du carton-pâte, ptérodactyles en ombre chinoise…dans son concours de décibels avec l’orchestre, elle a tendance à chanter trop bas et sans dynamique.

Marius Brenciu revisite Mozart, c’est à dire qu’il l’adapte à ses moyens. Nous entendons ainsi un fuor del mar, sans une seule vocalise, toute double-croche étant impitoyablement remplacée par une modulation, par un tour de passe-passe, hop ! un enchaînement !

Reste heureusement Susan Graham, qui demeure musicalement digne quoiqu’il arrive. Ses cadences, lorsqu’enfin l’orchestre se tait, apportent un peu d’air frais.

Ne soyons pas tout à fait injuste : il y eut inexplicablement un moment de grâce au troisième acte, le quatuor « soffrir piu non si puo » d’une belle émotion. Preuve que peut être, un miracle aurait pu se produire…

Catherine Scholler

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